Selon le personnel sénégalais de l’Asecna, ainsi que les aiguilleurs du ciel, toute la fébrilité dont fait montre leur ministre de tutelle, Farba Senghor, n’a pour but que de s’approprier les 46 milliards de francs que rapporte la Fir, confiée par l’Oaci à l’Asecna. Même s’il faut pour cela, faire sortir le pays de l’organisation communautaire. Droit que les travailleurs dénient à M. Senghor.
Encensé hier, pour son rôle dans la résolution de la crise scolaire, Farba Senghor se retrouve, aujourd’hui, cloué au pilori par le Syndicat des aiguilleurs du ciel (Sacs).Très remontés contre leur ministre de tutelle, le Sacs et ses homologues des autres syndicats de l’aéronautique constitués en intersyndicale, menacent de paralyser l’aéroport Léopold Sedar Senghor dans les prochains jours. L’intersyndicale qui vient de déposer un préavis de grève, demande entre autres, «l’arrêt systématique et sans condition de la violation de la Convention et le retour définitif du pays au sein de l’Asecna ainsi que la restitution des sommes confisquées depuis le 10 mai 2008». Par ce geste relayé par le Syndicat des aiguilleurs du ciel, les travailleurs de l’Asecna montrent leur total désaccord devant les agissements de leur ministre de tutelle Farba Senghor.
Les raisons de ce courroux ont été révélées hier, lors d’une conférence de presse à l’hotel Ngor Diarama, au cours de laquelle les aiguilleurs ont vivement dénoncé les agissements pour le moins cavaliers et aux antipodes des règles diplomatiques de leur ministre de tutelle. En effet, rappellent-ils, après avoir procédé à la récupération des activités aéronautiques nationales des mains de l’Agence nationale pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna), le ministre des Transports aériens et de l’Artisanat tourne son regard vers les redevances de balisage et d’atterrissage. D’un montant de 46 milliards, ces redevances qui aiguisent l’appétit du ministre, sont pourtant régies par des dispositions très claires, qui stipulent que pour le balisage, les redevances vont totalement à l’Asecna qui non seulement, met en place le matériel adéquat mais également prend en charge le personnel et la maintenance des infrastructures. Pour l’atterrissage, une clé de répartition alloue 44% des redevances au centre de Dakar. Et depuis le 8 mai dernier, soulignent les aiguilleurs, le Sénégal s’est «indûment approprié» les recettes qui découlent des Fir (Régions d’information de vol) océaniques et terrestres, confiées au centre de Dakar par l’Asecna et l’Organisation internationale de l’aviation civile (Oaci).
Pour les travailleurs, le ministre leur a causé un autre préjudice en leur faisant endosser la paternité d’un mémorandum demandant le retrait du Sénégal de l’Asecna. «Il n’en est rien», explique Habib Mbaye du Sacs, qui rappelle que le document de son organisation date de 2004 et n’abordait nullement cette question. Le Président de l’Association des aiguilleurs du Sénégal, Chérif Ka, soutient, pour sa part, que les prétentions du ministre sont infondées, dans la mesure où le Sénégal ne totalise en terme de superficie que 6% de la Fir terrestre quand un pays comme la Mauritanie, en compte 31%. En voulant verser dans son escarcelle l’argent généré par la gestion de cette Fir, qui s’étend sur les sols sénégalais, mauritanien, gambien et bissau-guinéen, Farba Senghor est en train de mener «une véritable opération de déstabilisation de l’Asecna», dont les effets commencent d’ailleurs à se faire sentir. En effet, les agents de l’Asecna disent ne plus jouir de la même crédibilité auprès des institutions financières et des services sanitaires.
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