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MOUSSA TOURE, ANCIEN MINISTRE DE L'ECONOMIE ET DES FINANCES:" Pourquoi la situation économique du Sénégal n'est pas bonne"

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MOUSSA TOURE, ANCIEN MINISTRE DE L'ECONOMIE ET DES FINANCES:" Pourquoi la situation économique du Sénégal n'est pas bonne"

Moussa Touré, ancien ministre des Finances, ancien président de la commission de l'Uemoa, dans une interview qu'il nous a accordée ce jeudi 8 avril, est largement revenu sur la situation économique du pays qu'il estime dans sa globalité pas bonne. L'ancien inspecteur des Douanes de formation a, entre autres, abordé avec nous, les structures épinglées par l'Armp dont les dossiers, selon lui, devraient être transmis à la justice. Il a aussi dénoncé l'inégale répartition des infrastructures et le monument de la renaissance dont il souligne que le continent n'a pas besoin pour renaître. Il note, entre autres, que la syndicalisation des paysans est une perte de temps.

Le Matin : Quelle est votre lecture de la situation économique du Sénégal ?

 

Moussa Touré : Cette lecture peut être pratiquement facile parce que c'est celle que font les Sénégalais en général. De manière générale comme je le dis, mais également chacun dans sa sphère d'activités ou d'intérêt, vit cette même lecture-là. 

 

Globalement, on peut dire que la situation économique n'est pas du tout bonne. Je m'explique, quand l'Alternance est survenue en mars 2000, beaucoup de clignotants de l'économie étaient au vert parce qu'il a fallu des années pour venir à bout des déséquilibres qu'il y avait dans notre économie, comme celles d'ailleurs de l'ensemble des économies de la zone Cfa en Afrique de l'Ouest.

 

 Déséquilibres importants qui ont conduit aux différents plans de stabilisation (1979), de redressement économique et financier (1981) et programmes d'ajustement structurel par la suite, qui n'ont pas permis malgré tout d'éviter la dévaluation du Franc Cfa, le 11 janvier 1994. 

 

Après cette dévaluation, les efforts ont continué, facilités cette fois par le regain de compétitivité obtenu par la fin de la surévaluation du franc Cfa. Cela a permis de rendre les exportations plus faciles, mais également de freiner un peu les importations par le renchérissement des produits importés.

 

 Ces efforts menés depuis 1994, après la dévaluation, ont permis en 2000 d'avoir une situation budgétaire relativement bonne. Et le nouveau régime a admis qu'il avait trouvé « les caisses pleines ». 

 

Des réformes assez sérieuses avaient été mises en œuvre de telle sorte qu'en 2000, la situation était relativement bonne pour mener de bonnes réformes et gérer l'économie de manière tournée vers la croissance. 

 

Il s'ajoute à cela qu'en 2000, il faut le dire, il y avait une adhésion populaire effectivement large non seulement pour le changement, mais également pour accompagner le nouveau régime et pour engager des réformes profondes. 

 

Au plan extérieur, je veux parler de nos relations avec l'extérieur, le Sénégal, qui avait une image déjà bonne, a vu cette image grandir encore parce qu'il n'était pas fréquent de voir en Afrique, un pays organiser des élections et faire une alternance en de si bonnes conditions dues à la détermination de l'actuel président du Sénégal, mais surtout au fair-play du président Abdou Diouf. 

 

Dix ans après, qu'est ce que l'on constate ? Sur le plan global des finances publiques, je crois que ce n'est pas un mystère, nous avons beaucoup de gros problèmes. 

 

Ces dernières années ont été jalonnées par des difficultés à régler non seulement la dette intérieure, mais également à régler des arriérés de toutes sortes auprès du secteur privé, auprès des sociétés d'Etat, à verser les subventions dues. 

 

C'est le cas de la Senelec, des subventions sur les produits de première nécessité et tant d'autres, toutes choses contraires aux critères de convergence de l'UEMOA, là où le Sénégal avait toujours été premier. 

 

L'on a également assisté à la descente aux enfers des fleurons de l'économie sénégalaise, les Ics, la Suneor, privatisées de manière anarchique et dolosive, la Sar et plus récemment Air Sénégal qui a disparu ; si l'on ajoute à cela les difficultés qui sont apparues, 

 

il y a un an en ce qui concerne le fleuron des fleurons, la Sonatel, auxquelles un coup d'arrêt a heureusement été apporté grâce à une mobilisation générale, notamment du courageux et déterminé personnel, la boucle est bouclée.

 

En conclusion, la situation n'est globalement pas bonne sur le plan économique : les Ics n'appartiennent plus au Sénégal qui n'y décide plus rien au profit de l'Inde. La Suneor n'est plus entre les mains du Sénégal dans le secteur aussi stratégique économiquement et socialement qu'est l'arachide.

 

 Et paradoxalement, l'année dernière, sur une production déclarée  de près de 1 200 000 tonnes, l'Etat ne s'est engagé à faire acheter que moins des 300 000 tonnes annoncées par Suneor. Il reste entre les mains des paysans entre 800 et 900 000 tonnes d'arachides. 

 

On les incite à exporter leur arachide eux-mêmes alors qu'il y a quelques années, la douane pourchassait et réprimait les exportations de graines pour permettre d'approvisionner  les huileries. 

 

Quant aux prétendues performances dont on se gausse en matière de productions agricoles, je vous renvoie aux statistiques du Cilss (Comité inter-états de lutte contre la sécheresse au Sahel), qui indiquent de bien meilleurs résultats au Mali et au Burkina, notamment, sans Goana et autres plans, mais dans la discrétion la plus totale et l'humilité, domaines où nous sommes loin de détenir la médaille d'or.

 

Lorsque'à ce tableau déjà sombre, vous ajoutez  les contre performances en matière de pêche, en matière de tourisme, secteurs qui ont toujours été les premiers postes pour les exportations, vous avez un tableau complet du désastre économique que nous vivons. 

 

L'agence de régulation des marchés publics (Armp) a épinglé plusieurs structures pour non-respect des procédures définies par le code des marchés publics. Quel est votre commentaire ?

 

Alors sur cette agence-là, je crois qu'il faut rétablir une vérité.  Il semble qu'on a voulu faire croire aux Sénégalais que c'est l'Etat qui a pris l'initiative de créer cette agence-là pour lutter contre la corruption, le gaspillage, etc., mais la vérité, c'est l'Uemoa qui a pris l'initiative de s'attaquer aux problèmes des marchés publics. 

 

D'abord en étudiant et en proposant aux Etats un Code de transparence dans la gestion des finances publiques qui a été adopté par l'ensemble des Etats de l'Uemoa, y compris le Sénégal, dès 1999. 

 

À partir de ce code de transparence, l'Uemoa a entamé des travaux pour harmoniser la gestion des marchés publics. Et c'est en ce moment-là que des partenaires qui avaient aussi compris et constaté les importants errements dans la passation et l'exécution des marchés publics dans certains pays de l'Uemoa en matière de transparence, de sincérité des prix et de bonne exécution des travaux, sont venus apporter leur soutien technique et financier à l'Uemoa pour mener à bonne fin ce projet. 

 

C'est avec ces institutions, la Banque mondiale et la Bad, que nous avons mené ces travaux qui ont abouti à une série de directives sur la Commission nationale des contrats de l'administration (Commission des marchés), la création de l'Agence nationale de régulation des marchés publics, etc. 

 

Et comme vous le savez, le Sénégal a longtemps freiné des quatre fers pour mettre cela en œuvre. C'est donc ainsi cette agence a été créée avec des règles sur lesquelles veillent nos partenaires, notamment, sa composition qui la rend assez indépendante et l'obligation de rendre public le résultat de ses investigations. 

 

Donc, quand le Sénégal menace sournoisement, après ces révélations, de dissoudre, de serrer la vis, ou de couper la tête et les vivres à  l'agence, ce serait, s'il le faisait, une espèce de casus belli auquel s'opposeraient fermement ces partenaires dont l'accompagnement est vital. 

 

Maintenant, pour une bonne gouvernance économique, une bonne gouvernance sociale, politique, juridique, une bonne gouvernance tout court, ces travaux ne doivent pas rester lettre morte puisque ceux des organismes relevant uniquement de l'Etat, comme l'Ige (dont le « patron » n'est que le Secrétaire général de la Présidence de la République), la Cour des comptes ou encore la Commission de lutte contre la corruption, la concussion, etc., 

 

prêtent à caution parce que les pouvoirs publics en font ce qu'ils veulent. Alors, la justice doit être saisie et toutes les conséquences tirées, quels que soient les responsables. Pour une fois, une institution a fait et bien fait son travail et l'a rendu public contrairement à l'opacité qui entoure l'Anoci, où des choses beaucoup plus graves encore, ont été découvertes. 

 

Aujourd'hui, notre pays s'est doté d'infrastructures de dernière génération. Quel est l'impact de ces réalisations-là sur notre économie ?

 

Infrastructures oui, mais quand vous dites de dernière génération, je vous  laisse la paternité de l'expression. Parce que si vous voyagez, et je ne parle pas de pays  développés mais seulement dans certains pays qui nous sont proches, le Ghana, le Burkina, la Gambie, il y a des travaux extraordinaires qui ont été faits dans ces domaines-là, et sans tambour ni trompette (la plus belle corniche d'Afrique ! quelle prétention) ! 

 

Et des infrastructures qui ont coûté beaucoup moins cher, mieux pensées et mieux faites. Nous avons tous vécu les gros scandales de l'Anoci. Comme vous le savez, j'ai travaillé sur ce dossier. Vous êtes chez moi, vous savez que je suis à deux pas de la corniche que  j'ai arpentée régulièrement avant, pendant les travaux et depuis leur achèvement. 

 

Il y a tellement de choses qui ont été rectifiées, corrigées, refaites, ajoutées, supprimées. Ce qui fait que pour le tronçon de la corniche qui va du Bloc des madeleines à Ouakam, le coût des travaux a presque doublé par rapport à ce qui était initialement prévu. 

 

 Et par rapport à ce marché initialement signé, il a fallu faire avenants sur avenants, des corrections, des changements, des augmentations, alors que nous sommes à l'époque de la modélisation, de la recherche opérationnelle. 

 

Et c'est là que le bât blesse parce que ces malfaçons et imperfections étaient décelables à vue d'œil et même par un non professionnel. On est encore tous les jours en train de remplacer des palmiers, jusqu'à aujourd'hui. 

 

Tout le monde sait qu'un arbre, il faut le planter et le laisser grandir au rythme de la nature ; alors, comment voulez-vous qu'en le plantant un mois avant le sommet de l'Oci, on veuille faire croire à nos visiteurs que cet arbre qu'on vient à peine de planter est là depuis longtemps ; c'était ça l'erreur. 

 

Avant les travaux de l'Anoci, il y avait des palmiers qui avaient été plantés sur la corniche, mais de taille normale ceux-là, et ceux parmi eux qui n'ont pas été arrachés, grandissent normalement. Quand vous allez sur le site de l'Anoci, sur le site de la commission des marchés ou sur celui de la compagnie de navigation MSC Croisières, vous trouvez les marchés qui ont été passés et vous faites les calculs. 

 

Vous découvrez alors que chaque palmier a coûté 1.750.000 francs (certains disent même que 400 palmiers au moins ont été offerts mais « facturés » dans les documents), que le petit rond-point en plâtre situé  devant la mosquée de la divinité, a coûté 53 millions de francs, que le panneau de 10 mètres sur 6, qui se trouve en face du stade Assane Diouf, a coûté 65 millions de francs, 

 

alors qu' à dire d'expert, son coût ne devait pas dépasser 10 millions de francs, que la location pour les besoins de l'Oci, à la compagnie MSC Croisières, du « MSC Musica », qui n'a presque pas été occupé, a coûté 8 milliards de francs, alors qu'il ne devait pas dépasser 600 millions de francs, il y a véritablement scandale. 

 

Mais, à tout cela s'ajoute un problème de justice et d'équité sociales d'abord dans la répartition des infrastructures ; d'abord sur le choix porté sur les  infrastructures ; n'y a-t-il pas d'autres priorités, d'autres besoins plus vitaux ? 

 

Quelle place accorder à la santé, à l'éducation, à l'agriculture au moment où les prix à l'importation flambent, bref au social. Quand les gens disent que la corniche est belle, peut-être n'ont-ils pas vu des corniches ailleurs ; c'est loin d'être la plus belle corniche d'Afrique comme l'a dit avec sa suffisance coutumière et surprenante le petit-là (NDR : allusion faite à Karim Wade). 

 

"Pourquoi la situation économique du Sénégal n'est pas bonne"

 

Le président Abdoulaye Wade vient d'inaugurer le monument de la renaissance africaine. En dehors de l'aspect culturel, que peut rapporter cette œuvre d'art sur le plan économique à notre pays ?

 

Le drame au Sénégal d'aujourd'hui, c'est que rien n'est étudié avant d'être décidé et mis en œuvre ; alors, quand ce sont de petites choses, on peut arrêter en cours de route, ou corriger, mais quand on engage plusieurs milliards ou dizaines de milliards de francs des Sénégalais, l'homme d'Etat, s'il en est vraiment un au-delà de la fonction qu'il occupe, doit réfléchir et mûrement réfléchir.

 

Très sérieusement, pensez-vous que quelqu'un qui habite l'Europe ou les Etats-Unis va prendre l'avion pour uniquement  venir voir ce monument et rien que ça. Et je vous invite également à essayer de savoir combien de Sénégalais, même habitant Dakar, et même si c'est gratuit, (ce n'est pas le cas) vont se déplacer pour aller visiter ce chef d'œuvre de mégalomanie. 

 

Vous dites bien «  en dehors de l'aspect culturel », je vais précisément parler de cet aspect culturel. Je pense qu'un élément culturel, dans une société, se rattache à son histoire, à son environnement, à ses espérances. 

 

Or ce monument ne se rattache ni à notre histoire, ni à notre environnement, ni à nos espérances. Quel pays d'Afrique a été associé au choix de cette « œuvre », au choix des Coréens pour la réaliser, à son financement, à sa théorisation, à sa conformité avec le choix des Africains alors que le soi-disant auteur réclame 35% de sa propriété. 

 

L'Afrique, pour renaître, n'a pas besoin d'une statue, mais a besoin de dirigeants vertueux qui travaillent et qui fassent travailler leur peuple de manière rigoureuse et sérieuse, en leur servant toujours d'exemple, de bon exemple et de stimulant. 

 

Pour le reste, je ne suis pas sûr que les Africains soient fiers  de ce monument quand ils apprennent que malgré tout ce qui a été dit et déploré, il a été financé par un tour de passe-passe qui aura finalement coûté plus de 80 milliards de francs au Sénégal, pays exsangue dans toutes ses dimensions. 

 

Selon vous, est-ce que l'économie sénégalaise a ressenti les effets de la crise financière ?

 

Oui forcément comme toutes les économies africaines. Mais disons que la crise que nous avons traversée, d'abord financière, ensuite économique et sociale, est d'abord une crise de la mondialisation. Notre chance dans tout cela, c'est que nous ne sommes pas vraiment intégrés dans la mondialisation. Nous y sommes à la marge, à la périphérie.

 

 Alors quand l'épicentre, c'est-à-dire les pays développés, a tremblé, nous n'avons ressenti que les vibrations, l'écume des vagues. C'est cela qui nous a sauvés dans cette crise-là ; il reste que les effets sont là de manière tout à fait certaine. 

 

Ce sont les pays occidentaux (avec l'Inde et la Chine) qui, en général, investissent beaucoup dans nos pays. Mais quand ces pays, à travers leurs finances publiques, comme la Grèce, l'Espagne, le Portugal et la France, sont atteints, quand l'économie est balbutiante, quand les entreprises souffrent ou ferment, les possibilités ou opportunités d'investir dans nos pays disparaissent ou sont différées. 

 

Je prendrai l'exemple des mines de fer avec Mittal. Je crois que le projet d'exploitation du fer de la Falémé par Mittal était très avancé. Mais il dû être reporté parce que Mittal, dans le même temps, était obligé de fermer des unités qu'elle avait en Europe et un peu partout.

 

Toutefois, il faut qu'on arrête de nous dire que les difficultés que nous avons en matière de finances publiques, sont liées à la crise ; en vérité, cela n'a rien à voir. C'est nous-mêmes qui avons fait nos erreurs, j'allais dire même nos bêtises. Il ne faut pas faire endosser cela par la crise, par des causes externes.

 

 L'amateurisme, l'incompétence, la cupidité, l'arrogance, l'ignorance, constituent le cocktail dans lequel nous sommes immergés aujourd'hui. Cela étant, notre système bancaire n'a pas été impacté par cette crise, bien au contraire, je pense qu'elle a suscité un surcroît de prudence dans les engagements. 

 

Ce qui rend absurde de ce qu'on a entendu d'un niveau très élevé (NDR : allusion faite au président Wade) pour attaquer la Bceao, en demandant (avec comme piètre illustration le Ghana, la Gambie, la Mauritanie) que  les réserves de la Bceao soient mises à la disposition des pays, alors même que, répétons-le, les banques ne rencontrent pas de difficultés de liquidités. 

 

En tant qu'économiste, quel est votre point de vue sur la Goana, la syndicalisation des paysans, la banque verte?

 

Tout d'abord, je ne voudrais pas m'attribuer l'étiquette d'économiste, j'ai tout au plus été un pratiquant de l'économie.

Les Français disent «  réinventer la roue ». Moi je dirais que c'est vraiment le cas et perdre son temps et son énergie, perturber les gens et compliquer les choses. 

 

Je pense que la syndicalisation, il appartient d'habitude aux intéressés de s'y initier, de s'organiser seuls, de créer leur syndicat, sans que  personne ne vienne le leur imposer. En l'occurrence le Cncr, (Conseil national de concertation des ruraux), qui est une structure solide, qui encadre toutes les professions rurales, (agriculture, pêche, élevage, foresterie), existe et  fonctionne ; donc la logique voudrait qu'on parte d'elle pour  éventuellement élargir ses missions, son champ d'activités, la réorganiser, lui procurer des moyens. 

 

Mais on  la laisse à l'écart pour choisir d'autres partenaires, j'allais dire d'autres comparses, d'autres pseudo militants, tout cela parce que la Cncr a eu l'outrecuidance de participer aux travaux des célèbres Assises nationales.

Quant à la banque verte, elle existe déjà et c'est la Caisse nationale de crédit agricole. 

 

Récemment on a vu Moussa Touré s'investir dans l'humanitaire en parrainant des journées de consultations gratuites au profit des populations de Arafat-Excellence à Grand Yoff. Qu'est-ce qui motive cet engagement?

 

On ne peut pas se lever un jour et dire qu'on va s'investir dans l'humanitaire si avant cela, on n'a pas éprouvé une sensibilité certaine par rapport aux gens et aux difficultés qu'ils vivent. Dans mon propre quartier, la Gueule Tapée, il ne se passe pas un jour sans qu'on ne soit confronté à de tristes problèmes de maladie, de consultation, de médicaments. 

 

De surcroît, j'ai un  frère qui est professeur de médecine, c'est dire que ces sujets sont souvent évoqués à la maison. S'agissant d'éducation, peu de gens non concernés  savent que des enfants ne vont toujours pas à l'école un à deux mois après l'ouverture des classes parce que leurs parents n'ont pas été en mesure de verser les 10.000 francs de droits d'inscription réclamés.

 

C'est donc sur ces bases-là que j'ai d'abord décidé d'organiser, avec des médecins et leurs amis, un week-end de consultations médicales gratuites avec distribution de médicaments, dans leur village situé à 7 km de Foundiougne (gynécologie, gériatrie, pédiatrie, etc.). 

 

Cette opération ayant été fort appréciée par les bénéficiaires, j'ai décidé de la renouveler avec des jeunes dynamiques et sérieux, regroupés dans le Centre de développement d'Arafat Excellence.

Je considère que ce pays m'a tant donné qu'il serait très égoïste et inhumain de ma part de ne pas lui rendre un peu de ce qu'il m'a donné.

 

Aujourd'hui, êtes-vous actif au sein du parti socialiste ?

 

Je n'ai jamais été membre du Pari socialiste même si, au fond, il serait ma famille naturelle puisque j'ai eu l'honneur et le privilège (que je mesure plus encore aujourd'hui à leur juste valeur) d'avoir été membre du gouvernement du Président Abdou Diouf pendant 5 ans, donc sous le régime socialiste. Mais rassurez-vous, des gens me posent quelques fois la même question et je fais toujours la mise au point. Mais tout cela est sans vraie importance aujourd'hui.

 

Après un an de gestion des mairies gagnées par Benno Siggil Sénegal, Quel est votre commentaire ?

 

Je constate que les collectivités bougent. Et quand les choses bougent, on ne peut pas les étouffer ou les contenir éternellement. Le problème des collectivités locales, c'est qu'elles n'ont pas suffisamment de moyens pour faire face aux besoins immenses de leurs administrés, dans leur propre champ de compétence ; 

 

alors quand, en plus, elles ont en face d'elles un interlocuteur qui devrait être un partenaire dans la complémentarité et la synergie, mais qui n'a de cesse de les diaboliser et de leur mettre des bâtons dans les roues, alors, les choses ne sont pas faciles ; mais il faut qu'elles tiennent, qu'elles résistent parce qu'elles constituent une des brèches par lesquelles la bête peut être terrassée.

 

Peut-on envisager la candidature de Moussa Touré à l'élection présidentielle de 2012 ?

 

Sur cette question qui m'est souvent posée, je vais vous renvoyer à ce que me disait souvent notre regretté père, Mamadou Dia, que je vénérais. Il me disait : « Moussa, moi je ne vois plus, j'entends difficilement ; alors, de temps en temps, j'appelle une de mes filles, Madeleine ou Oulimata, et je parle, et elle transcrit ce que je dis. 

 

C'est cela, mis en forme, qui constitue les contributions qui paraissent dans les journaux ; dans ces contributions, je vise 3 objectifs : dénoncer ce qui doit l'être, contribuer à éveiller mes compatriotes et enfin leur rappeler quelques valeurs cardinales de notre pays, pour qu'elles ne soient pas oubliées ou foulées aux pieds.

 

 C'est tout ce que je peux encore faire moi, mais vous autres, plus jeunes, qui avez encore le « katan » (la force, la vigueur), si vous vous contentez de rester  les bras croisés (bankk sèn loxo), alors, vous êtes complices et aussi responsables que ceux qui font et défont.

 

C'est à ce niveau que je me situe : œuvrer avec toutes les bonnes volontés (et elles sont tellement nombreuses aujourd'hui) pour que cesse le cauchemar que nous sommes en train de vivre, singulièrement depuis ces dernières années.

 

Mais je dis aussi que ce cauchemar disparaissant, il faut se prémunir, se défendre de ce qui a conduit à l'avènement de ce cauchemar, éviter que les mêmes causes, de nouveau, produisent les mêmes effets : donc, plus jamais ça.

 

Dans cette perspective, nous (avec tous ceux, nombreux déjà aujourd'hui qui partagent avec moi ces préoccupations) ne ménagerons aucun effort pour être des vigies éveillées, des garde-fous avisés, des sentinelles vigilantes et cela, sans concession.

Pour ma part, je m'engage dans cette voie avec une détermination sans limites et en n'excluant aucune suite, au besoin, mais en toute conscience



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