Ce sont 28 794 tonnes d'engrais qui restent à être livrées à l'Etat sénégalais. Et, les Industries chimiques du Sénégal, qui se trouvent dans des difficultés financières, risquent de ne pouvoir honorer leurs engagements. La Senchim, filiale des Ics, attend toujours l'argent promis par l'Etat pour pouvoir acheter les matières premières nécessaires à la production des engrais. La société ne dispose plus de d'urée et de potasse, des intrants à la fabrication des engrais.
C'est la combinaison de l'acide phosphorique avec l'ammoniac et la potasse qui permet de produire les engrais ternaires de type Npk qui sont fabriqués par les Industries chimiques du Sénégal. En effet, l'azote (N), le phosphore (P) et le potassium (K) sont les éléments nutritifs indispensables à la plante. ‘Nous avons besoin de 10 000 tonnes de potasse nécessaires à la production des quelque 20 000 tonnes d'engrais qui restent à livrer. Du fait des difficultés financières des Ics et du retard enregistré dans la commande de l'Etat (un mois de retard, Ndlr) que ces manquements ont été notés cette année. L'Etat s'était engagé à débloquer 5 milliards de francs pour subventionner les engrais’, rappelle un des responsables de la filiale des Ics. C'est à Mbao, à environ 20 km de Dakar, que les Ics disposent d'une unité de fabrication d'engrais complexe d'une capacité de 250 000 tonnes par an.
L'essentiel de ces engrais granulés est destiné au marché de la sous-région ouest-africaine, principalement pour les besoins agronomiques de la culture du coton, de l'arachide, du maraîchage, des céréales, etc. Le Mali, le Bénin, le Togo, le Burkina Faso, etc. importaient l'engrais du Sénégal.
Les difficultés auxquelles sont confrontées les Ics risquent donc d'avoir des conséquences sur les rendements agricoles au Sénégal, voire dans la sous-région. Alors que les objectifs de production escomptés cette année par le ministère de l'Agriculture est de : 1 million de tonnes pour le maïs, 1 million de t pour le manioc, 100 000 t pour le sésame, 10 000 t pour le fonio, 5 000 t pour le tournesol et autant de tonnes pour le bissap. Or, à la date du 30 juillet dernier (à 22 heures, Ndlr), les chiffres des Ics portaient sur des livraisons d'engrais de seulement : 1 398 t, 1017 t et 291 t respectivement pour l'arachide, le maïs et le mil sorgho, soit un total de 2 706 tonnes. La commande de l'Etat est de 31 500 tonnes pour les différentes spéculations (arachide, maïs, riz, tomate, manioc et mil sorgho). Le quota restant à être livré est de 28 794 tonnes.
La Senchim n'est plus aujourd'hui à mesure de produire des engrais pour les paysans, faute de liquidités pour se payer les 10 000 tonnes de potasse. Ce qui aurait une incidence sur les rendements de la prochaine campagne. ‘Nous ne pouvons encore rien présager quant à l'impact des ces impairs sur les rendements agricoles. C'est par rapport à l'avancement de l'hivernage que nous pourrons juger cela. Et seuls nos agents, qui sont sur le terrain, peuvent dire s'il y a vraiment retard ou pas’, souligne notre source. Cependant, précise ce cadre de la Senchim, il y a une urgence pour le mil et l'arachide. Les autres spéculations maraîchères comme le riz peuvent encore attendre. ‘Seuls les produits sous pluie pourront souffrir de ce retard dans la production des engrais’, soutient-il. Il s'empresse de préciser que tous les ans, il y a toujours un retard dans la livraison des engrais. Mais la Senchim a besoin de l'aide financière de l'Etat pour finaliser l'opération.
Une aide qui va bientôt tomber. ‘Le ministère de l'Economie et des Finances s'est engagé à domicilier tous les paiements des Ics à la Caisse nationale de crédits agricoles du Sénégal (Cncas) qui n'avait pas encore donné suite à la demande formulée par les Ics d'ouvrir des lettres de crédit pour financer l'urée et la potasse’, rapporte une source officielle. Ces documents sont estimés à 3 milliards de francs nécessaires à l'approvisionnement en urée et en potasse. En plus, ce sont 5 milliards de francs que le gouvernement va loger dans les comptes de la Cncas. Il s'y ajoute l'achat d'ammoniac auprès de la Sonacos pour un montant de plus de 1 milliard de francs. ‘Les Ics comptent tout faire pour reprendre la production des engrais qui était rendue difficile par le Crédit agricole (Cncas, Ndlr) qui n'avait pas répondu favorablement à la requête de la direction générale des Ics. Aujourd'hui, tout semble réglé vu les bonnes dispositions prises par l'Etat pour la reprise de la production des engrais’, assure-t-on du côté des autorités gouvernementales.
Pour parer à toute éventualité, le ministère de l'Agriculture a lancé un appel d'offres à travers les journaux pour l'approvisionnement en engrais.
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