Une ligne de cœur entre deux continents, un même engagement : celui de l’enfance. Mame Coumba Ndoye, 46 ans, référente socio-éducative à Genève, a décidé de mettre son expertise et sa passion au service des enfants du Sénégal et de la diaspora, à travers un projet inédit : le camp de vacances Cosaane Kids.
Depuis plus de vingt ans, Mame Coumba travaille dans le domaine de l’enfance, en Suisse. Diplômée en assistance socio-éducative, elle encadre une équipe de 17 animateurs dans les écoles genevoises, accompagnant les enfants sur les temps de midi avec des activités ludiques, éducatives et sportives. Mais c’est aussi en tant que maman et citoyenne engagée qu’elle a décidé d’aller plus loin.
Un camp qui lui ressemble
« J’ai longtemps cherché un cadre adapté pour que mes enfants puissent passer des vacances enrichissantes au Sénégal. Ne trouvant pas ce que je cherchais, j’ai décidé de créer un camp de vacances dénommé Cosaan Kids », explique-t-elle. Ainsi est né Cosaane Kids, un camp de vacances qui se tiendra du 7 juillet au 3 août, mêlant enfants de la diaspora, enfants locaux et jeunes issus de milieux défavorisés (orphelinats, pupilles de la nation, enfants diabétiques…).
L’objectif est double : favoriser l’inclusion sociale et offrir des vacances utiles, actives et éducatives. Pour cela, Mame Coumba a misé sur quatre grands thèmes : l’art et la culture, l’environnement, le civisme et le vivre-ensemble.
L'enfant et les écrans : une vigilance nécessaire dès le plus jeune âge
Face à l’omniprésence des écrans chez les jeunes, le camp se veut aussi une alternative saine et stimulante. « On ne peut pas laisser les enfants seuls avec des tablettes. Jusqu’à trois ans, les écrans sont à proscrire. Ensuite, il faut encadrer, discuter, proposer autre chose ».
Responsable du volet alimentation au sein de l’Alliance sénégalaise pour la petite enfance, Mame Coumba est également engagée pour une éducation bienveillante. Si elle salue les évolutions de l’éducation au Sénégal, elle alerte encore contre les châtiments corporels : "La fessée soulage l’adulte, pas l’enfant. Éduquer, c’est parler, valoriser, punir intelligemment, pas faire peur."
Dans son combat pour la petite enfance, elle met un code d'honneur pour le bien-être. Aujourd’hui, dans un contexte où de nombreux parents reconnaissent que leurs enfants, dès l’âge de 2 ans, sont déjà très exposés aux écrans. Certains vont jusqu’à dire : "Mon enfant est accroché à son portable !" Pour Mame Coumba, il est fondamental de rappeler que les professionnels de la petite enfance s’accordent à dire qu’entre 0 et 3 ans, les enfants ne devraient pas être exposés aux écrans.
"À cet âge, le cerveau est en plein développement. Toute interaction avec les écrans peut ralentir ce processus crucial. C’est pourquoi il est essentiel de proposer des alternatives éducatives : lire des livres, proposer des activités créatives, favoriser les sorties et les interactions humaines.
Après 3 ans, un usage modéré et encadré des écrans peut être introduit, avec des repères clairs en termes de durée, de contenu adapté et de contrôles parentaux. Il est aussi indispensable d’accompagner les enfants dans la compréhension des contenus visionnés, pour éviter une consommation passive qui pourrait avoir des effets psychologiques négatifs", analyse-t-elle.
L’éducation parentale au Sénégal : entre tradition et remise en question
L’éducation à la Sénégalaise est souvent riche de valeurs, mais elle comporte aussi des pratiques à repenser. Le recours aux punitions corporelles, même légères, reste fréquent. Pourtant, du point de vue de Mme Ndoye, il est important de souligner que la fessée n’apporte rien à l’enfant.
"Elle soulage davantage la frustration de l’adulte qu’elle ne corrige réellement l’enfant. À la place, il faut privilégier des sanctions éducatives : priver l’enfant de quelque chose qu’il aime, lui expliquer les conséquences de ses actes, et toujours prendre le temps de dialoguer. Taper un enfant, c’est lui faire mal, mais aussi potentiellement briser sa confiance en lui. Cela peut entraîner des blocages durables : peur de parler, d’oser, de s’exprimer. L’éducation ne doit pas se baser sur la peur, mais sur la compréhension, le respect et l’encouragement. C’est ainsi qu’on élève des enfants équilibrés, confiants et responsables", explique-t-elle.
Des valeurs fortes et des actions concrètes
Au programme de Cosaan Kids, il y aura le reboisement dans les mangroves de la Somone, la sensibilisation au tri, agriculture hors sol, des visites d’institutions nationales (Assemblée, présidence), des veillées contées sur l’histoire du Sénégal, des ateliers avec des artistes plasticiens issus des beaux-arts…
"Ce camp est un prolongement de l’éducation que donnent déjà les parents de la diaspora. Je ne viens pas remplacer, mais compléter cette transmission en valorisant notre culture, en éveillant les consciences et en donnant une place à chaque enfant, quel que soit son milieu", souligne Mame Coumba.
Un appel à la solidarité
Cosaane Kids ne se veut pas un simple camp de vacances. Il est aussi un appel à la solidarité. Mame Coumba et ses partenaires recherchent des parrains pour permettre à des enfants issus de milieux défavorisés de vivre cette expérience unique. "L’égalité des chances, l’inclusion et le partage sont les trois piliers de ce projet".
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