Le président Wade, qui n’en est pas à sa première réaction sur le sujet du rapatriement des capitaux, a dénoncé, hier encore, à l’ouverture de la table-ronde des ministres, en prélude aux assemblées annuelles, la fuite des capitaux. Selon le président de la République, c’est plus de 4 000 milliards de francs Cfa qui dormiraient dans les banques étrangères. ‘Chaque fois, je demande ce rapatriement des fonds, on me répond que c’est compliqué. (…) De grâce, ramenez-nous notre argent’, a exigé Me Wade qui trouve anormal que ‘plus de 4 000 milliards de francs dorment à l’étranger au moment où le Sénégal cherche, depuis des mois, 100 milliards de francs Cfa, sans arriver à les trouver’. Selon Wade, l’Afrique de l’Ouest pourrait s’auto-financer si ces fonds étaient retournés aux pays d’origine.
L’occasion était propice pour Me Wade qui a exprimé ses attentes des institutions de Bretton Woods, notamment le Fonds monétaire international. Selon Abdoulaye Wade, le système des quote-parts du Fmi, défini proportionnellement au poids économique des pays ‘semble démocratique mais ne l’est pas’. Il estime que les Droits de tirage spéciaux (Dts) doivent être modifiés pour que les économies fragiles bénéficient de financement, à la hauteur de leurs besoins de développement et non en fonction de leur taille. Wade qui avait à ses côtés, le président burkinabé Blaise Compaoré, propose que les pays émergents bénéficient de 5 à 10 % des financements du Fonds monétaire, les pays en voie de développement pour ce qui les concerne, pouvant accéder, jusqu’à 20 %, aux ressources. Le plus fort taux de crédit devrait ainsi être accordé aux pays pauvres, suggère le président Wade, qui avance l’idée de mise en place d’un système de Dts ‘spécial’ pour l’Afrique pour que l’on ’donne plus au plus pauvres’.
Le président de la République a, par ailleurs, déclaré que ‘la crise financière n’est qu’un aspect de la crise de gouvernance mondiale’. Aussi, estime-t-il qu’il faut ‘revoir la gouvernance mondiale’, notamment des institutions financières, réglementer le marché financier et boursier. Il a, néanmoins, félicité le président de la Banque africaine de développement, Donald Kaberuka pour le travail accompli par l’institution financière qu’il dirige. ‘La Bad répond à nos attentes à une époque où les ressources se font rares’, soutient-il.
La crise financière ne peut avoir de solutions financières, selon Wade qui relève, par ailleurs, que le renflouement des banques est une réaction positive pour relancer l’économie, mais elle ne peut être une solution à la crise.
Les experts financiers présents aux Assemblées annuelles de la Bad ont expliqué que l’Afrique n’a aucune responsabilité dans l’éclatement de la crise mondiale. Néanmoins, les solutions pourraient être trouvées dans le continent noir. En ce sens, le président sénégalais soutient que ‘les crises naissent en Europe mais ne peuvent trouver des solutions qu’en Afrique’ où les ressources humaines et naturelles sont disponibles. Et Wade propose que ‘les capitaux spéculatifs’ soient réinvestis en Afrique où, ‘d’autres réformes’ doivent être adoptées pour booster la croissance de la région.
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