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BARA TALL, PRESIDENT-DIRECTEUR GENERAL DE JEAN LEFEBVRE SENEGAL (JLS) : «Moi, si mes ouvriers font la grève, je peux stocker mon ciment (…) les élèves, il n’en est pas ainsi»

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BARA TALL, PRESIDENT-DIRECTEUR GENERAL DE JEAN LEFEBVRE SENEGAL (JLS) : «Moi, si mes ouvriers font la grève, je peux stocker mon ciment (…) les élèves, il n’en est pas ainsi»

 L’école doit constituer la base de tout. Et selon le Président, Directeur général de l’entreprise Jean Lefebvre Sénégal (Jls), Bara Tall, les enseignants ne doivent pas hypothéquer l’avenir de ceux qui feront le monde de demain. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, en marge de la clôture de la Semaine de l’école de base, à Thiès, il revient non seulement sur l’importance de l’école, mais aussi et surtout sur ces grèves répétées qui gangrènent le système éducatif sénégalais. 

M. Tall, aujourd'hui,c’est l’ancien élève qui retrouve son royaume d’enfance. Quel est votre sentiment ?

C’est un sentiment d’émotion, pas par le retour physique sur le terrain, parce que je suis pratiquement tout le temps dans cette école, vu que l’école est mitoyenne à ma maison familiale. Mais, aujourd’hui, c’est un jour particulier parce qu'il (ce jour) a rassemblé pratiquement tous les anciens élèves que je voyais du reste mais isolément et aujourd’hui, c’était vraiment l’occasion pour les avoir tous ensemble et cela a réveillé beaucoup de souvenirs. On a dit que c’est le retour au royaume de l’école et je dirais que c’est aussi, comme disait le poète, le retour au royaume d’enfance. Parce que nous avons passé notre enfance dans ce petit carré, dans ce petit patelin et nous y avons grandi, nous y avons gambadé, nous y avons acquis nos premières connaissances et cela réveille beaucoup de souvenirs en moi.


Est-ce qu’on peut parler de Bara Tall sans pour autant l’associer à l’école El Hadji Moundiaye Thiaw ?

Enfin ! Peut-être du Bara Tall adulte, peut-être l’associant au lycée Malick Sy, l’associant aussi à l’école polytechnique, mais il faut toujours commencer par l’école Moundiaye Thiaw. En un mot, on ne peut pas parler de Bara Tall sans parler de Thiès. Je suis littéralement attaché à cette ville parce que ce n’est pas banal d’avoir fait ses études primaires, secondaires et supérieures dans trois établissements. Je n’ai jamais changé d’école primaire, je n’ai jamais changé de lycée, je n’ai jamais changé d’école supérieure et tout cela dans un rayon de trois kilomètres. Vraiment, c’est assez particulier. Donc, on ne peut parler de moi sans parler de ce cadre. De ce cadre global qui est le cadre de Thiès avec ses différentes étapes que sont l’école Moundiaye Thiaw, le lycée Malick Sy et l’école polytechnique de Thiès.


L’école a alors grandement contribué à la construction de la personne que vous êtes devenue. Est-ce qu’aujourd’hui on peut dire que l’école joue toujours son rôle premier qui est celui d’éduquer, de former le citoyen de demain ?

Elle continue à le jouer, mais pas de la façon optimale qu’elle aurait pu faire. C’est un constat unanime et on l’a vu d’abord par l’état des infrastructures, on l’a vu par le nombre d’élèves par classe. L’école n’est pas performante pour ses temps de travail, de disponibilité avec ces grèves à répétition. Nous, on n’a jamais connu de grève, nous. Moi, la première grève que j’ai connue, c’est quand je suis sorti justement de cette école Moundiaye Thiaw. La première année de grève mémorable qu’on a vécue au Sénégal, c’est la grève de 68 et c’est l’année de mon entrée en sixième. Nous faisons partie des élèves qui avaient passé leur entrée en sixième au mois d’octobre et croyez-moi, c’était traumatisant. C’était la première fois qu’on le voyait. Mais aujourd’hui justement, l’école n’est plus ce qu’elle était parce qu’en son temps, c’était traumatisant. Aujourd’hui, c’est de la banalité quotidienne. Donc, je dirais que l’école aussi a changé, mais en mal sur ce plan-là. Tout cela mis ensemble fait qu’on peut dire, aujourd’hui, que l’école sénégalaise est malade et elle a besoin de ses fils d’où la pertinence de ce thème de la Semaine nationale de l’école de base, à savoir le retour au royaume d’enfance, pour l’implication de tous les anciens dans la vie de l’école sénégalaise, pour rendre, peut-être pas tout, car on ne pourra jamais rendre ce que l’école sénégalaise nous a donné, au moins une partie de ce que l’école sénégalaise nous a donné.


Selon vous, que doit constituer l’école aux yeux des enseignants, des parents d’élèves, mais aussi et surtout des apprenants ?

D’après moi, l’école doit être la base de tout. C’est pourquoi on a intitulé cette semaine : Semaine nationale de l’école de base. C’est la base de tout. On ne peut pas avoir quelque chose de solide, si la base n’est pas solide. Il en va ainsi d’un bâtiment, car si les fondations ne sont pas solides, ce bâtiment ne sera pas solide quelle que soit la solidité de sa superstructure. Si les infrastructures ne sont pas solides, cet édifice ne sera pas viable. Donc, quel que soit ce qu’on fera demain que l’on fasse un métier sportif, culturel ou tout autre manuel, je pense que la base c’est d’abord l’enseignement théorique, l’enseignement de base qui commence par l’enseignement académique, puis l’enseignement de la vie. Parce que l’école, c’est le prolongement de la vie familiale. On peut dire même qu’une bonne partie de notre enseignement, de notre éducation est prise en charge par l’école, à côté de l’éducation de la famille.


Aujourd’hui, quels conseils donneriez-vous aux enseignants qui, regroupés en syndicats, sont en grève continuellement ?

Vous savez, c’est un domaine très délicat parce que les enseignants sont des travailleurs comme les autres. Je ne peux pas être un travailleur comme eux, revendiquer les droits des travailleurs même si je suis au sommet de la pyramide au niveau des travailleurs, disons de l’encadrement. J’ai mes syndicats patronaux, nous revendiquons nos droits. Je ne peux pas être donc un travailleur, revendiquer mes droits et empêcher aux autres de revendiquer le leur. Mais, la spécificité c’est que nous ne travaillons pas sur le même matériau. Nous travaillons sur du matériau inerte, nous travaillons sur du béton, nous travaillons sur du fer, du sable, du bois et l’homme n’est pas tout cela. L’homme est un matériau spécial. Donc, un travailleur, quelqu’un qui est chargé de façonner ce matériau, il doit avoir quelques limites à ses prérogatives que lui fixe la spécificité de son métier. C’est pourquoi, bien qu’ils puissent exercer le droit de grève, il faut qu’ils voient la conséquence de ces grèves sur le matériau qu’ils sont en train de fractionner, qu’ils sont chargés de façonner.

Moi, si mes ouvriers font la grève, je peux stocker mon ciment tant que c’est bien couvert et que la date de péremption n’est pas terminée. Quand je reprends mon chantier, mon ciment jouera son propre rôle. Les élèves, il n’en est pas ainsi. Si on rate une année, deux années, trois années, c’est toute une vie qui peut être remise en cause. Donc, je lance un appel pour que les enseignants prennent sur eux un certain esprit de dépassement et continuent à dialoguer, à discuter avec les deux autres secteurs que constitue l’école sénégalaise, c'est-à-dire les élèves qui sont les principaux concernés et les parents d’élèves. L’Etat est impersonnel et immatériel, mais ces trois acteurs qui sont autour de l’école, ce sont les élèves, les parents et les enseignants pour que l’intérêt supérieur de ce trio soit sauvegardé : l’intérêt de l’école.


Quels conseils aux élèves…

Les conseils qu’on pourrait donner aux élèves et que je vais réitérer sont en droite ligne de ce que je viens de dire. L’école, c’est la base de tout, même s’ils ont des ambitions autre que des ambitions apparemment intellectuelles ou directement liées à ce qu’ils ont appris à l’école, quel que soit ce qu’ils feront dans la vie, qu’ils choisissent le métier de lutteur, de footballeur, de chanteur ou d’acteur culturel, ou même manuel, quel qu’il soit, qu’ils sachent que la base c’est l’école. Je leur demande de donner toute l’importance à l’école en attendant que l’autorité que constitue l’Etat ait les moyens d’appliquer une loi universelle, c'est-à-dire l’école obligatoire jusqu’à 16 ans. Mais, pour cela, il faudrait des préalables d’infrastructures, de prise en charge. Mais une fois que tout cela est en place, je pense que l’école doit être obligatoire et quel que soit le niveau de l’élève, il doit rester à l’école jusqu’à l’âge de 16 ans. On ne peut pas voir, à partir du mois de septembre, à part les week-ends et les jours de mercredi qui sont les jours de trêve scolaire, des enfants d’un certain âge traîner dans les rues dans n’importe quelle capitale occidentale, dans n’importe quelle ville ou village occidental, dans n’importe quel pays occidental. Je pense que cela fait partie des facteurs qui font que ces pays sont devant nous. Quand on veut maintenant arriver quelque part on n’a pas à réinventer la roue, on regarde là où les gens sont passés, et on essaie de passer par là-bas. L’école est extrêmement importante, c’est la base du développement du pays. Car, la première richesse d’un pays, ce sont ses ressources humaines. Et, la base de la formation des ressources humaines, c’est l’école.


Des projets pour votre ancienne école…

Les projets, ce sont des projets qui ne datent pas de cet appel, de cette journée d’aujourd’hui (Ndlr : Semaine nationale de l’école de base). Je pense que nous avions des projets d’une manière générale pour notre collectivité, pour notre ville, pour notre pays. Nous avons eu la chance d’en réaliser quelques-uns. Malheureusement, les circonstances que vous connaissez ont fait qu’il y a eu une trêve de 10 ans sur nos actions sur le terrain. Je l’ai dit et je l’ai répété, mes ambitions se fondent dans l’ambition de mon mouvement (Ndlr : Yamalé) qui a décidé, résolument, de s’engager encore d’une façon plus organisée, dans un cadre plus formel, dans l’action citoyenne. Et la première de ces actions citoyennes, pour nous, est la reconstruction de l’école sénégalaise aussi bien dans ses infrastructures que dans son climat pour créer une atmosphère de travail propice à l’épanouissement de cette école. A commencer par créer un cadre de vie agréable où il fait bon vivre, ensuite créer un climat social entre les différents partenaires de l’école que sont les élèves, les enseignants et les parents pour que l’école sénégalaise aille de l’avant.



7 Commentaires

  1. Auteur

    .....

    En Juin, 2013 (18:30 PM)
    Il a raison l'ecole senegalaise doit etre relancee et redynamisee.Il faut motiver les eleves et leur presenter de vrais modeles.
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  2. Auteur

    Personnenestfou

    En Juin, 2013 (19:59 PM)
    après avoir pris en otage nos routes, tu peux parler maintenant. en d'autres lieux tu serais en prison avec wade family tes complices d'avant hier et ennemis d'hier..
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    Auteur

    Dakar1

    En Juin, 2013 (20:46 PM)
    L´ecole publique senegalaise est trés malade.
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    Auteur

    Huiooo

    En Juin, 2013 (21:19 PM)
     :hun: Nguir yalla réparer la route fatick kaolack. Trop de dégâts sur cette route  <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/jumpy.gif" alt=":jumpy:">    <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/jumpy.gif" alt=":jumpy:">    <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/jumpy.gif" alt=":jumpy:">    <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/jumpy.gif" alt=":jumpy:">  
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    Auteur

    Samba Tally

    En Juin, 2013 (22:53 PM)
    MONSIEUR TALL ET CES MORTS SUR LA ROUTE FATICK KAOLACK? :cry:  :cry:  :cry:  :cry:  :cry:  :cry:  :cry:  :cry:  :cry:  :cry: 
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    Auteur

    Tally Bou Bone

    En Juin, 2013 (22:54 PM)
    TROP D'ACCIDENTS SUR LA ROUTE KAOLACK FATICK A CAUSE DE BARA TALL :cry:  :cry:  :cry:  :cry:  :cry: BARA EST L'ANGE DE LA MORT :cry:  :cry:  :cry:  :cry:  :cry:  :cry:  :cry:  :cry:  :cry:  :cry:  :cry:  :cry:  :cry:  :cry:  :cry:  :cry:  :cry: 
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    Auteur

    Katato

    En Juin, 2013 (10:26 AM)
    Je n'ai jamais vu un aussi digne fils de....Mais une chose reste sûr,tous les morts sur l'axe Fatick -kaolack t'attendent devant Dieu.

    TRUAND!!!
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