Menaces de pénurie de carburant : La Lybie vole au secours du Sénégal

Trois tankers remplis de produits pétroliers sont attendus dans les tout prochains jours à Dakar. L'Etat du Sénégal a qui a paraphé un accord avec la société libyenne, Tamoil, entend ainsi prendre toutes les dispositions nécessaires pour parer à toute pénurie de carburant actuellement entretenue.

Sous la poussée des rumeurs faisant état de pénurie de carburant, les automobilistes font la... pompe devant les stations services pour se prémunir. Dans certaines stations d'essence, des files de véhicules forment, surtout ceux qui roulent au gasoil. Pourtant, assure le secrétaire permanent du Comité national des hydrocarbures, Carmello Robert Sagna, aucune pénurie de carburant n'est encore notée sur le marché. A l'en croire, c'est une fausse alerte à la pompe qui a provoqué cette ruée vers les essenceries de Dakar. "La pénurie de carburant n'est qu'une fausse alerte. Il n'y a pas de pénurie de carburant. Le problème qui se pose aujourd'hui, est que certaines stations services sont en rupture de stock. Il y a plus de peur que de mal. Mais aucune pénurie n'a été notée par les services compétents", s'empresse de préciser M. Carmello Robert Sagna.

Seulement voilà : des automobilistes qui se sont rendus, hier, dans des stations services sises à la Sicap sont retournés bredouilles, notamment ceux qui voulaient se ravitailler en gasoil. N'empêche, M. Sagna demeure catégorique : c'est juste une rupture de stock qui ne doit pas être assimilée à une pénurie. "Les stocks d'hydrocarbures étaient très bas, après la réunion hebdomadaire tenue la semaine dernière. Une rencontre qui se tient toutes les semaines pour évaluer la situation dans les stocks", souligne M. Sagna.

Joint hier en début de soirée, le secrétaire permanent du Cnh rassure que toutes les dispositions sont prises pour que le Sénégal ne connaisse pas une panne sèche à la pompe. "Nous avons trouvé des solutions palliatives à cette situation. Elles consistent à se tourner vers les stocks d'hydrocarbures du Port autonome de Dakar. Ces stocks sont destinés aux navires, mais nous allons nous en servir en attendant l'arrivée du tanker dans les prochains jours", renseigne M. Sagna.

Et ce sont trois tankers qui devraient incessamment être en route pour le Sénégal. Ce trois tankers d'un volume total de 90 tonnes d'hydrocarbures devraient quitter la Libye pour Dakar, si ce n'est déjà fait. Ces navires sont le fruit d'un accord signé, avant-hier, à Monte Carlo, entre le ministre de l'Energie et des Mines, Me Madické Niang, et les responsables de la compagnie pétrolière Tamoil.

Les bénéficiaires de ces tankers libyens seront l'aéroport international de Dakar, la Senelec et la consommation domestique. Ces navires d'une contenance de plus de 30 tonnes les ravitailleront respectivement en kérosène, en mazout et en gasoil. C'est pour répondre aux besoins de cette catégorie de clientèle que l'Etat a négocié et obtenu un tel accord de coopération.

Tamoil est chargée de la commercialisation du pétrole libyen en Afrique. Elle entretenait des relations commerciales avec la plupart des pays africains, à l'exception du Sénégal. Mais depuis avant-hier, les vannes ont été ouvertes grâce au paraphe d'un accord entre les deux parties. "Nous voulons que la Senelec et l'aéroport soient épargnés par une rupture de stock. Il s'agit d'éviter ce qui est arrivé à Bamako (Mali) où l'aéroport est resté sans kérosène", souligne une source diplomatique.

En fait, la Société africaine de raffinage (Sar) ne serait pas en mesure de satisfaire la demande. Et "si rien n'est fait rapidement, nous allons tomber en rupture de stock", avertit Carmello Robert Sagna.

Du côté de l'aéroport international Léopold Sédar Senghor, des dispositions ont été également prises. Selon un des responsables de la plate-forme aéroportuaire, une réunion a été convoquée, la semaine dernière, pour réfléchir sur les voies et moyens de préserver l'aéroport international de Dakar. "Nous avons demandé aux responsables de la Sar et de Smcady (société qui ravitaille les avions) de prendre toutes les dispositions nécessaires pour que l'aéroport ne connaisse pas une rupture d'approvisionnement", rapporte-t-il.

Si l'aéroport a failli tomber en panne sèche, c'est parce que tous les avions des compagnies de la sous-région se ravitaillaient à Dakar. "Le ministère du Tourisme et des Transports aériens et celui de l'Energie et des Mines nous ont fait des promesses fermes que l'aéroport sera couvert", dit-il. Des promesses qui sont en train d'être matérialisées avec l'accord intervenu avec la société libyenne.

Des consommateurs ne se sont pas fait prier pour prendre d'assaut les essenceries, pour se prémunir d'une éventuelle pénurie. C'est le cas d'un propriétaire d'un célèbre restaurant sis sur la route de Ouakam. Pour parer à toute éventualité, il s'est ravitaillé pour un volume de 300 litres de gasoil. Un stock de sécurité pour faire fonctionner son outil de production. Des automobilistes qui se sont payés des réservoirs pleins, ont aussi gardé des stocks d'essence. Des "précautions" qui seraient lourdes de danger quand on sait que ce sont des produits inflammables.