En dehors de la reprise annoncée de la croissance (3,4 % et 4,1 % respectivement pour 2010 et 2011), l’économie sénégalaise présente plusieurs signaux qui augurent d’une période de stabilité et de redressement global.
Serait-ce le bout du tunnel pour le Sénégal ? En effet, il ressort du livre IV (bilan macroéconomique) du Fmi que le taux de croissance devrait se situer autour de 3,4 % en 2010 et à 4,1 % pour 2011, même si la Dpee n’a constaté qu’un taux de 2,1 % au premier semestre 2010.
Interrogée par le magazine « Jeune Afrique l’Intelligent », Mme Valeria Fichera, représentante permanente du Fmi à Dakar, déclare : « si le gouvernement accomplit toutes les réformes prévues, la croissance pourrait atteindre 5 à 6 % après l’échéance électorale de 2012 ». Elle ajoute : « le gouvernement a respecté ses engagements en améliorant la gestion et la transparence des Finances publiques. Mais, poursuit-elle, il ne doit plus recourir aux subventions, car il s’agit d’une méthode qui n’assure pas une bonne redistribution des ressources. Il n’y a pas de transfert aux ménages pauvres. C’est la leçon tirée des subsides sur le carburant, qui ont profité aux plus fortunés ».
Pour rappel, en 2009, ces subventions ont atteint 225 milliards de Fcfa. Après ces « dérapages budgétaires » et l’apurement de la dette envers le secteur privé, le Fmi se dit confiant et ne voit pas de risques majeurs se profiler à l’horizon.
La question de l’environnement des affaires sur le tapis
Même le déficit public, passé de 4,9 % du Pib en 2008 à 8,1 % en 2009, devrait revenir à 6,9 % en 2010. Cependant, il faut souligner quelques ombres à ce tableau : le Sénégal figure parmi les moins bons élèves africains concernant sa capacité à rembourser sa dette. Mais la stabilité de la note (BBB-) délivrée par l’agence américaine Standard & Poor’s devrait rassurer les investisseurs qui, du reste, ont montré leur confiance en portant les investissements privés à 1.188 milliards de Fcfa pour la seule année 2009, soit le triple d’il y a dix ans.
Toutefois, « le Sénégal doit continuer à œuvrer à la normalisation complète de ses relations avec le secteur privé », prévient le Fmi.
Pour ce qui est de la protection des investisseurs, la Banque mondiale n’attribue que 3 points sur 10 au Sénégal. Et certains chefs d’entreprises se plaignent régulièrement de l’environnement des affaires. Faut-il y voir un lien avec le recul des Investissements directs étrangers (Ide) - passés de 122 milliards de Fcfa en 2008 à 98 milliards en 2009 - au profit des investissements locaux ? En tout cas, l’Apix indique que « les Sénégalais sont les premiers investisseurs, devant les étrangers ». Il faut tout de même souligner l’implication croissante des pays arabes et asiatiques.
Par ailleurs, le secteur touristique, dont l’activité a chuté de 18,2 % en 2009, ne représentant plus que 1,5 % du Pib, peine à concrétiser ses ambitions. Même les télécoms (8 % en 2009 et 5 % en 2010 d’après les prévisions, contre une croissance annuelle de 18,8 % entre 1997 et 2007, soit plus de 7 % du Pib), les Btp et l’agrobusiness, secteurs-phare de l’économie sénégalaise, n’ont pas échappé au recul général. En revanche, le secteur primaire (qui devrait représenter 14 % du Pib en 2010) continue de tirer profit de la Goana.
Dans le même sillage, le secteur secondaire poursuit une timide reprise (+1,8 % en 2009, contre -2,8 % en 2008). Tous ces bons indicateurs restent néanmoins suspendus, en grande partie, à la poursuite et à l’achèvement d’un certain nombre de réformes, notamment la réforme du secteur énergétique. Les experts redoutent également l’impact de la crise grecque sur les économies africaines. Mais la bonne santé des Ics, la tenue des promesses d’investissements de Dubaï Port World, l’arrivée de Sénégal Airlines et la montée en puissance d’hommes d’affaires locaux investissant massivement dans différents secteurs sont perçus comme autant de signes qui incitent à l’optimisme.
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