L’ONG Greenpeace Afrique a lancé, vendredi à Dakar, une campagne pour la préservation et la conservation du mérou blanc (thiof en Ouolof, la principale langue du Sénégal), une espèce menacée de disparition et devenue inaccessible et chère pour la plupart des ménages sénégalais.
«Le thiof était jadis abondamment consommé par les Sénégalais. Mais les générations futures risquent de grandir sans jamais le connaître. Il est aujourd'hui tellement rare et cher que la plupart des Sénégalais n'ont plus les moyens de l'acheter», a affirmé Ahmed Diamé, chargé de campagne de Greenpeace
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S'exprimant au cours du lancement de la campagne dont le chorégraphe Doudou Ndiaye Rose est l'ambassadeur, M. Diamé a souligné qu'aujourd'hui, le pourcentage du thiof adulte a chuté de près de 80% au début des années 90 à environ 38%.
«Si on n'y prend garde, a ajouté Ahmed Diamé, cette espèce risque d'être exploitée jusqu'à son extinction. Ce qui sera une conséquence d'une des dérives néfaste de la cupidité des hommes et de la pêche généralisée qui est pratiquée en Afrique de l'Ouest par des flottes étrangères voraces, mais également par des pêcheurs artisans cherchant désespérément à préserver leurs moyens de subsistance traditionnels afin de couvrir leurs besoins».
Selon l'ONG Greenpeace, malgré la situation critique des stocks de thiof, il continue d'être pêché et exporté à un rythme inquiétant. Rien qu'en 2011, 1.649 tonnes de thiof ont quitté le Sénégal vers les marchés européens, asiatiques, du Moyen-Orient, d'Amérique du Nord et d'Afrique. A elle seule, l'Union européenne a reçu près de 70% de cette quantité.
«La préservation du thiof est l'affaire de tous ceux qui sont soucieux de la santé de nos océans. Nous appelons les pêcheurs, les consommateurs et les décideurs politiques à se mobiliser et à agir pour éviter la disparition programmée de cette espèce», a poursuivi Ahmed Diamé.
La campagne invite l'Etat sénégalais à mettre en place des mesures concrètes pour préserver le thiof, demande un moratoire sur son exportation et la création de réserves marines dans la zone économique exclusive (EEZ) sénégalaise.
Aux consommateurs, il est demandé de ne plus acheter le thiof au supermarché ou de le commander au restaurant jusqu'à ce que ses stocks se reconstituent.
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