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Economie

Pêcheur au Sénégal, une profession sans avenir ?

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Pêcheur au Sénégal, une profession sans avenir ?
C’est la bérézina pour les pêcheurs sénégalais. Leur secteur d’activité prend l’eau de toute part. Mais leur détermination ne faiblit pas. Rassemblés en associations et comités, ils prennent les choses en main pour que la pêche reste une profession d’avenir. Un avenir pour l’instant compromis par de nombreuses difficultés écologiques, économiques et sociales. Focus sur le quotidien des travailleurs de la mer.

Les pêcheurs sénégalais font naufrage. Malgré les efforts fournis par bon nombre d’entre eux pour sauvegarder leur gagne-pain, le secteur de la pêche s’essouffle. CNPS (Comité national des pêcheurs artisanaux du Sénégal), FENAGIE (Fédération nationale des groupements d’intérêts économique de pêche du Sénégal), ADEPA (Association ouest-africaine pour le développement de la pêche artisanale) tentent de s’allier pour répondre aux besoins de leur profession, non sans difficultés. « Nous souffrons d’un gros manque de communication entre les diverses organisations. L’information ne circule pas comme nous le souhaitons et il est indispensable qu’il y ait une cohérence entre nos actions », raconte Samba Gueye, directeur du CNPS et secrétaire général de la FENAGIE.

Or, dans un pays comme le Sénégal où l’on produit prés de 500 000 tonnes de poisson par an et en exporte en moyenne 115 000, sauvegarder le secteur de la pêche est fondamental. Les produits halieutiques constituent la première branche exportatrice du pays avec 185, 5 milliards de FCFA de recettes. Mais ces chiffres vont-ils résister à la conjoncture actuelle ?

Premier obstacle rencontré par les pêcheurs, la baisse des ressources halieutiques. « La cherté de la vie, la rareté du poisson et la surexploitation industrielle et artisanale sont fatales à notre profession », explique Samba Gueye.

Un gros manque à gagner

Autre problématique, le coût du carburant. « Il n’est plus à la portée des pêcheurs. Il faut un bidon de 60 litres pour partir en pêche et à plus de 500 Fcfa, le litre, de nombreux pêcheurs n’ont plus les moyens de se le payer », explique Mamadou Diop Thioum, porte parole du forum national du Sénégal, mis en place par l’ADEPA. Prix de l’essence donc, mais aussi manque de matériel sur les quais de pêche. Souvent mal équipés, ils manquent de chambres frigorifiques, pourtant nécessaires à la conservation du poisson lors de son débarquement. « Les quais de pêche devraient posséder des frigos capables de tout contenir. Or, là, quand les pêcheurs reviennent tous en même temps, le poisson ne rentre pas et nous sommes obligés de rejeter les sardinelles à la mer. Cela représentes d’énormes pertes », s’insurge Samba Gueye. Dans un pays où le poisson vient à manquer, cette absence de matériel interpelle.

Pour les pêcheurs sénégalais, un seul responsable, l’Etat. « L’Etat instrumentalise la pêche et les pêcheurs. Les politiques ne sont pas impliqués dans nos problématiques. Ils s’enrichissent et prétendent ne disposer d’aucun moyen pour nous aider », affirme Adama Sall, pêcheur dans la ville de M’bour, située à quelques kilomètres au sud de Dakar. Un budget trop restreint et personnel trop peu nombreux, deux éléments qui nuisent gravement au secteur professionnel de la pêche.

Pas de moyens, pas d’avenir ?

A la question, quel avenir pour la profession ? Mamadou Diop Thioum répond : « Je suis un peu confus quant à l’avenir de notre profession. Elle existera toujours en tant que tradition et activité commerciale, mais nous sommes en train de demander à la mer ce qu’elle ne peut nous fournir ». Depuis toujours, la profession de pêcheur se transmet de père en fils. Mais le processus tend à s’essouffler.

Désireux d’offrir un avenir brillant à leurs enfants, de plus en plus de parents s’opposent à la transmission du flambeau. « Nous voulons procurer une chance de s’en sortir à nos enfants. Une chance d’être éduqués, d’avoir d’autres alternatives que la pêche. D’ici quelques années, il n’y aura plus de poisson si nous ne faisons rien. Je ne souhaite pas que mes enfants y soient confrontés », explique Mamadou Diop Thioum. Un désir d’autant plus justifié que, chaque année, des centaines de jeunes pêcheurs fuient leur destin et risquent leur vie en migrant vers l’Europe à bord de leur pirogue. « S’il n’y a pas moyen d’aider nos enfants à améliorer les conditions du secteur de la pêche, leur demander de reprendre notre profession, ce serait les tuer ! », déplore Samba Gueye. Un appel au secours malheureusement peu entendu.



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