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FESTIVAL RIO LOCO - Du 21 au 5 juin à Toulouse : Parfums de Sénégal sur la ville rose

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FESTIVAL RIO LOCO - Du 21 au 5 juin à Toulouse : Parfums de Sénégal sur la ville rose

«Ecoutons le fleuve…», avait soufflé, le premier jour, le maire de Toulouse en accueillant ses invités. Jean-Luc Moudenc rappelait par là que Rio Loco, «c’est la fraternité qui nous unit par de belles soirées au bord de la Garonne, notre fleuve. Et cette année, c’est le fleuve Sénégal que la Garonne reçoit…». Il ne croyait pas si bien dire… Jeudi soir sur les bords de la Garonne, on a écouté. On a entendu.

CONTEUR DE FEE

Toulouse a écouté le magnifique griot Ablaye Cissokho conter, dans la pure tradition orale mandingue, l’histoire de son ancêtre Kimitang, parti à la quête du bonheur. Un récital musical époustouflant d’une heure sur fond de kora. Des berceuses de sa kora, Ablaye Cissokho s’est emparé doucement de la centaine de personnes étalées sur les berges de la Garonne pour les emporter vers les rivages du fleuve Sénégal, de son Saint-Louis natal. Doigts d’or, voix magique, Ablaye Cissokho a la chaleur captivante des grands griots qui nous font croire que les contes sont vrais. Comment ne pas y croire d’ailleurs ! Tant l’histoire de Kimitang ressemble étrangement à des aspects de notre monde. Le griot dénonce la méchanceté du monde et sa bêtise. Il nous dit aussi toute la souffrance des femmes de son pays à mettre au monde, à donner la vie.

La complainte du Diali est touchante. Toulouse en est admiratif. Le public ne bronche pas. Il se tait et écoute dans un silence rare. Même la Garonne qu’Ablaye Cissokho, du haut de son estrade, surplombe, est d’un calme intriguant. Comme s’il écoutait la parole du Diali… Il est vrai que la parole du griot est forte, très forte. Même s’il ne la crie pas. Le «griot rouge» l’a murmuré langoureusement. Sa force est dans la sincérité à le dire et dans cette puissante émotion transmise. Au fil de son conte, Toulouse comprendra qu’il tient tout cela de son ancêtre. «Je suis griot. Ma mission est d’apaiser…», dira-t-il, avant d’entonner dans un cri strident, l’hymne des griots mandingues : Alalaké (Dieu l’a voulu ainsi !). Subjugué par le talent du conteur, Toulouse s’est levé pour un standing-ovation à Ablaye Cissokho et en a redemandé au conteur, qui s’est exécuté de bonnes grâces en interprétant un bel hymne à sa belle-mère griotte, avant de s’éclipser sous un concert d’applaudissements. Ce fut comme un conte de fée entre le griot du Sénégal et le public de la Garonne.

JULIA, LA SENEGALAISE

«Merci Habib Faye !» Qu’elle est belle, cette jeune femme qui crie à mourir de tout son être : «O Habib, je suis une Sénégalaise, ô Habib man wa Sénégal la.» Fondu dans le public de Toulouse, devant lequel il a joué hier, le bassiste du Super Etoile a dû en frémir d’émotion, quand Julia Sarr a entonné Namna Sénégal. Car, sans Habib Faye, on aurait jamais eu droit à cette chanson.

Comme Julia Sarr l’a si bien raconté au public de Toulouse, cette chanson, elle l’a écrite le jour où Habib Faye, dans une discussion, parlait d’une rue de Dakar à Julia qui ne la connaissait pas. Et le bassiste lui rétorquera : «Julia, t’es pas une Sénégalaise.» Vexée, blessée et déchirée, elle compose Namna Sénégal. Un beau texte sous forme de lettre à Habib Faye. Une déclaration d’amour à la terre natale, un cri de nostalgie d’une beauté rare, Julia touche. Sans même comprendre les paroles, la Garonne a entendu toute l’envie du Sénégal de la chanteuse. De toute façon, Julia, c’est une voix qui émeut. Toulouse l’a écoutée tranquillement, mais profondément. Elle a décliné un répertoire bien huilé. Une partition éclectique, naviguant des airs flamenco au mbalakh. Une curieuse alchimie de sonorités enfiévrées et douces. Julia Sarr est inclassable. Tout son charme est peut-être là. Dans Setluna (titre de son album avec Patrice Larose sorti le 10 octobre 2005 à Paris, Ndlr), elle scrute la folie du monde derrière les magnifiques accords de Patrice Larose et les sobres percussions de Alex Tran. Elle commettra une reprise audacieuse de No more de Youssou Ndour, avant de s’éclipser sur des airs de romantisme en chantant le prince charmant qu’elle attend : Yow lay Xaar.

LE «NDER SHOW»

La nuit tombe sur Toulouse. Alioune Mbaye Nder entre en scène. Le début est poussif. La magie a plus que du mal à s’opérer entre le leader du Setsima Group et le public toulousain. Nder ouvre avec sa chanson dédiée aux enfants du Rwanda. Déjà que la complicité avec le public toulousain avait du mal à s’asseoir, Nder osa : «Toulouse, est-ce que vous aimez la guerre ?» Malgré l’embarras du public face à la pertinence de la question, Nder trouva le ressort de discourir sur les méfaits de la guerre.

A peine, ce lourd laïus digéré, revoilà Alioune Mbaye Nder reparti pour une réflexion sur l’immigration. On aime bien les artistes engagés, mais là, le leader est à côté de la plaque, en balançant des inepties et des évidences d’une insoutenable légèreté. Ces longs intermèdes ont plombé les envies toulousaines. Heureusement que Nder a de grands talents de danseur. Il a ainsi fait découvrir au public toulousain les joies du mbalakh et de ses rythmes endiablés. Cela lui a permis de sauver ce qui pouvait l’être. Il y a des jours où il vaudrait mieux se taire et chanter, surtout si c’est pour «philosopher au marteau».

LE SENEGAL INVITE LE BRESIL

Après le spectacle de Nder, ce fut au tour de Cheikh Lô de prendre possession de la scène du Rio Loco. Le Baye Fall, toujours égal à lui-même, a livré un spectacle sans faute. Comme à ses habitudes, il est monté sur scène en rendant hommage à Cheikh Ibra Fall dans Sant-Mam. La complicité avec son joueur de tama est exceptionnelle. Ce dernier, associant pas de danse et rythmes du tama, a sans conteste, impressionné le public toulousain. Après Lamp Fall et Dokhandeme, Cheikh Lô et ses musiciens accueillent à leurs côtés Surdôreyes, une bateria toulousaine, mariant ainsi cultures sénégalaise et brésilienne, pour Sénégal-Brasil. Dix minutes de métissage musical, pendant lesquelles se mêlent la voix de Cheikh Lô chantant le Sénégal et les rythmes de la samba. Pari tenu : le festival Rio Loco appelant à la diversité culturelle, Cheikh Lô n’aurait pas pu mieux faire. Une fois les tambours partis, le chanteur entonne ses dernières notes et les spectateurs esquissent leurs derniers pas de danse.

LA MAGIE DE LA KORA

Une fois la prestation de Cheikh Lô finie, le public se dirige vers la seconde scène du festival. Investissant les pelouses des berges de la Garonne, il accueille le koriste Soriba Kouyaté et le trompettiste italien Paolo Fresu. Le duo entraîne les spectateurs dans de douces mélodies, les plongeant ainsi dans un univers magique.

 



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