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Entretien

Pr Abdou Niang: « 1000 Sénégalais arrivant au stade terminal de la maladie rénale, chaque année, n’ont pas les moyens pour se soigner »

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Pr Abdou Niang: « 1000 Sénégalais arrivant au stade terminal de la maladie rénale, chaque année, n’ont pas les moyens pour se soigner »
Personne ne peut le contester. Le Sénégal a fait des bonds prodigieux en matière de prise en charge des maladies rénales. Le nombre de centres de dialyse est passé de 3 en 2013 à 25 aujourd’hui. Mieux, la greffe rénale est réalisable au Sénégal depuis quelques mois. Ce tableau encourageant cache mal des défis diagnostiqués, dans cet entretien, par le Pr Abdou Niang, responsable de la chaire de néphrologie de la faculté de médecine de l’UCAD. Avec des chiffres à l’appui, il a démontré que l’Etat gagnerait à investir dans la greffe rénale. Surtout qu’il y a 850.000 Sénégalais qui ont la maladie rénale et qui ignorent qu’ils sont malades. Plus inquiétant, 1000 patients arrivent au stade terminal de la maladie rénale chaque année et n’ont pas les moyens de se prendre en charge.

Aujourd’hui, quelle est la situation de la dialyse au Sénégal ? 

La maladie rénale comme partout dans le monde est un véritable problème de santé publique. Il y a près de 850.000.000 de personnes dans le monde qui souffrent de maladies rénales pour une population de huit milliards d'habitants. Au Sénégal, lors de nos dernières études, on a estimé qu’il y a plus de 850.000 personnes qui ont une maladie rénale. Mais, le grand problème, c’est que la grande majorité ignore leur situation rénale car c’est un tueur silencieux. Et aujourd’hui, ce qui nous fait peur, c’est le nombre de malades en dialyse qui est autour de 2000. On sait que chaque année, nous avons plus de 1000 Sénégalais qui arrivent au stade terminal de la maladie rénale et qui ont besoin de dialyse et qui ne peuvent pas y avoir accès pour diverses raisons.

Quelles sont les causes de cette maladie ? 

La première cause, c’est l’hypertension artérielle. Et, c’est important que les Sénégalais le comprennent car l’hypertension est trop banalisée dans le pays. Et la semaine dernière, une étude avec la société sénégalaise de cardiologie, parlait de 41% des Sénégalais et c’est énorme. Cela veut dire qu’un Sénégalais sur deux est hypertendu. L’autre problème, c’est le diabète. Tous les hypertendus et les diabétiques courent des risques de détruire leurs reins. Quand on voit actuellement le nombre de patients dialysés et d’hémodialysés au Sénégal, 60% sont en dialyse du fait du diabète et de l’hypertension artérielle. Donc, si nous faisons un bon travail de prévention, nous pouvons diminuer la population qui arrive en dialyse.

Est-ce que cette maladie peut survenir chez les bébés ?

L’insuffisance rénale peut survenir chez le bébé et récemment on a fait introduire au Sénégal, la technique de dialyse péritonéale percutanée pour ces sujets. Ces bébés de moins de cinq ans sont très difficiles à mettre sur une machine de dialyse. Et c’est là qu’on magnifie le travail de nos néphrologues pédiatres qui ont pu sauver des enfants par la dialyse péritonéale. Ce sont des enfants qui souffraient d’insuffisance rénale.

Peut-on avoir une idée sur le nombre de centres de dialyse dont le Sénégal dispose ? 

En 2003, il n’y avait que deux centres de dialyse au Sénégal. Il s’agit de celui de l'Hôpital Le Dantec et celui de l’Hôpital Principal. Le Sénégal est passé de 3 centres de dialyse en 2013 à 25 centres.  

On avait un  milliard dans la subvention de dialyse qui avait permis de décentraliser la dialyse avec un centre à Saint-Louis, à Ziguinchor,  à Tamba et à Kaolack. A partir de 2012,  le Président Macky Sall a fait une politique d’extension qui fait que nous sommes aujourd’hui à 25 centres de dialyse. Actuellement, dans chaque région du Sénégal, il y a un centre de dialyse.

En 2005, le Sénégal comptait 3 néphrologues au Sénégal. Aujourd’hui, nous avons une école de néphrologie. Nous sommes avec 50 néphrologues qui sont majoritairement formés au Sénégal et qui sont dans ces différents centres. Mais, c’est toujours faible par rapport à la demande parce que nous sommes à moins de quatre néphrologues par million d’habitants alors que dans les pays développés, ils sont à plus de 30 néphrologues par  million d’habitants. Cela veut dire qu’il y a du travail qui a été fait. Mais il faut continuer ce travail en termes de ressources humaines et d’équipements pour pouvoir combler le gap de la demande par rapport à la faiblesse de l’offre.

Il a été fait état de la perte de 200.000 kits. Qu’est-ce qui peut l’expliquer ?  

Ce qu’il faut savoir, c’est que la dialyse coûteuse. C’est vrai que nous sommes un pays à ressources limitées. Depuis 2016, l’Etat dépense plus de 6 milliards par an et cela fait 42 milliards exactement et c’est énorme. Malheureusement, tout ce budget ne nous permet de soigner que 1.500 malades. D’ailleurs, c’est pour cela que nous avons organisé cette réunion pour se dire, nous n’avons pas beaucoup de moyens, mais nous devons optimiser pour qu’au moins le nombre de malades qu’on soigne avec cet argent puisse augmenter. D’où l’audit de l’utilisation des kits de dialyse. On s’est rendu compte qu’il y avait beaucoup de déperditions de kits de dialyse et qui était autour de 200.000 kits. Et à l’issue de l’atelier, il y aura des orientations et des recommandations qui seront faites aux fins d’optimiser leur utilisation.

Est-ce qu’il est possible qu’un malade puisse se prendre en charge chez-lui ?

C’est qu’on appelle les techniques de dialyse à domicile et ça ne date pas de maintenant. Ça se fait dans le monde depuis plus de 40 ans. Au Sénégal, cette prise en charge ne date pas d’aujourd’hui. Nous avons démarré depuis 2003. Mais le problème, c’est que cette technique ne s’est pas beaucoup développée et pour cette technique, le malade n’a pas besoin de se déplacer trois fois par semaine à l’Hôpital. Il vient, on l’hospitalise une semaine, on lui place un tuyau dans le ventre et au bout de quinze jours, on lui donne des poches contenant un dialysat et c’est lui qui va continuer le traitement à la maison. Chaque deux mois, il vient à l’hôpital pour des contrôles, des analyses. Il a la meilleure qualité qu’un malade qui est sur une machine d’hémodialyse, parce que nous avons constaté que les malades qui viennent trois fois par semaine ont des difficultés à travailler alors que le dialysé doit continuer à travailler ; parce que c’est du temps de travail qu’ils prennent. Quand vous êtes en dialyse péritonéale vous pouvez parfaitement être à Tambacounda ou à Kédougou ou ailleurs dans un lieu où il n’y a pas de centre, vous continuez à faire votre hémodialyse. Mieux, vous pouvez faire la dialyse péritonéale la nuit. Parce qu’on a un cycleur ou machine de la dialyse qui peut vous faire la dialyse péritonéale quand vous dormez la nuit. Cette technique à partir de cet atelier et de la perception que nos autorités auront, elles nous aideront nous les techniciens à mieux développer cette technique au Sénégal.

Quels sont les besoins en termes d’équipements et de ressources humaines pour mieux traiter les malades au Sénégal ?

 Il y a un travail de vulgarisation qui est à faire. Mais il faut aussi vulgariser la transplantation rénale. Pendant longtemps, nous avons été frustrés de ne pas pouvoir faire la transplantation rénale au Sénégal. Surtout que nous avons les ressources humaines. Nous avons pu en novembre dernier faire les premières greffes au Sénégal. Nous avons montré aux autorités que nous avons l’expertise. Nous avons été appuyés par une équipe étrangère. Aujourd’hui, nous pouvons réaliser des greffes ici au Sénégal. Mais les greffes coûtent de l’argent on a évalué une greffe à 15 millions de francs Cfa ce qui fait si on veut greffer avec de l'équité, il faut que l'Etat investisse sur la greffe.Il faut que l'Etat paie 12 millions chaque année pour que le malade puisse continuer à vivre et nous avons démontré que quand vous faites la greffe, ce sont 15 millions la première année, 10 millions la deuxième année et à la troisième année, ce sont moins de 3 millions. Autrement dit, si le malade vit 10 ans avec une hémodialyse, ce sont 12 millions qu’il faut multiplier par 10 ce qui donne 120 millions de francs Cfa par contre en transplantation, vous avez 25 millions dans les deux premières années mais après les 7 ans, on est entre 20 à 21 millions. La réalisation d’un centre de dialyse coûte au moins 150.000.000 de francs CFA. Alors que pour la dialyse péritonéale, il faut juste des ressources humaines et des poches. Cela veut dire que si on s’y met, on peut aujourd’hui arriver à 500.000 malades en dialyse péritonéale et augmenter aussi l’offre en greffe rénale.


5 Commentaires

  1. Auteur

    il y a 2 jours (17:50 PM)
    Voici les vrais sujets dont on doit débattre dans ce pays. Mais malheureusement nos gouvernants sont dans la politique politicienne et les règlements de comptes.

    La première chose à faire c'est d'interdire toutes les émissions des charlatans de la mort sur les chaînes de télévision. Ces assassins sont les premiers responsables des maladies rénales dans ce pays. J'ai vu une dame à qui un marabout tradi praticien a donné du foin ( ngoogne) à faire bouillir et à boire pour lutter contre son diabète. Actuellement elle est sous dialyse, elle a perdu ses deux reins.

    C'est grave docteur
  2. Auteur

    il y a 2 jours (19:49 PM)
    On s'en fout on veut nos gueunons
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    Auteur

    Rein

    il y a 2 jours (19:56 PM)
    La plupart des malades renaux sont laisses a eux meme et n ont pas les moyens financiers de tenir et disons la verite aussi ces professeurs agreges qui sont au sommet et qui gerent la maladie renale c est a dire ce Abodou niang , Fary ka et autres sont de gros corrompus qui ne sont la que pour leur poche et leur succes international ils s en fichent des malades et je parle en connaissance de cause actuellement au centre de dialyse roi baudoin de guediawaye y a pas de nephrologue a cause d un directeur arrogant et incompetent qui considere l hopital sa propriete et les autorites ne disent rien il corrompe meme avec l argent de l hopital ses patrons qui sont au ministere le mal est trop profond les malades meurent comme des mouches .
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    Auteur

    Rein

    il y a 2 jours (20:21 PM)
    Ces professeurs vendent des places disponibles a des millions aux malades qui ont les moyens et ils encouragent l etat a financer les greffes pour qu ils s enrichissent comme souleymane mboup avec le sida et il y aura une concurrence rude entre eux pour diriger ils s en fichent des malades ils ont tous leur business dans les cabinets prives de dialyse alors que cette maladie est un probleme de sante publique parce que ca touche des milliers de senegalais et les gens n ont pas de moyens et meme si letat paie pour les dialyses en publique mais ce sont les malades qui se prennent en charge les analyses, ordonnances, specialistes , transport , nourriture et tout est excessivement cher exemple la plupart des malades prennent une injection chaque semaine qui coute 28000 frcs cfa et les gens n ont meme pas de quoi manger . Allez sur leral tv sur you tube vous allez voir un reportage sur les malades et beaucoup decouvriront ce que ces gens vivent dans ce pays que nous partageons tous





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    Auteur

    Rein

    il y a 2 jours (20:21 PM)
    Ces professeurs vendent des places disponibles a des millions aux malades qui ont les moyens et ils encouragent l etat a financer les greffes pour qu ils s enrichissent comme souleymane mboup avec le sida et il y aura une concurrence rude entre eux pour diriger ils s en fichent des malades ils ont tous leur business dans les cabinets prives de dialyse alors que cette maladie est un probleme de sante publique parce que ca touche des milliers de senegalais et les gens n ont pas de moyens et meme si letat paie pour les dialyses en publique mais ce sont les malades qui se prennent en charge les analyses, ordonnances, specialistes , transport , nourriture et tout est excessivement cher exemple la plupart des malades prennent une injection chaque semaine qui coute 28000 frcs cfa et les gens n ont meme pas de quoi manger . Allez sur leral tv sur you tube vous allez voir un reportage sur les malades et beaucoup decouvriront ce que ces gens vivent dans ce pays que nous partageons tous





    • Auteur

      Reply_author

      il y a 2 jours (20:46 PM)
      C est grâce à ces professeurs qu il y'a des néphrologues dans ce pays. C est grâce à ces professeurs qu il y a dss techniciens de dialyse.
      C est grâce à ces professeurs que les centres de dialyse augmentent et fonctionnent. C est grâce à ces professeurs qu on a commencé la greffe de rein au Sénégal, montrant aux autorités politiques que c est possible et que c est à elles de mettre des sous pour permettre à beaucoup de sénégalais de bénéficier de greffes ou de continuer à mettre beaucoup d argent dans des institutions qui ne servent presque à rien comme le cese ou le hcct.
      Félicitations nos professeurs et s il y en a qui font mal leur travail ou qui détournent de l argent, dénonçons les de manière claire.
      Je connais la plupart d entre eux et je présume qu ils sont en général honnêtes car je les connais depuis 30 ans sans jamais les avoir vu mêlés dans des malversations.
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