Le pari était ambitieux, la réponse du marché a été immédiate. En moins de quinze jours, le Sénégal a mobilisé 405 milliards F CFA sur le marché régional, par le biais de quatre emprunts obligataires clôturés avec un taux de souscription de 102,87 %. Il s’agit de la plus importante levée jamais réalisée par un État membre de l’UEMOA en une seule opération, un précédent marquant dans l’histoire de la finance régionale.Cette performance dépasse les attentes et renforce l’image de crédibilité financière du pays. Elle intervient à un moment clé, alors que les nouvelles autorités cherchent à rééquilibrer les comptes publics tout en réduisant la dépendance aux financements extérieurs. La confiance des investisseurs régionaux reste intacte, malgré les incertitudes macroéconomiques et la récente dégradation de la note souveraine.Mais au-delà du succès technique, cette opération symbolise une inflexion stratégique. En mobilisant l’épargne régionale à travers des titres en monnaie locale, le Sénégal affirme une volonté de souveraineté financière assumée. Le choix de la BRVM comme canal principal renforce cette dynamique d’ancrage local et traduit une vision plus intégrée du financement du développement.Les caractéristiques de l’émission traduisent également un effort de structuration. Maturités échelonnées, rendements équilibrés, diversification des souscripteurs avec une forte participation d’acteurs régionaux. Ce n’est plus une simple opération de trésorerie, mais un signal politique adressé aux marchés, aux citoyens et aux partenaires techniques.La question désormais est celle de l’usage. Dans un contexte de fortes attentes sociales et de tension sur les équilibres budgétaires, cette enveloppe record devra se traduire rapidement en projets visibles et impactants. L’enjeu ne se limite pas à la mobilisation de ressources, mais à leur transformation en leviers de croissance et d’inclusion.Ce record sur les marchés est bien plus qu’un coup d’éclat. Il marque le retour d’un État qui veut prouver qu’il peut inspirer confiance tout en définissant ses propres priorités. À charge maintenant pour le gouvernement d’honorer cette confiance et de donner à ce succès financier une portée durable.
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