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PRIVATISATION - Retour sur une cession calamiteuse : L’Etat a perdu de l’argent dans la vente de la Sonacos

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PRIVATISATION - Retour sur une cession calamiteuse : L’Etat a perdu de l’argent dans la vente de la Sonacos

La polémique sur les 8 ou les 5 milliards de francs payés par Advens pour l’acquisition de la Sonacos cache une réalité que le dossier d’appel d’offres et les décisions ultérieures prises par l’Etat dévoilent de manière claire. Non seulement, le Sénégal a offert la Société nationale de commercialisation des oléagineux pour pas grand-chose, mais en plus, les pouvoirs publics ont mis de l’argent à la disposition du repreneur. Question. Pour quel intérêt ?

Les vérités sur la privatisation de la Sonacos sortent petit-à-petit, et l’on en apprend chaque jour un peu plus. Et l’un des acteurs de cette privatisation, le soumissionnaire malheureux, Kibily Touré, le président de la société Diéwol investissement qui, avec les paysans du Conseil de concertation et de coopération des ruraux (Cncr), avait monté la structure Guerté Sénégal, qui s’est positionné pour acquérir la société, affirme que la vérité va bien au-delà de tout ce qui se dit. Et le dossier d’appel d’offres ainsi que d’autres documents détenus par lui, jettent une vilaine lumière sur cette affaire.

Ainsi, en réalité, la «belle opération» de cette privatisation a abouti, de manière nette, à une perte sèche pour l’Etat, d’environ 857 millions de francs Cfa. Car, en mai 2004, à 15 jours de l’ouverture des offres finales, l’Etat abandonne une dette de 4,957 milliards de francs Cfa du Trésor public sur la Sonacos. Ce montant est présenté, dans le dossier d’appel d’offres, comme le solde d’une créance de l’Etat, de 65 milliards de francs. Les 4,957 milliards de francs sont considérés comme une augmentation de capital, «dont l’impact positif devrait se ressentir dans la situation de la Sonacos». Néanmoins, malgré cette fleur, Advens, qui est retenu après la disqualification du consortium Guerté Sénégal, ne propose comme prix de reprise, que 4 milliards. Des négociations futures le poussent toutefois à accepter de débloquer 8,1 milliards, contre la prise en charge, par les pouvoirs publics, de la partie financière du plan social, estimée en ce moment-là à plus de 4 milliards de francs.

Le résultat final de l’opération est mieux expliqué par les paroles de Kibily Touré : «D’un côté, nous avons 8,1 milliards de francs Cfa de recettes auxquelles nous devons soustraire 8, 957 milliards de francs de dépenses publiques. Au final, nous avons un déficit de 857 millions de francs Cfa».

On peut rappeler que M. Touré et ses partenaires de la filière arachide au Sénégal (Cncr, Asprodeb, Uncas, Unis, Fnofps, Fongs, Fnofps-T, Ccpa…) ainsi que des opérateurs industriels européens de Proléa, regroupant Sofiprotéol, Lesieur, Agropol, avaient présenté une offre rivale de celle d’Advens. En lieu et place d’une offre de rachat, Guerté Sénégal avait avancé l’idée d’un contrat de gestion, assorti d’une option de rachat à partir de 2007. C’était, selon le consortium, pour leur permettre de mieux évaluer la Sonacos. En contrepartie, le consortium aurait versé une redevance annuelle au Sénégal. L’offre avait été rejetée par la Cellule de gestion et de contrôle du portefeuille de l’Etat, qui pilotait l’opération de privatisation.

NOMBREUSES FAVEURS

Cependant, pour revenir à cette fameuse privatisation, on se rend compte que, non seulement, le repreneur n’a rien apporté au Sénégal, mais au contraire, la cession de l’entreprise huilière a produit un déficit net dans le Trésor public. Cela a été reconnu en son temps par le Premier ministre Macky Sall. Ce dernier a été obligé de reconnaître, sur la radio française Rfi, en juillet 2006, que l’Etat a dû apporter son soutien financier au repreneur Advens. «La question est de savoir pourquoi tant de faveurs et d’errances», s’interroge le président de Guerté Sénégal. D’autant plus que l’on s’est rendu compte que ces largesses n’ont pas encore pris fin.

Il faut inclure, dans le soutien dont bénéficie la Sonacos de la part de l’Etat, deux enveloppes financières de 10,350 milliards la première et de 9,18 milliards la seconde, qui ont été octroyées par le conseil des ministres du 18 avril 2005. Il s’agissait sans doute, de permettre au repreneur de garantir sa créance off shore pour acquérir l’arachide auprès des producteurs, et d’en finir avec les bons impayés balancés aux producteurs. Cependant, à ce soutien, on pourrait également ajouter une autre enveloppe financière de 12,260 milliards de francs Cfa, dégagée en conseil interministériel en 2006, pour a-t-on dit, soutenir l’arachide de bouche. Or, à ce jour, la production de l’arachide au Sénégal n’inclut pas cette fameuse arachide de bouche, qui reste encore très virtuelle. Et par ailleurs, certaines des plus importantes obligations du cahier des charges ne semblent plus intéresser le repreneur, une situation qui, de l’autre côté, laisse de marbre l’Etat.

Pour illustrer, le dossier d’appel d’offres stipule sur ce point que, «le Gouvernement recherche un Partenaire stratégique incluant au moins un opérateur professionnel expérimenté du secteur de l’agro-alimentaire et du négoce de matières premières. Le Partenaire stratégique devra également présenter une situation financière de bon standing (…). Les deux activités actuelles essentielles de la Sonacos (la trituration d’arachide et l’exportation d’huile d’arachide ainsi que l’importation et le raffinage d’huile végétale brute) ainsi que le développement de la filière arachide au Sénégal devront être stimulés. Des projets de diversification des activités de la Sonacos seront également encouragés».

La Sonacos, devenue Sunéor, continue d’exporter de l’huile d’arachide, mais semble donner la priorité à l’importation de l’huile végétale brute qu’elle raffine sur place et revend sur le marché local, en retirant une belle plus-value, en passant. Sans compter la taxe que paient les autres importateurs de l’huile végétale raffinée, et qui est reversée à la société privatisée.

Tout ce qui, aujourd’hui, grossit le manque à gagner de l’Etat du Sénégal dans cette entreprise de privatisation.  



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