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TABLEAU ECONOMIQUE DU SENEGAL VU PAR L’OCDE : Pas flatteur du tout

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TABLEAU ECONOMIQUE DU SENEGAL VU PAR L’OCDE : Pas flatteur du tout

Dans son Rapport 2007 sur les "perspectives économiques en Afrique", l’Ocde (Organisation de coopération et de développement économiques) dresse sans complaisance un tableau économique du Sénégal pas flatteur du tout. Entre faiblesses structurelles, gestion budgétaire et environnement des affaires "encore trop peu favorable à l’investissement", le Sénégal sous plusieurs aspects aux yeux de l’Ocde, inspire inquiétudes et autre scepticisme. 

Conjonction de facteurs défavorables. Ces facteurs, au-delà de la dimension conjoncturelle, ont trait à la vulnérabilité et aux faiblesses structurelles qui persistent au Sénégal comme le caractère peu porteur de ses secteurs exportateurs – l’arachide, la pêche et les phosphates – au niveau international et qui reflètent, selon l’Ocde, les problèmes rencontrés en 2006 par le Sénégal qui, après 5,5% de croissance en 2005, affiche un taux de croissance d’à peine 3% en 2006, rappelle l’Organisation. Des faiblesses qui peuvent être imputées au manque de diversification de l’économie mais, indique le rapport, à un environnement des affaires "encore trop peu favorable à l’investissement,et notamment aux investissements directs étrangers" malgré quelques avancées qui n’ont pas cependant empêché la congestion aggravée de Dakar, les incertitudes préélectorales de peser sur l’investissement privé.

Dans un contexte agricole de "dégradation", le raport de l’Ocde évoque des estimations de fin 2006 qui tablaient sur un recul de 24 % de la production de céréales, la filière arachidière, secteur moteur de l’agriculture sénégalaise ayant notamment affiché une production de 494 000 tonnes en 2006, soit une baisse de 30 % et un niveau bien en deçà de la moyenne des cinq dernières années. Une baisse qui témoigne des difficultés structurelles de la Suneor (ex-Sonacos, Société nationale de commercialisation des oléagineux du Sénégal), la principale société sénégalaise de triturage des graines d’arachide et de raffinage d’huile brute alimentaire. La Suneor, rappelle l’Ocde, a été privatisée en 2003 mais, précise l’Organisation, "est portée à bout de bras par l’État sénégalais" à travers de très larges subventions en amont comme en aval. Que ce soit les secteurs primaire comme secondaire, lOcde met en exergue les souffrances conjoncturelles mais surtout structurelles qui frappent l’activité. Morosité ambiante dans le contexte duquel le gouvernement sénégalais, comme le rappelle l’Ocde, a lancé une initiative de grande envergure, le plan Reva (Retour vers l’agriculture), destinée à redynamiser le secteur agricole, désormais considéré comme une de ses priorités. Mais c’est pour indiquer que si de fait les objectifs du plan Reva sont en ligne avec la problématique de sécurité alimentaire développée dans le DSRP-II, il reste que, fin 2006, "l’articulation du Reva à la SCA était encore très imparfaite". Le rapport de préciser que le plan Reva a également suscité le "scepticisme" par son caractère très "administré et volontariste", sa grande ambition ( le retour à l’agriculture ) et l’ampleur des financements à mobiliser (237 milliards de francs CFA dans la phase pilote 2006/08). Surtout, le plan Reva n’avance que "marginalement" sur la voie des réformes, difficiles socialement mais indispensables à la modernisation de l’agriculture et de la pêche sénégalaises, poursuit l’Ocde.

Quand le Sénégal inquiète

Les difficultés conjoncturelles et structurelles "catastrophiques" des Ics, la Sar, la Sénélec ont également été passées en revue dans le rapport de l’Ocde. Par ailleurs, si l’Ocde veut ben croire à une capacité de rebond pour 2007, avec les perspectives de règlement des difficultés des Ics, de la Sénélec, de la Sar et à plus long terme la poursuite des grands travaux, le tout sur fond de financement du DSRP-II, l’Ocde doute néanmoins de la capacité du pays à absorber l’ensemble de ces investissements. Un bon point tout de même de la part de l’Ocde relativement à la situation budgétaire du Sénégal qui, de fait, reste "saine", selon l’Organisation qui précise aussitôt que le pays n’en a pas moins connu une forte détérioration de ses finances publiques fin 2005 et en 2006 alors que les recettes publiques se sont bien comportées.

En réalité, les importants "dérapages" enregistrés dans l’exécution de la loi de finances 2006 sont imputables aux dépenses publiques, selon le rapport. Pour l’ensemble de 2006, la progression des dépenses est estimée à plus de 19 % par rapport à 2005, et celle des dépenses courantes à 23 %. Les dépenses de personnel ont quant à elles augmenté significativement en 2005 et 2006 (5.7 % du PIB en 2007 contre 5.2 % en 2004). Les dépenses courantes ont été nettement supérieures au montant initialement voté dans la loi de finances 2006. Cette forte hausse des dépenses courantes est principalement liée aux subventions du prix au consommateur de l’électricité et du gaz butane, qui ont représenté selon les chiffres du rapport environ 103 milliards de francs CFA, soit près de 10 % des ressources de l’Etat (contre 5 % en 2005 et 1.5 % en 2004). Elle peut également être attribuée au programme 2003/05 de recrutement de 15 000 agents de la Fonction publique, dont la mise en oeuvre a débordé sur 2006, ainsi qu’à des revalorisations non programmées du traitement de certaines catégories d’agents de l’Etat. En 2006, le budget de l’Etat a Ègalement dû supporter une forte progression des dépenses d’investissement, estimée à 14.2 %. Ce dérapage de la dépense publique a abouti à une forte dégradation du solde budgétaire alors que l’évolution de la situation budgétaire en 2007 dépendra de la résolution de la crise des ICS, puisque l’Etat a garanti la dette bancaire de l’entreprise.

Aussi, si l’Ocde note des avancées dans le domaine des procédures budgétaires, elle les juge plutôt globalement timorées. L’Organisation de souligner le contrôle a posteriori de l’exécution du budget, qu’il soit interne (par la Cour des comptes) ou externe (par le Parlement), qui demeure "quasiment inexistant". A titre d’exemple, le rapport note que "jamais un projet de loi de règlement budgétaire n’a été transmis à l’Assemblée". De plus, le gouvernement n’a pas respecté les engagements d’amélioration qu’il avait pris en la matière auprès des partenaires au développement. Ceux-ci, selon l’Ocde, se seraient également inquiétés du financement en dehors des cadres normaux d’intervention (le programme triennal d’investissement public notamment), des investissements en infrastructures et de la prolifération d’agences para-gouvernementales (Apix, Anoci, etc.) sans personnalité morale claire qui, pourtant, bénéficient de transferts budgétaires. Enfin, ils ont regretté que, fin 2006, le nouveau code des marchés publics n’ait toujours pas été adopté.

En conséquence, avec la lenteur des réformes dans certains domaines, par exemple en matière de transparence des procédures budgétaires et de passation des marchés publics, cette situation explique, toujours selon l’Ocde, la faiblesse des appuis budgétaires qui ne représenteraient que 5 % du montant de l’APD dont bénéficie le pays (contre 25 pour cent au Ghana par exemple).



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