SUGGESTION : Les marchands ambulants veulent être recensés, formalisés et payer des taxes, pour mieux travailler

Dakar, 10 oct (APS) - Les marchands ambulants ont suggéré vendredi au ministre du Commerce un recensement, une identification et une immatriculation de l’ensemble des personnes intervenant dans leur secteur en vue de leur permettre de travailler dans de meilleures conditions et de payer des taxes, afin de mieux contribuer au développement de l’économie nationale.

Les 12 représentants des marchands de la capitale qui parlaient vendredi au ministre de la Fonction publique, de l’Emploi, du Travail et des Organisations professionnelles, Innocence Ntap Ndiaye, venue les rencontrer pour recueillir leurs doléances, ont abordé la nécessité pour les autorités, de procéder à leur recensement, leur identification et leur immatriculation pour sécuriser leur activité.

Mme Ndiaye s’était rendue au marché Sandaga, principal lieu de prédilection des marchands ambulants de la capitale, dans le cadre de la deuxième étape de la caravane ‘’Disso’’ organisée en perspective du colloque international sur la formalisation de l’économie formelle prévu du 20 au 24 octobre prochains à Dakar.

‘’Tous les marchands ambulants doivent être recensés, identifiés et formalisés pour pouvoir payer des taxes afin de pouvoir contribuer au développement de l’économie nationale’’, a déclaré devant le ministre le représentant du Comité de réflexion sur la réunification du mouvement des marchands ambulants, Gawane Wade.

Sur la même lancée, M. Wade a également proposé que leur soit trouvés des sites pouvant abriter des centres commerciaux à la portée de leur bourse, afin de régler le problème d’espace auquel ils sont confrontés et qui les oblige à faire les rues pour écouler leurs marchandises.

Abondant dans le même sens, Balla Diouf, représentant des marchands ambulants de l’avenue Ponty, a plaidé pour que soient mis en place des centres commerciaux à des tarifs réduits à l’intention de ces commerçants.

Selon Elhadji Fallou Fall, qui a parlé au nom des ambulants de Petersen, quelque 820 cantines ont été détruites et leurs propriétaires indemnisés à hauteur de 477.000 francs CFA chacun. Une somme qui, à son avis, n’est pas suffisante pour permettre à ces vendeurs dont la valeur des marchandises tourne généralement autour de 100.000, de se procurer un local dans les centres commerciaux de la place.

‘’Qu’on ne nous fasse pas des promesses sans suite’’, a-t-il encore lancé, précisant que d’autres ministres étaient passés les voir, sans que leurs préoccupations ne soient résolues.

Mais Moustapha Guéye, du rond-point Ponty-Lamine Guéye, a insisté sur la nécessité de formaliser les marchands ambulants là où ils exercent. Il a proposé que soient créés des prototypes, ne serait-ce que des espaces de 50 centimètres pour chacun, comme cela se fait en Europe.

Soulignant que les marchands ambulants constituent 90% du secteur informel, il a invité le ministre de l’Emploi à leur faciliter l’accès au crédit, aux soins de santé à travers la création de mutuelles et de banques.

Abordant l’importance de leur activité, Moulaye Seck représentant des ambulants de Peytavin a lancé : ‘’c’est une bouée de sauvetage pour des personnes qui allaient se noyer dans une mer de pauvreté’’. ‘’Combien sont-ils à dépendre de ce secteur’’, s’est-il interrogé, notant qu’il a été très étonné quand les autorités ont voulu les déloger.

‘’Parmi nous, il y a des diplômés, des mécaniciens qui n’ont pu trouver un atelier, il y a des chauffeurs détenteurs de permis mais qui n’ont pu trouver de voiture’’, a souligné à ce propos Balla Diouf.

Le responsable des marchands ambulants Mor Maty Sarr, a également suggéré que cette immatriculation des vendeurs sur une base de 50 cm, entre en vigueur, notant que le fait que les étals se serrent ne constitue pas un problème, mais au contraire participe du dynamisme du marché.

Les marchands ont entre autres, souligné leur besoin de formation et suggéré la mise en place d’un système d’éducation gratuit pour combattre l’ignorance dans leurs rangs.

‘’Nous devons éviter que la fonction de marchands ambulants empêche la fluidité de la circulation (…) nous devons éviter d’occuper anarchiquement les rues’’, a toutefois reconnu M. Wade.

Innocence Ntap Ndiaye, prenant la parole, a indiqué que dans ses services, il y a des inspecteurs dont le rôle est d’effectuer des recensements. ‘’Vous formaliser est chose facile’’, a-t-elle lancé aux vendeurs, ajoutant qu’il serait aussi utile de les orienter par rapport aux modalités de création d’une entreprise.

‘’Avec l’APIX, on peut créer une entreprise en 48 heures’’, leur a-t-elle dit, se félicitant d’avoir trouvé un répondant à la vision politique de l’Etat sur cette question chez les responsables des marchands.

Deux jours après le colloque, un symposium national sera organisé pour étudier les modalités de mise en œuvre des recommandations qui ont été faites, a indiqué Mme Ndiaye.