Mor Lèye, un infirmier très connu dans la banlieue, et une voyante du nom de Fatou Diop ont été arrêtés puis déférés au parquet, hier, par le poste de police de Yeumbeul après la mort d'un bébé, cinq heures seulement après sa naissance au centre de santé Roi Baudouin de Guédiawaye. La maman du bébé, toujours sous surveillance médicale, sera également conduite au parquet à sa sortie du centre de santé.
Le 9 août dernier à 11 heures 35 minutes, une dame du nom de Ndèye Binetou Ngom, en proie à de vives douleurs, accouchait d'un bébé de sexe féminin au centre de santé Roi Baudouin de Guédiawaye. À 16 heures 10 mn, soit près de cinq heures après sa naissance, le bébé rend l'âme, à la grande surprise du médecin-chef du centre de santé Roi Baudouin. Ce dernier, après avoir minutieusement consulté la dame, se rend compte que le bébé est mort à la suite d'une tentative d'interruption de grossesse.
Très remonté contre la dame qui a frôlé la mort, le médecin-chef refuse de la libérer, si elle ne livre pas le nom de celui qui a tenté d'interrompre sa grossesse. Les parents de Ndèye Binetou sont convoqués et en présence du médecin, Ndèye Binetou lâche le nom de Mor Lèye, un infirmier qu'on appelle familièrement dans la banlieue docteur Lèye. Une course est ainsi déclenchée pour cueillir ce fameux docteur Lèye qui va être piégé au téléphone. En effet, la sœur de Ndèye Binetou joint au téléphone docteur Lèye et se présente comme une patiente désireuse d'interrompre sa grossesse. Pressé d'empocher de l'argent, docteur Lèye accepte d'ôter la grossesse moyennant 50 000 FCfa et un rendez-vous est vite fixé aux abords de la station d'essence de Yeumbeul.
Le 11 août 2009, docteur Lèye, muni d'un sac dans lequel il a rangé du matériel dont un spéculum et deux paires de pinces, se présente au rendez-vous. À la place des 50 000 FCfa, il est vite cloué puis livré au poste de police de Yeumbeul, situé non loin de là.
Devant les enquêteurs, le «docteur» balance le nom d'une voyante du nom de Fatou Diop qui lui avait recommandé la dame après avoir tenté vainement d'enlever la grossesse par des décoctions. Tous les deux ont été déférés au parquet, hier, après une prolongation de la garde à vue.
Entendue sur son lit d'hôpital au centre de santé «Roi Baudouin» de Guédiawaye où elle est toujours placée sous surveillance médicale, Ndèye Binetou Ngom est revenue sur la souffrance qu'elle a endurée avant de mettre au monde un bébé de six mois finalement décédé. «Je ne voulais pas être la risée de ma famille dont je suis l'aînée. Mon copain qui m'a engrossée a refusé d'assumer la paternité de l'enfant que je portais. J'ai insisté, il a campé sur sa position. C'est alors qu'on m'a recommandé docteur Mor Lèye pour un avortement. Ce dernier a accepté moyennant 65 000 FCfa. Pendant deux semaines, alors que j'en étais à mon cinquième mois de grossesse, j'ai vécu avec un spéculum (appareil qui sert à ouvrir les parties intimes) dans le vagin. À la maison, j'ai beaucoup souffert, mais personne ne le savait, j'étais toujours au lit», a déclaré Ndèye Binetou Ngom qui est toujours clouée sur un lit à la maternité du centre de santé «Roi Baudouin». Elle sera conduite au parquet dès sa sortie.
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