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SITUATION DE LA SENELEC - Entre optimisme et doute

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SITUATION DE LA SENELEC - Entre optimisme et doute

La « Task-force » mise en place par l’arrêté n° 06263 du 24 septembre 2002 et composée de représentants de l’Etat, des bailleurs de fonds (Banque mondiale et Agence française de développement (Afd) parle de « progrès importants… » attendus à la Société nationale d’électricité (Senelec) pour 2006-2007. On affiche ainsi l’optimisme au sein de l’entreprise où l’on déclare avoir mobilisé de 2004 à nos jours, 176 milliards de Fcfa d’investissements.

La Senelec est le principal acteur du secteur de l’électricité. Société anonyme dont la totalité des actions est détenue par l’Etat, elle a ainsi le monopole du transport de l’électricité de même que l’exclusivité de la distribution dans son périmètre. Quant à la production, on note que le pouvoir libéral a fait droit à la concurrence avec l’implantation autorisée de producteurs indépendants d’électricité (Gti, Kounoune Power) et l’importation d’énergie à partir de la centrale hydroélectrique sous régionale de Mantali. La Commission de régulation du secteur de l’électricité (Crse) et l’Agence d’électricité rurale (Aser) constituent les deux autres mamelles du secteur. Ces deux structures qui complètent la panoplie « électrique » du pays ont été mises en place par la loi n° 98-29 du 14 avril 1998. La Crse est chargée de superviser les relations contractuelles entre les entreprises de production et celles de transport et de distribution. Tandis que l’Aser s’occupe du développement et de la gestion de l’électrification dans les zones rurales non encore électrifiées.
Après ce qu’il est convenu d’accepter comme un échec, les opérations de privatisation de la Senelec réalisées en 1999, l’Etat s’est résolu à introduire de nouveaux changements institutionnels. Ces changements visant la restructuration de l’industrie électrique et la répartition des rôles entre l’Etat et le secteur privé, dans le dessein de garantir la satisfaction des besoins en énergie électrique en quantité suffisante, en qualité et au meilleur prix de cession aux consommateurs. C’est ainsi que le 24 septembre 2002, le gouvernement par l’arrêté n° 06263 met en place un groupe de travail technique dénommé « Task-force » composé de représentants de l’Etat et des bailleurs de fonds pour définir les axes d’évolution de la Senelec, « étudier les options institutionnelles alternatives et les modalités de mise en œuvre du programme d’urgence d’investissement. En particulier, le renforcement du parc de la production en raison de la dégradation de l’outil de production et des besoins de développement des infrastructures… »

Les principales contraintes

En dépit de la mise en place de la Lettre de politique de développement du secteur de l’énergie (Lpdse) du 9 avril 2003, née des suggestions de la Task-force, en termes de désengagement de l’Etat, l’expérience de la deuxième tentative,-après celle d’Elyo-Hydro Quebec dont on sait ce qu’il en est advenu,-de privatisation a montré que le principal obstacle à la conclusion d’un accord de partenariat entre l’Etat et les candidats à la reprise de la Senelec avait notamment pour origine la difficulté pour ces derniers à mobiliser le financement de l’investissement de portefeuille, en plus du programme d’investissement.
C’est ainsi que durant et après la période de privatisation « ratée » de 1999, la Senelec a connu des difficultés pour mobiliser les ressources financières requises pour réaliser son programme d’investissement, malgré la vétusté de son réseau de transport et de distribution et de son parc de production. Le parc étant à plus de 85% thermique et fonctionne au combustible liquide avec des coûts d’exploitations exorbitants liés notamment au renchérissement des prix des produits pétroliers.
Cette situation s’est transcrite par un taux d’électrification du pays relativement bas, de faibles performances techniques et financières et des déficits de production. Le développement par ailleurs, des centrales privées initialement prévues pour faire face à la forte croissance annuelle de la demande d’électricité, a rencontré un engouement mitigé pour ne pas dire rétif de la part des promoteurs privés. Pourquoi ? On pense au niveau de la Task-force que la lourdeur des investissements nécessaires ainsi que des aléas liés au renchérissement des coûts pétroliers, sans oublier le cadre institutionnel relativement contraignant pour eux, ainsi que la faiblesse du marché n’ont pas été étrangers à ce peu d’empressement des promoteurs privés. Toujours est-il qu’il faut ajouter à ces contraintes réelles, le fait que les états financiers de la Senelec de 2002-2003 qui font suites au transfert à l’Etat par la loi 2002-01 du 10 janvier 2002 de la propriété des ouvrages électriques n’ont pas été certifiés.

Le marché financier international au secours de la Senelec

Malgré le fait que le poste « achat de matières premières et fournitures liées », pour ne pas dire du fuel, a induit une variation de 32.867.369.770 Fcfa en valeur absolue et 51,35% en valeur relative entre 2004-2005, la Senelec a démarré un vaste programme avec la construction des centrales de Kounoune I (Ipp de 67,5 Mw), de Bel Air, de Boutoute-extension, de la ligne haute tension Sococim-Mbour. L’appel d’offres, apprend-on de la centrale Kounoune II est en phase finale. Tandis que la ligne haute tension Tobène-Touba –Kaolack est en phase de pré démarrage… Tous ces projets ont nécessité un investissement global de 176 milliards de Fcfa mobilisé au niveau du marché financier international. Une prouesse qu’on ne manque pas de saluer à la Senelec. Ainsi selon la direction, malgré le fait que le renchérissement des coûts pétroliers n’a pas manqué d’affecter l’embellie et de susciter des craintes avec le retour des délestages tout en occasionnant un important déficit sur les comptes d’exploitations,-déficit qui, dit-on à la Senelec, par une réaction prompte et appropriée a été contenu dans les limites de l’acceptable, moins de 3 milliards de Fcfa, assure-t-on,- les programmes d’investissement pour la modernisation de l’outil et son expansion sont en bonne voie, déclare Samuel Sarr.

Le grain de sable de Mme Fall Haby Dieng, cadre à la Senelec

L’optimisme affiché par la Senelec est cependant tempéré de l’intérieur. Mme Fall, Haby Dieng cadre à la Senelec a, dans une correspondance relativement salée, adressée via le net aux responsables de sa boîte, avertit que l’entreprise « court vers le clash ». Selon sa missive accessible dans le net, elle déclare sans sourciller, «qu’on ne peut pas se permettre de dépenser 195 milliards alors qu’on a un chiffre d’affaires de 140 milliards F Cfa. Les contrats à durée déterminée sont passés de 200 à 800 », suggérant au passage que la gestion de la boîte laissait à désirer. La « cadre » ajoute sur ce chapitre qu’à «la lecture des différentes charges de la société, en dehors des consommations de combustibles, passées d’environ 41 milliards en 2004 à 71 milliards en 2005, tous les autres postes de charges ont subi entre 2003-2004 et 2004-2005, des hausses inconsidérées. Résultat : un déficit de trésorerie de 13 milliards, malgré la subvention de 23 milliards octroyée par l’Etat du Sénégal pour compenser la hausse du coût du combustible». Cherchant à étayer ses dires, la syndicaliste qui semble ne pas s’être cependant concertée avec ses camarades, si l’on en croit certains d’entre eux, joints au téléphone, affirme constater « que pour ce qui est du volet transport et déplacement, chiffré à 403 millions F Cfa, les charges sont passées à 1,173 milliard en 2004, soit un dépassement de 191%. Ce poste a enregistré des hausses suite aux formations à l’extérieur tous azimuts car les perdiem et les billets d’avion sont enregistrés dans ce même poste». Pour ce qui est des frais du personnel, révèle toujours ce cadre, «la Senelec est passée de 7,8 milliards en 2003 à 15 milliards en 2004 et 19 milliards en 2005, soit respectivement, des taux de variations entre 2003 et 2004 de...99%…et entre 2004 et 2005 de 21% ». Ajoutant néanmoins que pour ce qui est de ce poste, «aussi bien la responsabilité de la Direction générale que celle des agents sont engagées ». Car, remarque l’auteur de la lettre, «beaucoup ont voulu embaucher un parent ou un proche». C’est pourquoi, les contrats à durée déterminée (Cdd), dit-elle, sont passés de 200 à 800. Suit tout un développement sur les autres postes de dépenses et de gestion où elle dit relever des anomalies ou des manquements qu’elle juge graves.

Réagissant cependant à cette sortie, M. F. un cadre administratif, de la société, membre du Syndicat Sutelec trouve la sortie de Mme Fall, « exagérée, fantaisiste et simplement malveillante ». Selon lui, « cette sortie vise en définitive, une opération de propagande en direction du congrès du Sutulec pour déstabiliser Mademba Sock dont le mandat est arrivé à terme… ». Pour la direction qui attend d’être plus amplement informée sur les déclarations avancées par la « cadre » et la certification des comptes des exercices indexés, l’essentiel est ailleurs. Il est selon elle, « dans l’exécution des programmes définis et supervisés par la Task-Force où siègent les bailleurs de fonds aussi bien que les représentants du gouvernement, actionnaire unique et principal de la société ».


 



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