Senegal : Un manque de politique bancaire, un frein à l’essor des banques nationales

« Il ne peut y avoir de développement durable sans un système bancaire fort et efficace ». Si l’on se réfère à cette déclaration du banquier à la retraite, Abdoul Mbaye, le Sénégal a des soucis à se faire. En effet, selon ce dernier qui animait une conférence sur les Systèmes bancaires de l’UEMOA, plus de 72% des banques dans notre pays sont détenues par des capitaux étrangers. Ce qui, selon lui, constitue un sérieux handicap pour les banques nationales. 

 

Cependant, il ne faudrait pas perdre de vue que si les banques nationales en sont à ce niveau bas, c’est la faute à un manque de politiques bancaires de nos gouvernants, c’est du moins la conviction de M. Mbaye. « Nos Etats n’ont jamais eu une réelle volonté de mettre en place des politiques bancaires fortes permettant à nos banques de jouer pleinement leur rôle », dit-il. Et selon M. Mbaye, les Etats ont pensé qu’en créant des banques tous azimuts, il y aurait des effets sur le taux de bancarisation, ce qui n’est pas du tout le cas. 

 

Parce que, dit M. Mbaye, le taux de bancarisation reste cloué entre 5 à 6% au Sénégal alors que le Maroc, qui compte pourtant moins de banques, en est à près de 30%. Un autre fait, qui peut expliquer la faiblesse de nos systèmes bancaires nationaux, c’est le faux-départ noté après les indépendances. « Les systèmes bancaires créés après les indépendances ont connu beaucoup de défaillances, notamment dans la gestion et ce sont des problèmes qui n’ont jamais été corrigés », se désole M. Mbaye. Aussi alarmante que soit la situation, des solutions restent possibles. « Il faudrait que les banques pensent à se fusionner », propose M. Mbaye.

 Aussi, préconise-t-il une hausse du capital minimum qui est aujourd’hui à 10 milliards à près de 20 milliards. « Ceci permettra d’abord de prévenir les risques de faillite, mais permettra aussi aux banques pas assez fortes de se regrouper », analyse-t-il. Cependant, il ne faudrait pas que cette fusion entraine la mort de la libre-concurrence.

 

La Rédaction