Effets collatéraux des coupures d’électricité : Dans le noir, le tailleur viole sa « collègue »

Cette histoire de viol peut être rangée dans les annales des effets collatéraux de ces coupures intempestives d’électricité, qui empoisonnent - au propre comme au figuré - la vie de nos concitoyens.  L’histoire s’est déroulée à la Médina. Une fille de moins de 13 ans a été violée par un garçon avec qui elle partageait l’atelier de tailleur. C’était dans la nuit du 14 au 15 mars dernier. Le prévenu risque 10 ans de prison.

Thierno Madhiou Barry est tailleur dans un atelier de couture à la Médina, qui appartient à sa famille. C’est en ce lieu qu’il a fait la connaissance de Aïssatou Bâ, une fille envoyée dans l’atelier pour apprendre la couture. Juste après un mois de stage, Thierno invite la jeune fille chez lui, ainsi que deux de ses copines. C’était dans la nuit du 14 au 15 mars 2006. Une fois dans la chambre du prévenu, Thierno, pour bien accueillir ses invitées, fait un tour à la boutique et se paye une bouteille de limonade Grand modèle. Après qu’elles ont consommé, le prévenu invite alors les deux copines de la jeune fille à prendre congé. Mais, la demoiselle A. Bâ décide alors de rentrer, en même temps que ses copines. Ce à quoi Thierno, qui avait bien mûri son plan, s’oppose. Ainsi, après quelques conciliabules, les deux copines décident de quitter la chambre en y laissant A. Bâ. Se disant certainment que son plan a bien marché, Thierno se frotte les mains. Il ferme la porte à clef. Ensuite, il s’approche de la fille, la brutalise, et l’ayant bien enlacée, ils tombent ensemble sur le lit. Là, sans autre forme de procès, il abuse d’elle. La fille, libérée par la suite, s’enfuit et narre sa mésaventure : « il m’a ligotée par les mains, m’a fermé la bouche avec du scotch, avant de me prendre. Après son forfait, il s’est levé, a ouvert la porte ; et a pris la fuite, me laissant seule dans sa propre chambre. C’est souffrant de vertige et le pagne maculé de sang que je suis sortie pour aviser sa maman. Mais, j’ai trouvé que celle-ci dormait. Ne sachant que faire, je suis alors rentrée chez moi avec des habits tachetés », a déclaré la fille.

Quant au prévenu Thierno, il soutiendra que cette nuit-là, la fille A. Bâ, était venue rendre visite à sa mère. « Il était environ vingt-heures. Voyant que la maman était déjà au lit, A. Bâ décide alors de rebrousser le chemin. Mais, ce moment coïncidait avec une coupure d’électricité. J’ai alors décidé de l’accompagner. Mais je ne l’ai jamais touchée », jure le prévenu. A sa suite, le procureur lui rétorque que la fille, ne connaissant pas sa maman, comment pouvait-elle alors lui rendre visite ? Une question à laquelle Thierno ne put répondre. La maman de la victime, interrogée, dira à la barre que ce jour-là, sa fille n’est non seulement pas rentrée à l’heure habituelle, mais s’est présentée dans un état indescriptible. «  Le pagne plein de sang, elle m’a dit sur un ton pitoyable : « Voilà ce qu’on m’a fait ». C’était scandaleux, révoltant. Et elle m’a communiqué le nom de Thierno, qui travaille dans le même atelier qu’elle. Mais, comme il faisait tard j’ai attendu le lendemain matin pour en savoir davantage. Arrivée très tôt sur les lieux, j’ai demandé si un certain Thierno Madhiou Barry est bien là. On m’informa qu’il n’était pas encore venu. J’ai alors conduit ma fille à l’hôpital. Après avoir été examinée par le gynécologue, ce dernier a confirmé la conjonction sexuelle et dit que l’acte est tout à fait récent. Il m’a établi un certificat médical. C’est après cela que j’ai déposé plainte contre le prévenu.

Dans sa plaidoirie, l’avocat de la partie civile, Me Amadou Bamba Cissé, a démontré que le prévenu est pris à son propre piège, car il a même précisé la couleur du pagne de la fille. « L’habillement de celle-ci ne permettait pas d’entrevoir le pagne. A moins qu’il soit enlevé. D’autre part, il prétend que la fille n’est pas rentrée dans sa chambre. Mais celle-ci, interrogée, a minutieusement décrit l’intérieur de la chambre de Thierno. Il n’est pas très malin, car il est tombé dans son propre piège. Il est aussi de mauvaise foi », poursuit Me Cissé. « Il y a bien eu conjonction sexuelle et l’auteur n’est autre que le prévenu ; je demande au tribunal de le condamner à telle peine que va requérir le procureur et de recevoir notre constitution de partie civile, de nous allouer la somme de deux millions (2.000.000) de francs Cfa, à titre de réparation, ordonne l’exécution et fixe la contrainte par corps. Le procureur Thiéyacine Fall a axé son réquisitoire sur la véracité des faits qui sont reprochés au prévenu. « Il y a bien eu conjonction, cela a été démontré par le certificat médical. La fille n’a pas bouclé sa treizième année ; ce viol est puni par le code de procédure pénale. Je requiers contre lui une peine de 10 ans ferme pour viol et de pédophilie ».

Le tribunal rendra son jugement le 3 avril prochain