Le professeur d'économie Ahmadou Aly Mbaye de l'Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar a estimé mercredi à Dakar que les États devraient "mettre en branle une machine dissuasive" pour faire venir dans l'économie formelle toutes les entreprises informelles capables d'y évoluer.
"Là où l’État doit mettre en branle une machine dissuasive, c'est dans le gros informel : les acteurs qui ont toutes les possibilités pour évoluer dans le formel, mais se réfugient dans l'informel pour se mettre hors du cadre réglementaire et se soustraire au paiement des taxes surtout", a dit M. Mbaye à des journalistes, en marge de la présentation d'une étude sur les entreprises informelles au Bénin, au Burkina Faso et au Sénégal.
Cette étude est intitulée "Les entreprises informelles de l’Afrique de l’Ouest francophone : taille, productivité et institutions".
Elle a été menée dans ces trois pays par un groupe d'économistes, sous la direction d'Ahmadou Aly Mbaye et de Nancy Benjamin, un agent de la Banque mondiale (BM). Le document est publié conjointement par la BM et l'Agence française de développement (AFD).
Parlant des entreprises informelles, le professeur Mbaye a relevé un "paradoxe", puisqu'"il s'agit d'entreprises réalisant un chiffre d'affaires dépassant le milliard de francs CFA, tout en restant des entreprises individuelles". "Cela fait que le propriétaire veut que l'entreprise disparaisse lorsqu'elle a des difficultés avec la Justice par exemple. Ou lorsque la vie de l'entreprise est menacée."
"Lorsque le propriétaire sent que le fisc commence à le suivre, il peut faire disparaître l'entreprise et la faire renaître sous une autre forme. C'est quelque chose d'assez fréquent" au Bénin, au Burkina Faso comme au Sénégal, a-t-il signalé.
''Parce qu'il y a beaucoup de niveaux d'informalité, il y a nécessité d'opérer une régulation. [...] Je crois qu'il n'y a pas grand-chose à faire pour les petites activités informelles", a-t-il poursuivi, expliquant que "quand il s'agit des marchands ambulants par exemple, il s'agit de stratégies de survie" au lieu d'un véritable secteur informel.
M. Mbaye, doyen de la Faculté des sciences économiques et de gestion (FASEG) de l'UCAD, a indiqué qu'il existe "des relations très fortes" et "des interactions très profondes" entre le secteur informel et le secteur formel, du moins dans les pays étudiés. "Beaucoup d'activités formelles comptent sur l'informel pour distribuer leurs produits" par exemple, a-t-il dit.
"La plupart des activités contribuant à la croissance sont informelles. Et on n'a pas la preuve que si ces activités-là disparaissaient on aurait pu les remplacer par des activités formelles. De ce point de vue-là, elles sont une opportunité", a-t-il répondu à une question sur la contribution du secteur informel à la croissance d'un pays.
Les entreprises informelles sont, en revanche, "un frein pour la croissance" dans la mesure où elles "tirent le potentiel de croissance vers le bas", selon M. Mbaye.
Les entreprises informelles peuvent fournir 25% des impôts directs recouvrés au Bénin, 14% au Burkina Faso et 21,7% au Sénégal, indique l'étude. Elle signale que dans ces trois pays, elles ne paient pourtant que "3% ou moins" des impôts directs recouvrés par l’État.
Les entreprises informelles génèrent 50% du PIB (produit intérieur brut) du Sénégal et 70% de celui du Bénin, selon les auteurs de l'étude. Elles représentent "80 à 90% de l'emploi total des pays" étudiés.
ESF/OID
8 Commentaires
Pepes
En Février, 2013 (01:18 AM)Reply_author
En Février, 2024 (11:12 AM)@ One Africa
En Février, 2013 (06:30 AM)Achetez des pages publicitaires comme tout le monde.
Hammady
En Février, 2013 (08:20 AM)Sensure Tout Alors
En Février, 2013 (11:24 AM)Bye Sénéweb
En Février, 2013 (11:32 AM)Maïmoune
En Février, 2013 (16:52 PM)E
En Décembre, 2019 (20:01 PM)E
En Décembre, 2019 (20:01 PM)Participer à la Discussion