ALIOUNE BADARA DIOP, 44 ANS : « J'ai été victime d'actes pédophiles à l'âge de 9 ans»
Neveu d'un très haut magistrat, Alioune Badara Diop a vu le sort s'acharner contre lui. Il connaît la prison Rebeuss comme il connaît sa maison familiale, pour y avoir séjourné à plusieurs reprises. Ayant acheté une antenne Tv5 volée chez un policier, il s'est retrouvé derrière les barreaux. Au Lycée Lamine Guèye où il s'est rendu pour rédiger une lettre, il s'est vu accuser de tentative de vol de copies de...baccalauréat. Ayant réussi à aller en Espagne, il a été rapatrié au bout de 45 jours. A 44 ans, il continue de souffrir le martyre. Récit.
«Je m'appelle Alioune Badara Diop. J'ai 44 ans. Je suis venu ici pour raconter une histoire qui m'a marqué durant toute ma jeunesse et qui a beaucoup influé sur ma vie. J'avais une bonne éducation au départ. Ce qui fait que j'ai toujours figuré au tableau d'honneur, de la classe de CI au CEl. Une fois au CE2, mon niveau a baissé. Aujourd'hui, je sais que c'est pour des raisons liées à mon environnement familial de l'époque. Ce n'est ni la faute de ma mère, ni celle de mon père, qui m'ont inculpé une bonne éducation. C'est plutôt la faute d'un cousin venu à la maison pour étudier. Il était mon aîné de 10 ans. A l'âge de 9 ans, il faisait des actes pédophiles sur moi. Je ne pouvais rien dire à personne, parce que j'étais encore jeune et j'avais peur de le dénoncer. Après chaque acte, il m'offrait de petites pièces. Finalement, je suis tellement devenu accro de l'argent que j'en cherchais par tous les moyens. Il m'arrivait même de fouiller dans les poches de mon père pour trouver de la petite monnaie. On ne manquait de rien à la maison, le petit-déjeuner, le déjeuner et même le gouter pour l'école. N'empêche, mon cousin m'avait tellement habitué à l'argent que je ne pouvais m'en passer. J'ai grandi comme ça. A l'âge de 20 ans, j'ai commencé à filer du mauvais coton. Ce qui m'a valu un premier séjour en prison en 1993. A l'époque, j'avais recelé une antenne Tv5 que je voulais revendre pour me faire de l'argent. Malheureusement, l'antenne Tv5 ¬avait été volée chez un policier, l'actuel patron du Bureau des relations publiques de la police, le colonel Alioune Ndiaye. Lorsque je suis allé à l'avenue Lamine Guèye pour l'écouler, des commerçants m'ont appréhendé et un policier en civil est venu me récupérer et me conduire au commissariat central. J'ai passé 3 jours en prison. Je partageais la même chambre que le chanteur Doudou Seck. J'ai été conduit au palais de justice du Cap manuel pour jugement. Il se trouve que c'est mon oncle, qui est un haut magistrat aujourd'hui, qui siégeait. Ce jour, on a jugé tous les détenus sauf moi. On m'a libéré sans jugement. Après cela, mon oncle, le magistrat, m'a trouvé du travail à la banque de l'Habitat. J'y ai fait 2 à 3 ans comme assistant de direction. J'ai fini par y rencontrer un problème. J'ai été accusé à tort de détournement, alors que l'auteur de ces faits était le neveu du Directeur général. On nous a arrêtés tous les deux et acheminés au commissariat central où nous avons passé 10 jours avant d'être déférés. Le neveu du Directeur a été libéré et moi j'ai été envoyé à la prison centrale de Rebeuss. J'ai finalement été jugé et libéré après 19 renvois de délibéré.
A ma sortie de prison, j'ai fait une traversée du désert. L’idée de commettre un cambriolage a germé dans ma tête. Je suis entré dans la villa d'un blanc qui jouxte notre maison familiale. J'ai volé des appareils électroménagers avant d'être arrêté et acheminé à la police de Dieuppeul. Le commissaire Assane Ndoye était à l'époque chef de cette police. Il m'a mis avec des gens que je ne connais ni d’Adam ni d'Eve. La télévision nationale nous a filmés et cela a fait un grand bruit. Lorsque nous sommes allés au tribunal, j'ai été condamné à 2 ans. J'avoue que j'ai bien mérité ma sanction. J'ai été libéré en 2005. A ma sortie de prison, j'ai adressé une correspondance au Président Abdoulaye Wade. Il m'a mis en rapport avec un de ses conseillers techniques du nom de Pape Demba Diallo. Mais ce dernier a été remplacé par la suite par Ousmane Bâ. Lorsque je suis allé le rencontrer au palais, il m'a suggéré d'adresser une autre correspondance au Président. Je suis allé au lycée Lamine Guèye pour rédiger ma lettre. N'ayant vu personne à qui m'adresser, je suis entré dans un bureau. Lorsque j'ai terminé ma rédaction, j'ai constaté que la porte était fermée. Par la fenêtre, j'ai aperçu une vendeuse de cacahuètes pour lui demander si elle connaissait celui qui m'a enfermé. Elle est partie pour chercher le gardien. Quelques minutes plus tard, un monsieur est venu pour ouvrir la porte et est tombé net sur moi. J'ignorais qu'il y avait un examen du baccalauréat et que celui qui était en face de moi était un président de jury. Croyant que j'étais venu pour voler des sujets, on m'a conduit au commissariat du Plateau. J'ai été placé en garde à vue malgré mes dénégations. J'ai passé le week-end à la police.
Le lundi, j'ai été déféré. Ma femme était en état de grossesse très avancé. Le substitut du procureur, Abdou Karim Diop, avait en charge mon dossier. Il m'a signifié que j'étais poursuivi pour tentative de vol de sujets de baccalauréat. Heureusement, après m'avoir écouté, il m'a accordé la liberté provisoire. Je devrais être jugé dans 10 jours. Quand je suis sorti du Bloc des Madeleines, je suis resté deux heures sans pouvoir quitter les lieux, tellement je n'en revenais pas. Pour la première fois, quelqu'un venait de croire à mes dires. Cette même nuit, mon épouse a accouché d'une fille. Le lendemain, je suis retourné au tribunal pour voir le substitut du procureur qui m'avait libéré pour lui dire que ma femme a accouché et que j'aimerais que ce soit lui qui choisisse le nom. C'est ainsi que ma fille se nomme Ndèye Khady, du nom de l'épouse du procureur Abdou Karim Diop.
Depuis lors, j'ai essayé de refaire ma vie avec mon épouse qui n'a cessé de me soutenir durant toutes ces épreuves. Mais ma vie est de plus en plus difficile. Même si je n'ai jamais croisé les bras. J'ai travaillé à Ama-Sénégal à la section collecte dès ordures. Puis j'ai été convoyeur à l'usine Nma. J'ai également travaillé à la Cse comme manœuvre. J'ai aussi travaillé dans les travaux publics et à la construction de l'Hôtel Radison Blu. Mais à chaque fois, j'étais contraint d'abandonner au bout de deux mois, car depuis la mutinerie de novembre 1996 à la prison centrale de Rebeuss, j'ai eu des séquelles, ayant été bastonné par les gardes pénitentiaires. Quand je demande du travail; les gens ne comprennent pas. Ils disent que je suis paresseux, alors que ce n'est pas le cas. Je ne peux plus supporter certains travaux pénibles. Les gens ne cherchent même pas à savoir l'origine de mon mal. Je suis allé voir mon père pour lui expliquer ma situation. J'ai supplié ma mère de me comprendre, elle qui s'est beaucoup investie pour moi. Mes frères qui ont de meilleurs niveaux de vie que moi ne veulent même pas me voir en peinture. Mon oncle magistrat a honte de moi. Je lui ai adressé une vingtaine de courriers sans suite. Je pense qu'il pouvait me venir en aide. Un jour, on s'est rencontré au cimetière. Je lui ai tendu la main, il a refusé de me saluer. Je suis allé le voir chez lui, mais le vigile m'a dit qu'il a donné des instructions pour que je n'entre pas.
Actuellement, je vis une situation très difficile. J'ai des enfants à nourrir, j'ai le loyer à payer. Depuis deux ans, je n'ai plus de travail. J'ai frappé à toutes les portes, mais rien. J'ai une fille qui était très brillante à l'école. Mais depuis deux ans, elle a arrêté ses études en classe de sixième: Je l'avais inscrite dans une étole privée. Depuis, j'ai tout fait pour l'intégrer dans une école publique, en vain. Aujourd'hui, je ne vis que pour mes enfants, ma femme et ma mère. Après ma sortie de prison, elle a tout fait pour me tendre la perche. Elle a trouvé de l'argent qu'elle a remis à un convoyeur qui m'a acheminé en Espagne. Mais au bout de 45 jours, j'ai été rapatrié en même temps que d'autres voyageurs qui avaient réussi à aller aux Iles Canaries avec des pirogues.
A mon retour, j'avais tellement honte que je n'ai pas pu la regarder. Je suis restée trois ans à la fuir. Depuis 2008, je ne peux lui rendre visite. Elle m'a tout donné. Elle a vendu ses biens pour que je refasse ma vie, mais jusqu'à présent, je n'ai pas réussi à la satisfaire. Comme je connais ses habitudes, je profite de ses sorties, par exempte quand elle va chez le boucher du coin ou au marché, pour me placer dans une ruelle et la regarder à distance. Parfois je compose son numéro de téléphone rien que pour entendre sa voix. Dès qu'elle dit «Allo !» je raccroche. C'est une situation pénible que je vis. Mais si je meurs sans rien faire de bien pour ma mère, j'aurai raté ma mission sur terre. Si j'ai la force de me battre aujourd'hui; c'est grâce à elle.
Je tends la main à toute personne pouvant m'aider à sortir de cette mauvaise passe. Je ne veux pas de l'argent, mais plutôt du travail pour subvenir aux besoins de ma famille et de ma mère.
Les gens doivent savoir que ce n'est pas parce qu'on a fait la prison que nous sommes mauvais. Je ne`suis pas mauvais. Je n'ai jamais versé de sang, je n'ai jamais tué. Je n'ai jamais touché à la drogue ni à l'alcool. J'ai commis des erreurs de jeunesse et je l'assume entièrement. J'ai décidé de ne plus jamais retourner en prison. Un homme peut se tromper à un moment de sa vie et le regretter. Cela ne veut pas dire qu'il est mauvais. Nul n’est parfait.
SOURCE : L’OBS Daouda MINE
28 Commentaires
Da
En Août, 2011 (15:30 PM)Dtr
En Août, 2011 (15:43 PM)Amaadouu
En Août, 2011 (15:53 PM)Lui
En Août, 2011 (16:18 PM)Patisco
En Août, 2011 (16:28 PM)vive wade et ses alliés 75% au premier tour
Ndiaganiao
En Août, 2011 (16:31 PM)wade dolignou yow lagnou gueum ya niou doy thia kaw thia kanam rek
Boy Dakar!!
En Août, 2011 (16:36 PM)Detectiv
En Août, 2011 (16:50 PM)Thiessois
En Août, 2011 (16:54 PM)Ce qu´on constate c´est que ce n´est pas un cas isolé. Très souvent les enfants sont victimes d´un proche parent hébergé ou le contraire, c´est à dire que l´hébergé soit la victime. Réfléchissons deux fois avant de mettre nos familles en danger, à moins qu´on n´ait la possibilité de faire dormir les gens séparément, vu que ces choses là existent. Combien de filles en sont victimes d´ailleurs, étant au Lycée et hébergées qui se font engrosser ou violer par le fils de la maison ? Que d´écoles interrompues pour de brillants cerveaux à cause de notre hospitalité!
Daou
En Août, 2011 (17:50 PM)Sddd
En Août, 2011 (18:12 PM)Bouffon
En Août, 2011 (18:36 PM)Juge
En Août, 2011 (20:08 PM)Alexe
En Août, 2011 (20:32 PM)Lamie
En Août, 2011 (20:50 PM)Wade Wax Waxett
En Août, 2011 (21:01 PM)Ndeeta
En Août, 2011 (23:15 PM)Vu....
En Août, 2011 (00:00 AM)... AVANT K LA PEDO NE NOUS AFRONTE.....
Samvs
En Août, 2011 (00:40 AM)Dommage
En Août, 2011 (04:05 AM)Mayniou
En Août, 2011 (07:22 AM)Moi Non Plus
En Août, 2011 (09:42 AM)Trust
En Août, 2011 (12:21 PM)Ndèysan
En Août, 2011 (13:35 PM)[email protected]
En Août, 2011 (15:47 PM)Xolal li rek, doug keur diambour yakh domam.
Mya
En Août, 2011 (17:13 PM)Ibou
En Août, 2011 (20:28 PM)Papis
En Août, 2011 (13:46 PM)Participer à la Discussion