Dans le cadre des travaux d’élargissement de l’Autoroute, le pont de Colobane a lancé son dernier soupir. Il a été démoli ce samedi dernier, en présence des responsables de la ville de Dakar, au premier chef le maire Pape Diop, de l’Apix, du Cetud, de l’Onaci.
“Bye Bye Colobane”. C’est en ces termes aux relents nostalgiques que s’est exprimé Modou Khaya, directeur de la Société du projet de l’aéroport international Blaise Diagne (Diass) après la destruction du pont. Ainsi, après Hann, c’est au tour de celui de Colobane de sauter. Sauf que les moyens utilisés diffèrent : pelle mécanique à Hann et dynamite à Colobane. Tôt dans la journée, le site, des quatre côtés, a été fermé à la circulation. Un important dispositif sécuritaire a été déployé pour la circonstance. « Le périmètre de protection est de 300 mètres autour de Colobane », souligne Amadou Kane, le directeur du projet Autoroute à l’Apix. Tout simplement pour surtout faciliter le travail de pose de la dynamite par l’artificier du génie militaire, l’adjudant-chef Lala Dème. Le trafic est dense. La circulation difficile. Les véhicules bougent difficilement. Parfois, la situation résulte du comportement de certains chauffeurs qui n’hésitent pas à opérer un temps d’arrêt afin de s’informer ou de regarder. C’est le cas au niveau de la corniche des HLM. Les coups de klaxon fusent. Au rond-point Colobane, en face de la Caisse de sécurité sociale, les automobilistes ont eu droit à un véritable bouchon. Seuls les motocyclistes trouvent leur compte dans un tel embouteillage. « La présence massive des forces de sécurité permet de travailler dans des conditions extrêmement sûres. Et pour plus d’efficacité, on a choisi un artificier spécialisé », explique Amadou Kane.
Qu’importe ! Les curieux sont venus nombreux. Des riverains et des mécaniciens. Ces derniers, vêtus de leurs tenues crasseuses, ont momentanément boudé les ateliers, afin d’être témoins de l’événement. Les autorités aussi. Elles sont venues nombreuses. On les reconnaît à travers la casquette de l’Apix bien vissée sur la tête. « L’événement consiste à démolir le pont de Colobane pour le remplacer par un autre plus moderne, plus solide et plus sûr. Ce qui permet d’élargir l’autoroute devant passer à 3 voies dans chaque sens », raconte le directeur du projet Autoroute à l’Apix.
Un travail de professionnel
Alors que le directeur s’entretient avec les journalistes, un speaker appelle l’assistance à fermer les téléphones portables. Quelques personnes font la sourde oreille. « C’est pour sauver vos appareils », rappelle le speaker. Ils s’exécutent. À l’instant, une forte détonation se fait entendre. Le pont vient de sauter. Il est 16h 40 m. Un gros nuage de poussière se dégage, monte dans l’air avant de se dissiper en quelques minutes. Comme un bébé que l’on dépose dans son berceau, le pont s’est tranquillement affaissé sur les deux voies menant à Malick Sy. Il n’y a eu aucune projection. En somme, l’explosion a été contenue. « Un vrai travail professionnel », s’exclame l’assistance qui a accueilli l’événement par des cris de joie et par une salve d’applaudissements. « Le pont de Colobane vient se sauter avec succès. Il n’existe plus depuis 30 secondes. Il faut s’en réjouir puisqu’il sera remplacé par un meilleur pont », dit, tout souriant, le directeur du projet. La joie des acteurs est immense. « C’est beau, fantastique », disent-ils, tout en s’enlaçant. L’opération a connu un véritable succès. Toute la scène est immortalisée par les nombreuses caméras et appareils photographiques des nombreux organes de presse présents à l’occasion.
Quelques minutes après l’explosion et la dissipation du nuage de poussière, l’on s’approche du pont où des ouvriers de l’entreprise de construction, à leur tour, ne cachent pas leur enthousiasme. Quelques débris de béton sont en vue. Le sous-officier Dème devient le héros du jour. Il est congratulé par tous. Le casque en main, le militaire reste pourtant humble. « Nous avons utilisé de la dynamite commercialisée et non utilisée dans l’armée. Mais, elle a les mêmes effets que les explosifs que nous avons », explique-t-il, en se versant dans un cours magistral sur les explosifs. Alors quelle est la tactique utilisée pour éviter la projection ? « Les distances de protection sont si grandes que j’ai été obligé de préformer les charges et de dériver l’effet vers le bas. N’eût été cela, jusqu’à Malick Sy, on risquerait d’avoir une projection », déclare l’artificier. Les techniciens s’inquiètent des effets sur le réseau Sonatel. « Dans quelques instants, on le saura. La Sonatel est en train de vérifier », dit un membre. Il se déplace. Dix minutes après, il revient sur ses pas. « La bonne nouvelle. Il n’y a eu aucun impact sur le réseau de la Sonatel », dit-il. Un ouf de soulagement se dégage dans la foule. L’on est rassuré. Car, on s’inquiétait des effets de l’explosion sur des portables.
MAITRISE DES DÉVIATIONS : L’Apix recrute des « anges de la route »
La démolition du pont de Colobane s’accompagne d’un effort de communication, d’information et de sensibilisation de la part de l’Apix. Ainsi, l’agence a choisi de procéder à un vaste mouvement de sensibilisation à travers la presse. Mais, aussi, par l’implantation de panneaux. « On a pris l’ensemble des mesures nécessaires pour limiter les désagréments pour les automobilistes. De sorte que les voies de déviation déjà mises en place soient bien indiquées, d’abord par les panneaux et la publication d’inserts dans les médias », explique Amadou Kane, directeur du projet Autoroute à l’Apix. Cependant, la nouveauté réside dans la création du corps des « anges de la route ». Le corps, formé de jeunes filles et garçons recrutés à travers un cabinet, est pris en charge et formé par l’Apix. Son rôle ? « Guider les usagers de la route à pouvoir s’orienter afin de réduire les désagréments », déclare M. Kane. La présence de ce corps durera le temps nécessaire, assure le directeur. Dans la foule, ces jeunes se font déjà reconnaître à travers leur tenue orange.
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