‘Pourquoi Georges Emmanuel Gabrieli continuait-il de circuler tranquillement alors qu'il devait aux travailleurs plus d'un milliard ?’ ‘Etait-il au-dessus des lois ?’ ‘Où est-ce qu'il bénéficiait d'une impunité ou d’une immunité ?’ C'est à travers ces différentes questions que les avocats des familles des victimes se sont interrogés sur les agissements du Pca d'Africamer, à l'encontre des travailleurs. Ces derniers sont victimes de licenciements abusifs, d'arriérés de salaire, entre autres. Ils ont vainement manifesté à travers une grève de la faim, une marche dans les rues de la capitale.
Beaucoup d'entre eux sont morts de misère. Les vivants, retraités et licenciés, hommes, enfants et jeunes, qui espèrent être rétablis dans leur droit, ont passé toute la journée de jeudi dernier au tribunal de Dakar. Ce, dans l'espoir de voir le bout du tunnel.
Parmi les griefs retenus contre Georges Emmanuel Gabrieli (né en novembre 1947, divorcé et père d'un enfant de sexe féminin), ‘le fait d'avoir fait preuve de négligence, de maladresse et d'inobservation des règles d'hygiène et de sécurité dans l'entreprise’. Pour le procureur, cet employeur ne s'est pas entouré de toutes les précautions nécessaires garantissant des conditions de travail optimales aux travailleurs. ‘Qu'il arrête d'exposer les travailleurs à des risques qui peuvent leur être fatal’, s'est exclamé le maître des poursuites, lors du procès pour homicide involontaire. Et ce manque de lucidité et ce non-respect de ces règles minimales auront été fatals aux trois ouvriers morts lors d'un accident de travail, survenu au Port autonome de Dakar, le mercredi 21 avril dernier.
C'est fort de ces éléments que le Pca d'Africamer est qualifié de ‘délinquant financier qui ne respecte pas la législation fiscale’. Pour les plaignants, ce qui intéresse le sieur Gabrieli, c’est de renflouer ses poches. Une crevette est plus importante que quatre travailleurs était son leitmotiv, selon Me Ousseynou Gaye.
A l'interrogatoire, Gabrieli ne s'est pas expliqué sur le déroulement de l'accident. Il soutient avoir été ‘absent des lieux du drame au moment des faits’. Toutefois, il reconnaît avoir ordonné les travaux au niveau du dock. Sur les raisons des travaux de réfection, Gabrieli dit vouloir ‘redémarrer la société’. Et le salaire journalier des ouvriers se chiffre à quatre mille francs, si l'on en croit ses propos tenus devant le juge.
A sa suite, le nommé Youssou Faye, coordonnateur du collectif des 1 840 travailleurs de la société, a accablé son patron : ‘Le dock, qui s'était affaissé depuis huit mois, se trouvait entièrement dans l'eau. Les ouvriers n'étaient pas habilités à ce travail. Il fallait chercher des plongeurs professionnels. Ils n'étaient pas outillés face aux conditions marines. Il y avait des déchets, huile et gaz toxique issus des déversements des sociétés se trouvant dans les abords du port’.
Les trois victimes s'adonnaient à la réfection du dock chargé de soulever des navires. Le travail consistait à dégager l'eau pour qu'il puisse remonter à la surface. Le premier à entrer est le nommé Daouda Guissé. Il sera rejoint par Youssou Diagne et Omar Tall qui voulaient lui apporter secours. Mais la malchance les a saisis puisqu'ils ne vont plus jamais échapper à la tragédie. C'est dans ces circonstances que l'accident est survenu. La vérité des faits sera établie à la date du mardi 11 mai.
POUR LE POOL DES AVOCATS DE LA DEFENSE : Le secteur de la pêche est sinistré à cause de l'Etat
La pêche est un secteur sinistré à cause de l'Etat du Sénégal qui n'a rien fait pour le redresser. L'Etat a failli dans ce domaine. La conviction est de l'avocat Baboucar Cissé. Pour justifier la responsabilité de l'Etat dans cette affaire, Me Cissé évoque l'histoire : ‘Le naufrage du bateau Le Joola est classé sans suite, alors qu'il y a eu trois mille victimes. L'explosion de l'ammoniaque à la Sonacos a fait des milliers de victimes et aucune poursuite n'a été enclenchée’. ‘La société Africamer employait quatre mille employés. Un financement de 15 milliards de francs Cfa a été englouti dans la société’.
Pour toutes ces raisons, son confrère Me Sidy Kanouté pense que Gabrieli est victime d'injustice dans cette affaire, car c'est le directeur général d’Africamer, Moustapha Camara, qui devrait être poursuivi au lieu du Président du conseil d'administration. La défense a sollicité quatre demandes : relaxer Gabrieli, débouter les travailleurs pour défaut de jugement d'hérédité, déclarer irrecevable leur plainte, ou à défaut, la disqualifier en une simple contravention, synonyme d’une amende pécuniaire.
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