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Economie

« …Nous n’accepterons pas que l’Anoci débauche nos personnels que nous avons déjà formé… »

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« …Nous n’accepterons pas que l’Anoci débauche nos personnels que nous avons déjà formé… »

Une semaine après être porté à la tête du conseil d’administration de l’Agence nationale de promotion touristique, Mamadou Racine SY, par ailleurs, Président de la coordination patronale des professionnels du tourisme a, dans cet entretien, fait un tour complet du secteur. 

Quelle est la situation actuelle du secteur touristique ?

L’évaluation de la saison écoulée a révélé des problèmes récurrents notamment celui de la fiscalité qui obère lourdement la compétitivité de la destination Sénégal. Nous avons souvent attiré l’attention des autorités sur ce problème et nous avons trouvé auprès d’elles une oreille attentive. Et en Février 2007, le chef du gouvernement d’alors avait annoncé pour 2007 la baisse de la TVA de 18 à 10 %. Nous nous inquiétons aujourd’hui parce que nous sommes au mois d’août et aucune mesure concrète n’a été prise pour la mise en œuvre de cette mesure qui est une revendication fondamentale des professionnels du tourisme. Il y’a également le problème des coûts des facteurs avec les frais exorbitants d’électricité, d’eau et de carburant qui ploient sur le dos des hôteliers. Cette situation difficile pose le problème de la compétitivité de la destination Sénégal. Comme j’aime à le dire souvent, nous ne sommes pas concurrents entre nous au Sénégal mais nous sommes en compétition avec des destinations. Et dans ces dernières, les gouvernements ont pris des mesures incitatives pour permettre à leur secteur privé touristique de se développer. Aujourd’hui, nous avons identifié les problèmes et dégagé des pistes de sortie de crise qui peuvent permettre de développer le secteur. Nous attendons la mise en œuvre immédiate des mesures que le secteur privé préconise depuis un certain temps déjà, notamment cette baisse de la TVA qui nous a été promise et que j’ai tantôt évoqué. Avec des réceptifs hôteliers vétustes avec des moyennes d’âge de 15 à 20 ans, nous n’avons pas les moyens de renouveler notre parc et / ou de faire les rénovations nécessaires en ce sens que nous consacrons une bonne partie de notre marge à payer des impôts. Et à la longue, ça devient intenable et bientôt il n’y aura plus de combat faute de combattants parce qu’apparemment, les gens n’ont pas pris l’exacte mesure de la gravité de la situation.

Peut-on alors dire que le tourisme se porte bien ?

Au vu du bilan, le tourisme pourrait mieux se porter. Même si on ne peut pas se réjouir du malheur des autres, le Sénégal a toutefois profité des problèmes au Maroc, en Egypte et dans d’autres pays. Et il y’a eu un effet de report sur le Sénégal. Il ne faut toutefois pas qu’on dorme sous nos lauriers. Autant au moment des indépendances, le Sénégal était le seul pays à vocation touristique de la sous-région, autant aujourd’hui, les autres pays comme la Mauritanie, les Iles du Cap-Vert… se réveillent, sans compter les pays d’Afrique du Nord comme le Maroc et la Tunisie qui sont dans la mouvance de même type de clientèle que le Sénégal. Et cela pose problème. Il y’a dix ans voire quinze ans, il y’avait une dizaine de Tours Operators italiens qui opérait au Sénégal. Aujourd’hui nous venons d’apprendre que le plus important d’entre eux, Alpi Tours, cesse d’opérer sur le Sénégal au motif qu’il n’y a pas eu assez de promotion sur le marché italien et que malgré l’allongement de la piste d’aviation du Cap Skiring, on a pas prévu les installations pour l’approvisionnement sur place des avions en kérosène. Devant un monde de plus en plus concurrentiel, Alpi Tours s’est tout bonnement tourné vers les Iles du Cap-Vert ; ce qui est un manque à gagner énorme pour le Sénégal. Il faut qu’on donne au Sénégal les moyens d’assurer une promotion efficace de la destination. Par ailleurs, l’investissement dans le domaine de l’hôtellerie requiert des ressources de longues durée de 15 20 ans avec des taux bonifiés. Au Sénégal, les banques primaires font des crédits à court et moyen terme et n’ont pas des ressources adaptées à ce genre de financements. Et depuis la disparition de la Sofisedit, il n’y a plus de banques dédiées à ce type d’investissement et ça freine l’investissement. Aussi, il faut la mise en place comme dans tous les pays touristiques qui se respectent, d’un crédit hôtelier comme en France dont la vocation est de financer l’hôtellerie. Egalement aucun pays n’a développé son tourisme sans une compagnie charters. Air Sénégal International, en tant que compagnie nationale, doit développer une filiale charter et cela doit faire partie des objectifs qui lui sont assignés.

Pourtant, il y’a une agence de promotion qui a été mise sur pied ?

Le tourisme représente un chiffre d’affaires de près de 300 milliards F Cfa. Le ratio communément admis dans le monde recommande de consacrer pour la promotion 4,5 à 5 % des ressources générées par le tourisme. Appliqué pour le cas du Sénégal, cela donnerait 7 à 8 milliards. Aujourd’hui, l’Agence nationale pour la promotion du tourisme arrive difficilement à mobiliser 900 millions à 1 milliard pour faire la totalité de la promotion de la destination aussi bien au plan intérieur qu’au niveau extérieur. Toutefois, nous nous réjouissons d’un aspect positif depuis 2002 nous avons dit que dans le cadre de la vision du Chef de l’Etat d’associer le secteur privé aux actions initiées dans le cadre du tourisme, il a été retenu une gestion paritaire Etat - Secteur privé pour la promotion. Le tourisme est un secteur particulier où c’est le secteur privé qui fait les investissements, qui crée la valeur ajoutée, qui crée les agences de voyages, qui prend les risques et l’Etat crée le cadre réglementaire dans lequel nous évoluons. Ainsi, dans ce cadre, l’Etat vient de confier au secteur privé touristique, à l’instar de l’Asepex, la présidence du conseil d’orientation de l’Agence nationale de promotion du tourisme (Anpt). Fonction que j’ai l’honneur d’assurer depuis une semaine sur décision du Président de la République et à la demande des organisations professionnelles du tourisme. C’est très significatif et cela correspond à la vision du Chef de l’Etat et du Premier ministre d’associer le secteur privé à la gestion de nos secteurs d’activités. Mais il ne faut pas qu’on s’en arrête là. Il faut qu’on nous donne les moyens d’assurer efficacement cette promotion.

Quels seront les grands axes majeurs de votre politique pour mieux vendre la destination Sénégal ?

Nous comptons effectivement prendre un certain nombre de mesures. Sous ce chapitre, nous allons organiser des missions à l’intérieur du pays pour faire prendre conscience aux gens de l’importance de l’accueil parce que maintenant les touristes sont de plus en plus agressés au Sénégal de l’aéroport jusqu’aux sites d’hébergement. Nous allons nous atteler à améliorer d’autres facteurs structurants et le problème numéro un est celui de la mobilité urbaine. Il faut cinq heures pour faire Paris – Dakar plus deux pour sortir de l’aéroport et trois heures pour se rendre à Saly. Aussi, dit - on souvent que Dakar est à 10 heures de Paris et non 5 heures quand on sait que les sites d’hébergement sont hors de Dakar. Cette situation pose un problème de confort pour le touriste. Et nous saluons tous les efforts qui seront faits pour améliorer la mobilité urbaine. Notre action va porter sur l’accroissement des ressources de l’Agence et nous avons pensé que les arrivées au niveau de l’aéroport, constituée de touristes pour 20 %. Il faudrait qu’il y’ait une clef de répartition pour voir comment reverser une partie la taxe aéroportuaire de 18000 F Cfa payé par les passagers à l’Anpt pour permettre de renflouer le Fonds de promotion touristique en vue d’accroître le flux touristique.

Les professionnels du tourisme ont-ils été impliqués dans les préparatifs du prochain Sommet de l’Organisation de la conférence islamique (Oci) ?

La position du Patronat sur le sommet de l’OCI est claire. Nous nous associons pleinement et nous souhaitons la pleine réussite de ce sommet. Nous avons été effectivement associés et il y’a quelques jours que nous sous sommes réunis avec l’Agence nationale de l’Oci. Apparemment, sur les six ou sept hôtels qui devraient être construits, il y’en a trois à quatre seulement qui devraient être opérationnels. Nous sommes en train de voir ensemble comment les professionnels de l’hôtellerie de Dakar et de Saly peuvent jouer leur partition pour la réussite de ce Sommet. Mais cela demande évidemment des mesures d’accompagnement notamment une mise aux normes et des rénovations. Et l’Anoci est prête à nous accompagner dans ce domaine. Le Sommet pouvait être perçu comme un aspect positif pour la promotion de la destination dans la mesure où ça peut permettre à ceux qui vont venir d’avoir envie de visiter à nouveau le Sénégal. Ce qui pourrait être bénéfique pour l’hôtellerie d’affaires et par effet de leviers pour l’hôtellerie de loisirs. Le seul bémol qu’on a souligné, c’est qu’il est nécessaire en matière de formation compte tenu des nouveaux hôtels qui seront construits, de former suffisamment de personnel pour ne pas avoir à débaucher du personnel existant déjà dans nos établissements. Ce qui serait pour nous, bien entendu, inacceptable. Cela a été bien compris au niveau de l’Anoci et nous travaillons en parfaite concertation pour arriver à faire en sorte que les professionnels de l’hôtellerie du Sénégal jouent parfaitement leur partition. Il faut que le Sommet réussisse parce qu’il y va de l’image de la promotion de la destination et du Sénégal.



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