D’abord expliquez-nous le sens des noms que vous portez.
Thiat est mon nom d’artiste. Mon groupe de rap s’appelle Keur Gui, maison en wolof. Je partage le groupe avec Filiken. Il est l’aîné et moi le benjamin, c’est pourquoi je m’appelle Thiat.
Dans quelles conditions le groupe a vu le jour et que vouliez-vous faire passer comme message ?
Nous avons créé le groupe en 1996 et un an plus tard, les gens ont commencé à véritablement nous découvrir. D’abord au niveau de Kaolack, une ville située à plus de 200 km de la capitale Dakar. En 1998, nous avons été arrêtés et jetés en prison par le maire parce que nous dénoncions sa mauvaise gestion de la ville. Il utilisait les fonds de la mairie pour ses propres besoins. Il ignorait les préoccupations de ces concitoyens. C’était un baron du régime de Diouf très craint à l’époque par ses administrés. Nous avons osé le défier parce que pour nous, il est un citoyen placé à la tête de la commune pour servir les gens et non pour les terroriser.
Pour laver ce qu’il considérait comme un affront, il a ordonné à ses policiers de nous arrêter pendant que nous étions en concert. Ils nous ont déshabillés publiquement avant de nous jeter dans leur voiture. Ils croyaient nous humilier, mais pour nous, ce ne sont pas les habits qui sont importants, mais le message que nous portons. C’est pourquoi, dans certains concerts, on joue torse nu. A part ces brimades physiques, nous avons aussi été le premier groupe censuré au Sénégal. Nos textes dérangeaient le pouvoir en place et comme c’est lui qui contrôlait les médias publics, nous ne pouvions pas être joués sur les antennes publiques. Le Haut Conseil de l’audiovisuel et de la Communication avait pris une décision dans ce sens. Mais notre message passait par d’autres canaux. C’est dans cette atmosphère que nous avons sorti notre premier album en 2002, un deuxième en 2004 et un troisième en 2008 intitulé « condoléances ». C’est l’album de la consécration. Nous avons fait les meilleures ventes. Nous avons été nominés meilleur groupe. Avec cet album, nous avons fait des tournées au Sénégal, en Europe et en Asie.
Vous venez de Kaolack, une ville très réputée religieusement. C’est la ville du grand cheikh tidjania, le célèbre Ibrahima Niasse. Comment votre musique a été accueillie dans cet environnement pas forcément prédisposé à votre genre musical ?
Je vais vous surprendre, mais c’est la vérité. Nous avons été bien accueillis. Cela tient au fait que le rap comme genre musical était déjà connu dans la région. Des groupes de rap d’obédience religieuse existaient dans la ville. C’étaient des chants maraboutiques sur un fond hip hop qu’ils faisaient. Un autre facteur a milité à notre acceptation, c’est notre style. Nous ne sommes pas en déphasage avec les enseignements du grand imam Niasse. Nous avons lu ses écrits qui restent très modernes. Il est une fierté pour nous. Il nous a légué une tradition très riche et en tant que fils de la ville, on essaie de la respecter. Nous soignons donc notre manière de faire le rap pour tenir compte de tous ces paramètres culturels et religieux. Nous ne faisons pas la musique pour montrer des femmes nues, des boissons alcoolisées, la drogue. Nous ne portons pas de gros bracelets et des bagues. Nous n’avons pas des oreilles percées avec des boucles d’oreilles, etc. Nous sommes des musulmans et nous ne touchons pas à la drogue et à l’alcool. Cette religion nous permet d’avoir la tête sur les épaules et nous en sommes très fiers. C’est une religion de tolérance qui accepte les autres et les respecte dans leurs différences. En intégrant ces éléments, votre message ne peut que passer, surtout que nous ne faisions que dire la Vérité, un des noms du très haut enseigné dans toutes les écoles religieuses. Je dirai donc que l’ancrage social, le respect des grandes valeurs de notre terroir nous ont permis de passer notre message.
Vous êtes donc attachés à l’islam et à la ville de Kaolack. Est-ce que les parents ont joué un rôle dans ce sens ?
Mes parents ont essayé de me donner tout ce dont j’avais besoin comme enfant. Je ne manquais de rien à la maison. J’étais inscrit dans une école privée catholique très réputée, puis dans un lycée d’excellence. Je dois vous dire que je suis issu d’une famille de la classe moyenne. Ma mère est pharmacienne et mon père était banquier. Il est décédé en 2007. Mon compagnon Kilifeu est lui issu d’une famille plus modeste. Sa mère travaillait à l’hôpital et son père opérateur économique polygame. Mes conditions de vie étaient meilleures que lui. En m’engageant, j’ai fait une rétrogradation de classe sociale. Je me suis identifié à la rue parce que pour moi, c’est la meilleure université de la vie. La rue forge l’individu. Elle te donne le respect et le pouvoir. Dans ma famille, je ne manquais de rien, mais pour moi, ce n’est pas ça la vie. Pour moi, on doit apprendre par soi-même. L’expérience, c’est la somme des erreurs, des vécues personnelles. Le hip hop, c’est ce qu’on vit, ce qu’on ressent, c’est la rue télévisée. Je me réclame de cette rue. Mon père voulait que je sois un banquier comme lui. Mais je ne me voyais pas avec des costumes assis devant un bureau et obéissant aux ordres d’un chef. Je voulais autre chose. Dieu merci, j’ai la chance d’avoir à la fois mon boulot et ma passion. Mon boulot, c’est ma passion à la fois. En faisant ma passion, je travaille. C’est vraiment un privilège. Bien sûr, pour les parents, ce n’est pas facile à accepter. Ils veulent vous tracer une ligne de vie avec un plan de carrière pour gagner ta vie. C’est normal et légitime de la part des parents. Mais la vie n’est pas linéaire et parfois, il faut laisser les enfants faire leurs propres expériences. De ce côté, j’ai été plus compris par ma mère que mon père.
Comment est venu le déclic pour constituer le groupe Keur Gui ?
C’est à la suite des grèves dans nos établissements que nous avons décidé de former le groupe. Les élèves manifestaient pour réclamer de meilleures conditions d’étude dans les années 1997-1998. Je connais kilifeu depuis l’âge de trois ans puisqu’on a grandi ensemble. On s’est dit mais pourquoi ne pas créer un groupe pour porter très haut et très loin les préoccupations des uns et des autres. C’est ainsi que le groupe a vu le jour pour parler d’abord des problèmes des élèves, puis de la région et après de tout le pays.
Quand vous arrivez sur la scène en 1997, il y a déjà plusieurs groupes. Lesquelles vous ont véritablement influencés ?
Dans ma famille, on écoutait très peu la musique dite engagée, le rap ou le reggae. Mes oncles écoutaient plutôt le rock and roll, Phil Collins. Ils aimaient aussi Omar Pen et Souleymane Faye. J’ai grandi dans cette atmosphère musicale. Côté hip hop, il faut dire que ce n’est pas le hip hop américain qui m’a vraiment attiré, mais celui fait au Sénégal. Quand le Positive Black Soul (PBS) a sorti son premier album en 1993, je me suis très vite reconnu dedans. J’ai ressenti la même chose quand d’autres groupes les ont suivis. Je ne suis pas un Africain complexé pour dire que mes influences viennent d’ailleurs alors qu’elles sont chez moi. Mes influences sont donc PBS, Daraji, Yadfu, etc. Cela ne veut pas dire que je n’écoute pas le hip hop américain. J’aime beaucoup les anciens, pas la nouvelle crème d’aujourd’hui. Dès le début de notre groupe, on s’est dit que nous sommes avant tout des activistes et le hip hop s’impose à nous comme un instrument pour véhiculer notre message. C’est cela le plus important.
Vos textes sont hyper engagés, ce qui vous a valu déjà une censure au Sénégal. Alors politiquement quelles sont vos attaches ?
Dans l’Afrique d’aujourd’hui, je n’ai pas de repère. Mais j’ai des modèles et ils s’appellent Sankara, Lumumba, Nyerere, Nkrumah, et à certains égards Sékou Touré. Leur engagement pour l’Afrique m’a beaucoup impressionné. Leur manière de mener leur vie m’inspire. Je tire des leçons de leurs combats et de leur mort.
Vous n’avez véritablement pas connu Thomas Sankara puisqu’à sa mort, vous n’aviez que sept ans. Pourtant, il est très présent dans vos discours. Qu’est-ce qui vous fascine chez lui ?
Justement j’ai connu Sankara le jour de son assassinat ou juste le lendemain je crois. Ma mère avait une habitude. Quand elle revenait du boulot le soir, dès la porte on pouvait l’entendre. « Eh mes enfants, venez voir ce que je vous ai apporté, venez vite ! », s’annonçait-elle. C’était ses habitudes. Généralement elle nous apportait des jouets, des jeux vidéo, les tintin et des garnitures. Mais ce soir-là, elle est rentrée discrètement et directement dans sa chambre. Elle était très triste. Je n’avais jamais vu ma mère ainsi. J’ai eu très peur. Je l’ai rejoint par la suite pour lui demander ce qui n’allait pas. C’est là que pour la première fois, j’ai réalisé qui était Thomas Sankara. Elle m’a dit : « Oh mon fils, Blaise a tué Thomas. » C’était à la fois un choc et une surprise pour moi. Choc parce que ce n’est pas facile d’entendre dire qu’un homme a tué un autre, surtout pour un enfant. Surprise également parce que je ne savais pas qui étaient Blaise et Thomas. C’est là qu’elle a pris son temps pour m’expliquer qui ils étaient. Ma mère voyait en Sankara l’homme capable d’entrainer toute l’Afrique vers le progrès et le développement. Pour elle, il devait être la locomotive qui devrait tirer les autres. Sankara était sa fierté, l’homme courageux qui disait droit dans les yeux ce qu’il pensait aux occidentaux. Après ces quelques mots, elle a sorti un cahier où il y avait la carte de l’Afrique. Elle m’a montré l’emplacement du Burkina Faso et elle m’a dit : ce pays s’appelait autrefois la Haute-Volta et Sankara a changé son nom pour le rebaptiser dans un nom africain qui a une véritable signification : « le pays des hommes intègres ». Elle m’a expliqué ce que ça voulait dire « hommes intègres ». C’était un véritable cours de sciences politiques qu’elle me donnait. C’est à partir de ce moment que mon engagement a vraiment pris naissance. J’ai réalisé par la suite toute la dimension de Sankara et d’autres leaders africains en lisant leur histoire et en échangeant avec beaucoup de personnes.
Ce que j’apprécie beaucoup chez Sankara, ce sont trois choses.
Premièrement, son combat pour le respect des femmes. Pour moi, c’est le premier homme féministe. A l’époque, demander aux hommes de faire le marché et la cuisine à la place des femmes était vraiment osé. Aucun homme n’est allé jusqu’à ce point dans son soutien au combat d’émancipation des femmes. C’était symbolique, mais hyper important sur le plan psychologique. Il avait compris qu’il fallait déconstruire certaines façons de penser pour faire avancer la lutte des femmes. Je pense qu’elles lui doivent beaucoup, pas seulement les femmes burkinabè, mais toutes les femmes.
Deuxièmement, sa politique de « consommer ce que nous produisons et produisons ce que nous consommons ». La liberté et le développement de l’Afrique se trouvent dans cette phrase. Cette phrase englobe tout : les productions alimentaire, vestimentaire, énergétique, hydraulique, etc. L’Afrique a le potentiel pour réaliser tout cela.
Troisièmement, c’est son courage. Il a défié la politique africaine de la France. Il s’est opposé à certaines pratiques néocoloniales et a défié Jacques Foccart, l’homme de la françafrique. Il s’est battu contre ce système qui siphonne nos richesses et maintient la dépendance de nos pays. Il a dit non à cette politique au prix de sa vie. Il savait que le combat était difficile, mortel même, mais il n’a pas abandonné. C’est ce degré d’engagement qui me plait chez lui. Thomas Sankara était un homme exceptionnel.
C’est votre première fois de venir au Burkina Faso ?
C’est la troisième fois que je viens au Faso. La deuxième fois, c’était exceptionnellement pour m’incliner devant la tombe de Sankara.
Vous êtes l’un des animateurs du mouvement « Y en a marre » au Sénégal. Dites-nous comment a germé l’idée jusqu’à sa concrétisation ?
Le mouvement « Y en a marre » est une suite logique de notre engagement depuis Kaolack avec le groupe Keur Gui. Nous avons combattu un maire qui se comportait mal dans sa commune et il nous a foutu en prison à l’âge de 17 ans. Quand nous sommes sortis, nous avons continué le combat contre le système PS (Parti socialiste) et nous avons réalisé l’alternance en 2000. Dès les premiers moments de ce changement, nous avons vu que Wade se comportait en dictateur. A sa prestation de serment, il a fait jouer l’hymne de son parti à la place de notre hymne national. Il a mis en avant les drapeaux de son parti, reléguant au second plan celui du pays. En 2001, il fait voter une constitution à son image. En 2002, nous avons commencé à le dénoncer et certains trouvaient qu’on était très pressé, parce que disaient-ils, le gars n’a même pas fait deux ans et on le fustige déjà. « Allez chercher d’autres thèmes et laissez le vieux bosser », entendait-on. Ils ne voyaient pas les dérives qui s’accumulaient. Mais très tôt, nous nous sommes dit que nous ne pouvions pas nous taire devant les agissements du pouvoir. C’est nous les jeunes qui l’avons installé et ce n’est pas pour qu’il fasse pire que ce que nous avons fait tomber. C’était un devoir pour nous de le combattre. En 2007, Wade a organisé des élections frauduleuses pour se faire réélire. A partir de ce moment, on s’est dit qu’il faut passer à une étape supérieure dans la dénonciation. Nous avons beaucoup mûri la réflexion avec d’autres amis qui ne sont pas dans la musique comme nous. Je veux parler par exemple du journaliste Fadel Baro. C’est finalement en 2011 que le mouvement a été formalisé. Nous l’avons lancé en janvier 2011.
Il nous semble que le mouvement est constitué autour d’un noyau qui se connait depuis longtemps.
Oui avec Fadel Baro, on se connait depuis Kaolack. C’était notre aîné au lycée. On s’est retrouvé par la suite à Dakar. Il fait du journalisme d’investigation et nous la musique. Il se trouve qu’après Kaolack, on se retrouve dans le même quartier à Dakar, donc on se fréquente de nouveau. Il faut dire que nous lisions beaucoup son journal où il publiait ses enquêtes, sur le détournement du foncier, le terrain à trois milliards de Wade, la corruption politique, etc. On discutait beaucoup avec lui. Un jour, il nous a dit. « Mes gars, allez-vous rester à rapper alors que la situation s’empire ? Vous êtes un groupe très respecté, s’il vous plait, faites quelque chose. » C’est ainsi que nous avons franchi le pas en créant le mouvement avec lui. Nous avons appelé tous les rappeurs pour se joindre à nous. Certains sont venus, d’autres ont décliné l’offre ou ont créé leur propre mouvement. Le pouvoir a instrumentalisé certains pour s’opposer à nous, mais malheureusement pour eux, ils ne sont pas allés loin. Mais il faut dire que beaucoup de groupes nous ont rejoints. Leur public a aussi adhéré. C’est la somme de nos publics respectifs qui a fait le mouvement. Les intellectuels qui lisaient Fadel ont également rejoint le mouvement. Avocats, médecins, marchands ambulants, élèves, étudiants, etc. sont venus. Très vite, les gens se sont reconnus dans le mouvement. Nous défendons des principes. Nous voulions conserver nos acquis démocratiques et préserver notre constitution.
Que devient le mouvement aujourd’hui. On a entendu dire qu’il allait prendre un autre nom : « Y a pire ». Est-ce vrai ?
Après l’alternance, le mouvement existe toujours. Il faut dire que nous ne l’avons pas créé pour la conquête du pouvoir d’Etat. Ça, c’est le boulot des partis politiques. Nous inscrivons notre action dans la durée, au-delà des agendas des acteurs politiques. Nous voulons être un grand mouvement de contre-pouvoir à tous les pouvoirs qui seront amenés à gérer le destin du peuple. C’est pourquoi nous déclinons les offres du président Macky. Avant le second tour de la présidentielle, il est venu à notre QG pour nous demander de le soutenir. Nous lui avons clairement dit que nous ne soutenons pas un candidat, mais nous étions contre la candidature de Wade et par conséquent, nos votes iront vers l’adversaire de ce dernier. Il n’avait donc pas besoin de nous solliciter quoi que ce soit. Après l’alternance, il a encore demandé à nous rencontrer. Il nous a dit de lui faire une liste de postes que nous souhaiterions occuper. Pour lui, nous étions plus légitimes que quiconque pour revendiquer ces postes. Nous l’avons remercié pour son geste, mais nous ne pouvions prendre de responsabilités dans son gouvernement ou ailleurs. On ne s’est pas battu pour les postes, mais pour défendre des principes démocratiques, pour faire respecter notre constitution. Nous voulons continuer à vivre avec les masses, les citoyens ordinaires pour pouvoir porter leurs revendications auprès des gouvernants. Nous pensons qu’il faut établir des limites entre nous et les gouvernants. C’est pourquoi d’ailleurs notre compagnon Fadel Baro est aujourd’hui sans boulot. Il travaillait pour le journal de Latif Coulibaly, mais comme ce dernier est devenu ministre, il a préféré prendre ses distances avec son journal pour pouvoir conserver sa liberté de journaliste vis-à-vis du pouvoir en place.
Concernant les rumeurs sur le changement de nom du mouvement, il n’en est rien pour le moment. Nous avons simplement dit lors d’un concert à Paris que si d’aventure, le pouvoir de Macky ne travaillait pas à changer la situation des Sénégalais et s’illustrait par des pratiques de mal gouvernance, il nous aurait en face. Nous avons ajouté qu’au lieu de « Y en a marre », ce serait dans ce cas « Y a pire ». Mais pour le moment, nous ne pouvons pas dire que le nouveau pouvoir fait pire que celui de Wade. Sur certains points, il y a de grandes avancées comme l’indépendance de la justice qui traque aujourd’hui les biens mal acquis. Karim Wade est en prison et on espère que son jugement se fera bientôt. D’autres anciens barons qui ont pillé les ressources du pays sont également poursuivis. Ce sont des points positifs. Il y en a d’autres qui le sont moins comme par exemple le nombre pléthorique de ministres, la non résolution du problème énergétique, les grèves à l’université, le problème de chômage, le rôle croissant de l’épouse du président dans la gestion du pouvoir, etc. Nous disons à Macky que c’est lui que le peuple a élu et non sa femme. Elle ne doit pas se substituer à lui pour nous diriger. Si elle continue, ils nous auront en face. Nous avons suffisamment souffert de ces pratiques. En 1960, le peuple a élu des dirigeants dont Senghor, mais c’est la France qui nous gouvernait. En 1981, Senghor nous a imposé Diouf. En 2000, nous avons élu Wade et c’est son fils Karim qui nous gouvernait. En 2012, le peuple a choisi Macky et il ne se laissera pas diriger par sa femme. Elle doit savoir où se trouve sa place si elle ne veut pas de problèmes pour son mari. De manière générale, nous disons que Macky ne rassure pas les Sénégalais.
Après la contestation, il nous revient que vous vous investissez beaucoup dans des projets ? De quoi s’agit-il exactement ?
Nous sommes dans la construction d’un Nouveau Type de Sénégalais (NTS) et pour cela nous sommes porteurs d’un certain nombre d’initiatives. Dès le début du mouvement de contestation en mars 2011, nous avons dit que le salut du peuple passe par la prise de conscience collective. Le peuple doit se prendre en charge et cela viendra par un sursaut populaire. Nous avons des chantiers NTS qui s’articulent autour des noyaux d’initiatives. C’est amener les citoyens et citoyennes, les jeunes et les moins jeunes à faire le diagnostic des problèmes de leur localité et de formuler des solutions pour les résoudre. Si cela est fait, nous pouvons les aider à monter leurs projets et à trouver les appuis nécessaires. Nous jouons le rôle de relais entre les partenaires financiers et les groupes d’initiatives. C’est le cas des anciens lutteurs que nous avons aidés à monter leur maison de gardiennage. Ils sont très sollicités dans la ville de Dakar. Les femmes teinturières ont également reçu des financements pour améliorer leur travail. Les jeunes d’une localité se sont organisés pour exploiter une nouvelle espèce de poissons très prisée par les hôtels et restaurants dakarois. Toutefois, le projet qui nous tient le plus à cœur, c’est l’Observatoire de la démocratie et la transparence des promesses électorales. Il s’agit de demander des comptes à nos dirigeants à partir de leurs promesses électorales et de leurs pratiques. Dans les communes, à l’Assemblée nationale, au gouvernement, nous devons les surveiller et leur demander des explications sur leur gestion. Nous avons identifié des communes pilotes pour suivre l’évolution de l’exécution des programmes des élus locaux. Nous avons créé un site web où tout cela sera publié. Nous allons suivre les dépenses faites par les maires dans leur commune. Que font-ils du budget communal ? Quels sont les investissements réalisés ? Pourquoi tel projet a-t-il été retenu par rapport à un autre ? Tout citoyen de la localité doit pouvoir suivre ce qui se passe dans sa commune, même s’il n’est pas sur place. C’est ce que nous allons faire. Le contrôle citoyen doit pouvoir s’exercer partout car, c’est le seul moyen d’obliger les responsables politiques à remplir leurs missions, leurs obligations vis-à-vis de leurs électeurs.
Pour terminer, quel regard portez-vous sur la vie de Nelson Mandela, cet autre grand Africain qui est en train d’achever sa course terrestre ?
C’est un grand Monsieur qui a accompli sa mission. Il a le respect de tous les Africains, du monde entier. Il nous a enseigné le courage politique, la détermination dans la résistance face à l’oppression. Il n’a pas cédé malgré les années de prison. A l’épreuve du pouvoir, il est resté lui-même et a su s’effacer dans la dignité. Il a fait un mandat et s’est retiré alors que rien ni personne ne s’opposait à ce qu’il reste indéfiniment au pouvoir. C’est une grande leçon pour de nombreux dirigeants africains qui veulent s’éterniser au pouvoir. Puisque nous sommes au Burkina Faso, je dirai à Blaise Compaoré de copier un peu l’exemple de Mandela et de se retirer maintenant. 28 ans de pouvoir, c’est une dictature. Il faut qu’il parte. On en a assez de lui. Il pense pouvoir se perpétuer en mettant en place son sénat, mais je dirai aux Burkinabè, aux jeunes surtout de ne pas le laisser faire. En 2015, Blaise doit foutre le camp. Il devra répondre de ses actes, de ses forfaitures. Nous n’allons jamais lui pardonner l’assassinat de Sankara. Il devra répondre tôt ou tard.
Interview réalisée par Idrissa Barry
24 Commentaires
Talibé Baye
En Juillet, 2013 (00:20 AM)Alhaou akbar!!!
Alhamdou lilah yalla naniou yalla fayal cheikh Ibrahima rta
L,ex Mari
En Juillet, 2013 (01:07 AM)Sant Yalla
En Juillet, 2013 (01:14 AM)Turp
En Juillet, 2013 (03:43 AM)Kanni
En Juillet, 2013 (05:12 AM)Ib
En Juillet, 2013 (06:35 AM)Ils ne sont plus inintelligent que nous pour dire les problèmes du pays. C'est de leur intérêts qui jouent.
je dis non et prêt à lutter pour leur morts
Le Panafricaniste
En Juillet, 2013 (07:10 AM)Anama
En Juillet, 2013 (07:13 AM)Ndiayed
En Juillet, 2013 (08:37 AM)Cette gréve de 97/98 je l'ai vécu. Votre groupe je l'ai découvert à la même époque.
Je vous soutiens, je soutiens votre cause. Ne prêtez aucune attention à ceux qui vous insultent ou doutent de vos capacités.
L’Afrique a besoin d'hommes et de femmes engagés pas d'intellectuels corrompus ou qui collaborent avec les dictateurs.
Vos projets sont louables. Très bonne continuation.
Thomas Sankra Mort En 1987
En Juillet, 2013 (09:08 AM)Yes
En Juillet, 2013 (11:28 AM)Pap
En Juillet, 2013 (12:09 PM)Miss
En Juillet, 2013 (12:36 PM)Saloum Saloum
En Juillet, 2013 (12:46 PM)Revenez et regardez seulement la mairie . C'est triste Regardez la route Fatick Kaolack .
Macky est votre copain ou vous pouvez le joindre vous pouvez lui dire .
Jarba Bourkina c trop loin .Terminez ici avant autre chose .
SVP ATTENTION a vous .
PS avant Mandella et etc..... il y a eu BAMBA .Que Dieu vous protége
imagine kk
Ami De Sankara
En Juillet, 2013 (13:57 PM)Diaw
En Juillet, 2013 (15:06 PM)Baba
En Juillet, 2013 (20:00 PM)Deug
En Juillet, 2013 (21:02 PM)Baba
En Juillet, 2013 (21:15 PM)Ms
En Juillet, 2013 (23:55 PM)k ns voudrions pas kon ns fasse. A bon entendeur
Peacedjoloff
En Juillet, 2013 (07:55 AM)!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
En Juillet, 2013 (12:33 PM)Ben
En Juillet, 2013 (15:32 PM)SVP respecter la femme du Président et accorder lui une présomption de vouloir bien faire
Eskey
En Août, 2013 (18:23 PM)Moi, je dirai plutot bon vent a tout mouvement citoyen sentinelle. Salam
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