Malick Wane, Alioune Diakhaté et Mamadou Lô ont été les trois accusés, sur les cinq, qui ont comparu, hier, lors de la première journée à la Cour d’assises spéciale pour le procès de la célèbre et dangereuse bande de caïds des Alex, Ino,... Et cela, dix après leur arrestation. Cette longue détention semble profiter aux trois accusés qui recouvrent, de fait, la liberté pour avoir déjà purgé leur peine. 
Poursuivis pour vol de véhicules la nuit avec violence, Malick Wane, Alioune Diakhaté et Moussa Niang ont été arrêtés en mars 1998, en même temps que la dangereuse bande des Alex et Ino. Ces malfaiteurs ont été enfermés dans la tristement célèbre Chambre 10 de la prison centrale de Rebeuss, à partir d’où Alex, Ino et leurs acolytes ont eu à organiser de spectaculaires évasions.
C’est la raison pour laquelle, le dossier de ces malfaiteurs a, pendant les longues années de cette procédure, été joint à ceux des Ino (aujourd’hui décédé) et Alex. C’est seulement en 2006 que la Chambre d’accusation de la Cour d’appel de Dakar a, dans un arrêt, demandé de manière claire que ce dossier soit dissocié d’avec celui de Alex et des autres. Cette erreur matérielle et judiciaire corrigée, les accusés ont été renvoyés hier devant la Cour d’assises pour répondre des crimes graves qui leur sont reprochés.
Malick Wane, né en 1974 à Thiaroye et Alioune Diakhaté dit ‘Boy Nar’, né en 1972 à Pikine étaient eux poursuivis pour vols de véhicules la nuit avec violence. Mamadou Lô, né en 1970 à Malicounda, quant à lui, était poursuivi pour recel. Il a acheté les quatre roues, provenant d’un véhicule R 4 volé, au prix de dix mille francs. L’avocat général, dans son réquisitoire, s’est offusqué de la liberté provisoire, accordée à Moussa Niang. Ce dernier, à ses yeux, n’y avait pas droit, parce qu’il s’était évadé de la gendarmerie de Diamniadio où il était placé en garde-à-vue. Pour les accusés, qui ont répondu à la barre de la Cour d’assises, l’avocat général estime que leur responsabilité est suffisamment prouvée en dépit de leurs dénégations à la barre.
Par conséquent, il a demandé au jury et aux jurés de condamner à vingt ans de travaux forcés Alioune Diakhaté qui a eu à s’évader de prison de manière spectaculaire avec la bande à Ino. Pour Malick Wane, l’avocat général a requis la prison à perpétuité. Et pour Mamadou Lô, poursuivi pour recel, il a demandé à la Cour une peine dissuasive de deux ans de prison avec sursis.
Pour Me Etienne Dione, avocat de Mamadou Lô, si ce dossier a traîné depuis dix ans, c’est parce qu’il a été mis en rapport avec le dossier des Alex et Ino, sinon, il serait jugé depuis fort longtemps, souligne-t-il. Son confrère, Me Macodou Ndour, conseil de Malick Wane s’est étonné même que ce dossier atterrisse en Cour d’assises alors qu’il est bon pour la correctionnelle. Après la plaidoirie des avocats, la Cour a rendu un verdict d’une extrême clémence pour les accusés. Ainsi, des peines de dix ans de prison avec travaux forcés ont été prononcées à l’encontre de Malick Wane et Alioune Diakhaté. Le sieur Mamadou Lô, poursuivi pour recel, a été acquitté par la Cour.
Ces accusés, qui ont passé dix ans et demi en prison, vont donc recouvrer la liberté. Même si le verdict a mis du temps à être rendu, il a le mérite de laver de tout soupçon des accusés, jusque-là perçus comme des gens appartenant à la dangereuse bande des Alex et Ino. Ces derniers ont eu à commettre les crimes les plus odieux de ces dernières années au Sénégal.
Les faits, jugés hier, et tels que racontés dans l’arrêt de renvoi, remontent à la fin des années 90. Malick Wane, Alioune Diakhaté et Moussa Niang se faisaient passer nuitamment comme des gens qui louaient un véhicule de transport, notamment un taxi. Mais quand ils arrivaient dans un endroit désert, la bande arrêtaient le moteur du véhicule, retiraient les clefs de la voiture et menaçaient le chauffeur qui prenait la fuite. Le véhicule volé est ainsi mis en pièces détachées qui seront écoulées dans le marché. Ces caïds ont eu à voler par ce modus opérandi, une Toyota, une 504 et une R 4 avant d’être neutralisés par la gendarmerie de Diamniadio en 1998.
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