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Economie

PERFORMANCES ET COMPETITIVITE INDUSTRIELLES : Le Sénégal, malgré tout

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PERFORMANCES ET COMPETITIVITE INDUSTRIELLES : Le Sénégal, malgré tout

Le Rapport sur le développement industriel 2009 de l’Onudi, qui a classé 122 marchés mondiaux, indique que dans le bas du tableau, le Sénégal a gagné 18 places en 2005-2000, en remontant du 81ème au 61ème rang en matière de performance industrielle compétitive. Les suggestions faites par l’Onudi à travers ce rapport pour aider les pays les plus pauvres et les pays à revenus moyens à croissance lente à se sortir de la pauvreté dans un contexte de sévère crise économique mondiale, manquent cependant d’originalité.

L’indice CIP qui évalue la performance industrielle nationale sur une période de cinq ans et qui a permis à l’Onudi de faire ce classement, combine quatre grands paramètres de compétitivité industrielle. L’indice utilise ainsi la Market value added (MVA : la valeur de marché ajoutée) per capita (par tête) comme l’indicateur moyen pour déterminer la capacité d’exportation d’un pays, premier critère du classement qui considère également des facteurs tels que l’intensité d’industrialisation et la qualité des exportations. Aussi, aux yeux des techniciens de l’Onudi, la capacité d’exportation qui est désormais un facteur clef dans le développement économique et la compétitivité, est mesurée suivant les exportations de biens manufacturés per capita qui sont utilisées par l’indice.

Dans le même contexte, la qualité des exportations est mesurée ici par deux indicateurs : le cumul des produits manufacturés dans le total des exportations et le cumul des produits de moyenne et haute technologie dans le total des exportations.

Selon tous ces critères et parmi les 60 pays du bas du classement de 122 marchés mondiaux, on retrouve beaucoup de pays africains dont le Sénégal qui a considérablement amélioré son rang en gagnant 18 places (de 81 à 63), devant des pays comme la Côte d’ivoire, le Pakistan, l’Arabie Saoudite, l’Egypte et même le Botswana. Si l’on en croît les rapporteurs, le Sénégal comme le Mozambique, ou encore la Côte d’ivoire, a accru ses exportations de produits manufacturés plus rapidement même que le MVA, même si on ne peut pas en dire autant pour ce qui est de ses exportations de produits primaires qui ont sensiblement chuté dans le total des exportations.

Ce qui est remarquable au vu du rapport, c’est le classement d’un Pma (Pays moins avancés) comme le Sénégal devant beaucoup de pays à économie intermédiaire.

C’est l’Asie de l’Est qui mène le monde en développement avec les quatre « tigres » qui continuent à dominer le classement. Toutefois, Hong Kong a chuté dans le classement de la compétitivité industrielle tandis que la Chine poursuit sa performance et se retrouve en 26ème position dans le classement 2005. Dans la région d’Asie du Sud, l’Inde mène, mais a perdu trois positions dans le classement mondial, en dépit de son important secteur des technologies de l’information et de l’électronique.

Et si l’Ethiopie est la lanterne rouge (122ème en 2000 et en 2005), Singapore (1ère) a pris la pôle position en 2005 et 2000, en termes de compétitivité.

Pertinent, mais…

Le rapport souligne les avantages liés à la production d’un seul composant au lieu de produire l’objet entier, ainsi que l’importance des sites industriels où sont concentrées plusieurs entreprises et où la productivité est plus élevée.

Dans un contexte de sévère crise économique mondiale, un certain nombre d’idées sont suggérées par l’Onudi pour aider les pays les plus pauvres et les pays à revenus moyens à croissance lente à se sortir de la pauvreté, en réalisant une croissance économique rapide et un développement durable grâce à une industrialisation qui crée de la valeur. Aussi, le rapport suggère-t-il de :

  • Aider les pays à produire plus de richesse grâce à une production intelligente en choisissant quels biens produire à destination du marché mondial ;
  • Soutenir les efforts de pénétration des marchés internationaux par les pays pauvres grâce à l’amélioration de leurs capacités d’exportation et au respect des standards internationaux de sécurité et de qualité ;
  • Identifier les politiques qui pourraient permettre l’obtention d’une croissance économique rapide ;
  • Proposer une nouvelle catégorie des Nations Unies pour les pays les moins développés industriellement qui pourrait être utilisée par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en matière de préférences commerciales pour l’exportation de biens fabriqués dans les pays pauvres ;
  • Recommander que les pays développés aident les pays les plus pauvres par des préférences commerciales temporaires qui les aideraient à mettre un pied dans le marché international ;
  • et enfin, préconiser un nouveau cadre aidant les pays les plus pauvres à utiliser les ouvertures commerciales par une approche plus ciblée.

En somme, il faut bien le dire, rien de bien nouveau sous les cieux même si la pertinence des ces recommandations est au demeurant avérée. Par ailleurs, si dans cinq ans, le rapport se base toujours sur les mêmes critères pour dresser son classement, il y a fort à craindre que le Sénégal retombera dans le classement car depuis 2005, les choses ont bien changé pour l’industrie sénégalaise.

Compétitivité, le maître mot

Comme l’a noté l’Onudi, il y a peu, le déclin de l’industrie africaine a commencé à s’inverser au milieu des années 1990, lorsque 36 pays ont obtenu des taux de croissance industrielle supérieurs à ceux de la première moitié de la décennie. D’après cet organisme des Nations Unies, cette évolution s’explique entre autres par la priorité qu’ont commencée à accorder les gouvernements africains à la compétitivité. Par le passé, les dirigeants pensaient que la compétitivité était en grande partie liée au niveau des salaires, aux taux de change et aux politiques macroéconomiques.

Aujourd’hui, l’ONUDI estime que l’infrastructure, la gouvernance, les qualifications et la technologie sont les quatre éléments influençant la compétitivité. Il est clair que la performance des entreprises et des industries joue un rôle fondamental dans la croissance économique. Aussi, ces quatre éléments dépendent, à divers degrés, des politiques et capacités de l’Etat. La compétitivité est moindre si les gouvernements ne maintiennent pas un régime de droit, ne garantissent pas la sécurité des particuliers et des investissements, ne protègent pas les droits de propriété intellectuelle ou ne fournissent pas une infrastructure, une formation, et des systèmes d’éducation et de santé adéquats.

Aujourd’hui, beaucoup de spécialistes africains déplorent le fait que le secteur industriel qui représenterait 27% du PIB de l’Uemoa, n’a pas enregistré de bouleversements majeurs en Afrique de l’Ouest, ces dix dernières années et dénoncent l’absence de données récentes sur le secteur industriel des huit pays membres de la zone économique commune (Uemoa). Récemment, en 2008, le Directeur de l’entreprise et de l’Industrie au niveau de la Commission de l’Uemoa convenait qu’ « il faut appuyer efficacement les entreprises de l’espace Uemoa en termes de compétitivité, dans un contexte ouvert et de vive concurrence. »

Des initiatives ont vu le jour et se poursuivent notamment avec le Programme régional de mise à niveau (Prmn) financé par la Commission de l’Uemoa et exécuté par l’Onudi et qui apporte un appui direct à 120 entreprises régionales relevant en majorité du secteur de l’agro-industrie, avec l’assistance de l’Onudi et des Brmn dans le cadre de la phase pilote. Un programme qui vise la relance de la production industrielle, la promotion de l’investissement et de l’emploi et l’amélioration de la compétitivité.

La quasi-totalité des pays qui se sont lancés dans les Etudes nationales de prospectives à long terme(Enplt) ont identifié la compétitivité comme une question stratégique clef, dans un contexte marqué par l’éclatement du bloc communiste, l’avancée significative de l’économie de marché et de l’idéologie libérale, la mondialisation des échanges qui touche les biens, les services, la technologie et les investissements, la constitution de blocs économiques et régionaux, entre autres.



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