Ce n'est pas donné à n'importe qui de résister aux escrocs. Le marabout Mame Mor Guéye ne nous contredira pas. Ils lui ont fait avaler qu'ils avaient été contactés par le leader politique Alassane Dramane Ouatara pour lui dénicher un marabout dont le pouvoir mystique peut lui faire gagner la prochaine élection présidentielle prévue en Côte d'Ivoire. Une fois qu'il a mordu à l'hameçon, les deux compères lui ont pompé toutes ses économies avant qu'il ne se rende compte de la supercherie.
Mame Mor Guéye, 37 ans, est un marabout domicilié au quartier Médinatoul sis à Diourbel. Marié à une femme dont un des oncles paternels se nomme Mamadou Diop, plus connu sous le surnom de Modou Khabane et qui a soufflé ses 67 bougies, il lie avec le vieil homme une amitié et le considère comme son père. De temps en temps, celui-ci quittait Guinaw Rails-Pikine où il habite pour lui rendre visite. «À chaque fois qu'il retournait chez lui, je lui remettais de l'argent», raconte le marabout. Dans le courant du mois de septembre 2006, Mamadou Diop alias Modou Khabane, vient le voir pour la énième fois, mais cette fois-ci, c'était pour le rouler dans la farine. «J'ai été contacté par Monsieur Alassane Dramane Ouatara, un leader politique. Il m'a chargé de lui trouver un marabout efficace capable de faire de lui le prochain vainqueur du scrutin présidentiel prévu en Cote d'Ivoire», lui dit-il. Pour mieux le ferrer, le sexagénaire lui apprend que A D O a promis d'envoyer une mallette remplie du métal précieux et deux cent cinquante millions de francs pour cela. Comme les escrocs ont la mémoire très fertile, Mamadou Diop alias Modou Khabane laisse entendre que Alassane Dramane Ouatara se désole de ne pouvoir faire mieux car tous ses avoirs en Côte d'Ivoire ont été hypothéqués. Sachant que le poisson a bien mordu à l'hameçon, il prend congé de lui et revient à Dakar.
Il fait entrer dans la danse son complice
Dès le lendemain, le marabout reçoit un appel. À l'autre bout du fil, l'oncle paternel de sa douce moitié. Après les salamalecs d'usage, il l'informe que c'est un certain Ibrahima Fall (c'est un faux nom, en réalité, son acolyte s'appelle Mamadou Moustapha Mbodj, âgé de 68 ans), transitaire à l'aéroport Léopold Sédar Senghor de Yoff qui doit effectuer les formalités nécessaires concernant la mallette qui contient l'or et l’argent. Mieux, il le passe ce dernier pour qu'ils communiquent quelques minutes, histoire de le rassurer. Ensuite, les escrocs opèrent une descente dans la capitale du Baol et lui soutirent 200.000 francs. À partir de ce jour, ils font de lui leur vache à lait. Régulièrement, ils lui font avaler n'importe quelle salade et à chaque fois le pauvre casque de l'argent, se disant qu'une fois la mallette entre ses mains, il n'aura pas à se plaindre. Au total, c'est la somme de 3.900.000 francs que ces derniers lui ont pris avant qu'il ne découvre avoir affaire à des escrocs. Il ne se fait pas prier pour déposer une plainte à la police de Diamaguene-Sicap-Mbao. Interpellés et pressés de questions, les deux mis en cause reconnaissent les faits. Mamadou Diop alias Khabane avoue être l'instigateur. «C'est moi qui ai monté toute cette histoire, mais je ne peux dire exactement le montant que j'ai reçu», confesse-t-il. Marié à quatre femmes et père de 28 enfants. Mamadou Moustapha Mbodji, son complice, a autant d'épouses, mais 19 bouts de bois de Dieu. Ils ont fait hier mercredi un passage au parquet avant de devenir des pensionnaires de cent mètres carrés, un lieu où ils ont eu à séjourner maintes fois, puisque l'escroquerie est leur passe-temps favori.
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