La ville de Kolda a subi la furie des proches d’un jeune accusé de vol au domicile du président du Conseil régional dans les locaux du commissariat de police à la suite de la mort ‘’troublante’’ du suspect. Les manifestants ont saccagé la maison du président du Conseil régional et se sont livrés à une chasse aux policiers.
La journée du samedi 14 avril était très longue pour les populations de la commune de Kolda qui se sont réveillées sous le grand bruit des lacrymogènes et explosions de gaz butane. Des échauffourées entre populations et forces de l’ordre ont rythmé cette journée. A l’origine, un prévenu mort dans les locaux du commissariat urbain de police tôt ce matin du samedi. Dominique Lopy serait accusé de vol d’un téléviseur et d’un matelas dans la maison du président du Conseil régional, située au quartier Doumassou. Convoqué pour audition, dit-on, le jeune maçon d’une trentaine d’années a été placé en garde-à-vue au commissariat de police pendant quelques jours. Ironie du sort, M. Lopy décède sur les lieux, semant le doute chez ses parents sur les circonstances de sa mort. Et, ces derniers qui ont appris cette nouvelle dans la plus grande confusion, ont vite accusé les forces de police d’avoir commis un meurtre par torture. Des accusations que le commissariat rejette à bloc, sans pour l’heure entrer dans les détails, au sujet des mobiles de cette mort. Malgré tout, parents, amis et proches de la victime, ont tous envahi les locaux du service des limiers pour protester contre cette mort et réclamer la libération immédiate du frère de la victime retenu au commissariat pour, déclare-t-on, avoir tenu des propos diffamatoires en parlant de la mort de Mass comme l’appellent ses proches.
Les populations, en deuil et très furieuses contre les forces de police, sont descendues en masse dans les rues pour manifester leur désarroi. Le commissariat urbain était la principale cible des nervis qui en voulaient à mort à toutes les forces de sécurité. Sur place, ils ont saccagé les locaux, avant de brûler des pneus, troncs d’arbres et autres combustibles sur les grandes artères de la ville, empêchant les véhicules d’accéder au commissariat où ils régnaient en maîtres pendant près d’une heure. Tout se déroulait au moment où le corps sans vie de Dominique Lopy était, déjà, enlevé du commissariat par les soldats du feu pour le déposer à la morgue de l’hôpital régional.
Les quelques éléments de la police qui y officiaient, en ce jour de repos, avaient du mal à contenir les manifestants. Après près d’une heure de face-à-face, même si la police s’était bien barricadée, c’est l’Armée qui est descendue sur les lieux pour prêter main forte aux limiers, à la place de la gendarmerie, absente pour les besoins du dakaa de Médina Gounass, dans le département de Vélingara.
L’arrivée de l’Armée n’a pas empêché l’ampleur des dégâts. Car, subitement des populations déchaînées ont vite envahi le domicile du président du Conseil régional au quartier Doumassou d’où est originaire la victime. Et, comme le vol dont on fait état serait perpétré dans cette villa, attrayante de par son luxe, les nervis nombreux et debout comme un seul homme, l’ont aspergée d’essence avant de l’incendier sans que rien ne soit sauvé. Meubles, vêtements et autres matériels, tout est parti en fumée. Et, comme si cela ne suffisait pas, les manifestants se sont rendus au domicile d’un policier pour commettre les mêmes dégâts.
Sur les lieux, la grande famille sommée de sortir de la maison, s’est retirée laissant tout dans le bâtiment à la merci des nervis. Décor désolant, car pleurs et lamentations ont accompagné le feu dans son action de ruiner tout. Là aussi, les forces de sécurité y ont constaté d’importants dégâts.
Toute la journée durant, les manifestants étaient à travers les rues de la capitale du Fouladou, armés de bâtons, pierres et autres, chantant des chants évocateurs de mauvais souvenirs. Et, le dernier mot d’ordre était «la chasse aux policiers» accusés d’être des meurtriers, mettant dans la peur totale les familles des hommes du commissaire Sène. Toutes les activités ont été interrompues depuis le début des événements. Pas de boutique ouverte ni de cantines, encore moins d’étalages au marché central. Et, c’est tard dans l’après-midi que le calme est revenu grâce à la médiation d’un comité de crise qui a regroupé les autorités administratives, politiques, religieuses, sécuritaires, des responsables coutumiers et les parents de la victime.
Une rencontre secrète et urgente a décanté la situation avec la libération du frère du défunt et l’arrivée massive des éléments du Groupement mobile dintervention (Gmi) en provenance de Ziguinchor. De cette rencontre, on apprend que le comité de crise a ordonné une autopsie pour éclairer la lanterne sur les circonstances de la mort de Dominique Lopy dit Mass, qui a fini de donner à Kolda l’image d’une ville fantôme durant cette journée du samedi.
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