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Metzo Djatah, phénoménal roots acoustikeur

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Metzo Djatah, phénoménal roots acoustikeur

Révélé au grand public en 1999 par « Djiembéring », Metzo Djatah a vite réussi à se faire respecter dans le paysage musical sénégalais. La teneur de ses textes, l’originalité de son style et le charme de sa voix, sont autant d’atouts qui font de lui un phénoménal roots acoustikeur.
L’artiste qui se réclame de la « Urban Afro Folk », ne sait pas que chanter, il sait parler de son engagement, de ses convictions…

 Le 221 : Évoluant dans un style musical qualifié d’écoute, pouvez-vous nous parler de vos textes ?

Metzo Djatah : Mes textes sont à l’image de ma perception du monde. Je crois fondamentalement que la musique doit dire, suggérer et ouvrir des univers à ceux qui l’écoutent et par conséquent qu’elle ne peut pas ne pas être engagée. Moi, mon engagement est social. J’écris pour le peuple car je suis un homme du peuple, qui vit avec le peuple. C’est ce qui ressort d’une chanson comme, « Mon idéal », un texte qui rime en « al » : « idéal », « Sénégal », « égal », « mental », « organisation sociale », ce sont des mots essentiels dans la vie du peuple… « Fils de patron »... oui ! C’est un peu de la provocation, mais je ne vise personne en particulier. C’est une chanson que j’ai écrit il y a plus de 10 ans (1996). À l’époque j’étais étudiant et Wade n’était pas président donc je ne parle pas du fils de qui que ce soit, c’est une situation universelle qui se rapporte plus à une réalité sociologique, au renouvellement des élites ; lisez le livre "les héritiers " de P. Bourdieu et JC Passeron… La provocation est une manière d’interpeller et de sensibiliser, c’est une de mes chansons préférées sur l’album… « Lion blessé » c’est un titre qui ne faisait pas partie du disque mais le texte est fort et colle à une certaine actualité, je l’ai donc mis en bonus avec une version à l’arrache. Donc niveau texte, il y a de l’engagement, de l’amour et de l’humour parce que c’est comme ça que je perçois la musique...

 Qu’est-ce qui a motivé l’idée de monter votre propre studio ?

 Pour cet album j’ai voulu avoir quelque chose de plus produit, de différent de "Diembering", tant au niveau du son que du rythme. Je ne voulais pas être prisonnier d’un succès. J’ai voulu prendre un risque, tout en restant moi-même dans mon style Urban Afro Folk. J’avais aussi le challenge, le désir de le faire moi-même et dans mon pays, dans mon quartier avec le marché, le bruit… Malgré tous les problèmes, j’adore mon pays. J’ai donc installé un studio aux HLM5 : « Studio Djuwatt » et j’ai travaillé pendant 2 ans sur les maquettes de cet album : j’ai tout fait, la basse, les arrangements, j’ai même utilisé les bols et les cuillères de la maman du resto qui m’amenait à manger en percussion sur « Ska » et « Roots » (rires)… C’était des moments forts de trans-créative… Pour la finalisation du disque, j’ai fait intervenir un réalisateur français avec qui j’avais déjà bossé sur "Diembering" qui a fait un excellent boulot. Je me suis vraiment éclaté à faire cet album !

 Les featurings ?

 Une dizaine d’artistes sénégalais ont apporté leur contribution au gré de mes rencontres dans les clubs dakarois ; des gens comme Daouda Gassama, guitariste qui a joué avec Youssou Ndour ; c’est un ancien que je respecte beaucoup pour son talent... La révélation de la chanson sénégalaise, Pape Birahim « Paco sa rimbam », Prince Sakho de Pape Fall, Edouard le joueur de kora de Carlou D, Djamil, Ndofene Diouf grand compositeur et guitariste à Dakar, Khadim Badji percussionniste de Souleymane Faye, Pape Souané guitariste de Pape Diouf, Mamy Ly, Roubia et Gina aux choeurs… beaucoup d’artistes ont apporté leur touche à cet album ; il y a aussi des musiciens de France comme Ivan Portet à la guitare, « mon frère blanc » qui était déjà sur « Diembering » et Laurent Lepagneau l’homme à tout faire. On a mixé en France et, en tant que producteur, je suis satisfait. J’aime cette manière de travailler…

Parlez nous de votre style « Urban Afro Folk »…

 C’est comme ça que j’ai appelé ma musique et je pense que cet album est tout à fait dans le style, « Urban Afro Folk ». Ma musique est urbaine teintée de mes racines africaines et casamançaises, ça c’est sur !!! Mais Dakar est une ville cosmopolite, y grandir c’est subir des influences de partout ; ma musique s’est nourri de tout ça et cette alchimie donne ce nouvel album. On dit que de tous les acoustikeurs du Sénégal je suis le plus proche du mouvement hip-hop reggae. Il ne faut pas oublier que je viens de là, pas en tant que chanteur, mais j’ai programmé et joué de la basse dans pas mal de groupes hip-hop et reggae en France. Cet album a beaucoup d’influences reggae ska mais aussi de la Casamance : des saouroubas de « Nou Mouy Démé » aux assikos de « Bebeyo »… C’est ça l’Urban Afro Folk !!! Sur « en passant » j’ai fait aussi un clin d’œil au grand Robert Marley (rires)...

 La place que vous accordez à la langue française dans vos chansons ?

 On dit aussi que je suis le plus francophone des chanteurs sénégalais, ils disent beaucoup de choses les journalistes (rires) ! C’est peut-être ça qui fait ma particularité… !? Contrairement à ce que disent mes détracteurs, je ne chante pas qu’en français. Souvent il y a du français et du wolof dans mes titres et même de l’anglais et l’espagnol, dans "skamania". Les rappeurs écrivent beaucoup en français mais c’est vrai que dans la chanson je suis un des rares à avoir fait un tube 100% français et à avoir imposé un style dans cette langue. Toujours est-il que c’est positif que mes textes arrivent à créer une émulation au niveau linguistique chez les jeunes. Il ne faut pas oublier que le français est la langue d’étude au Sénégal… Tout le monde connaît mon engagement pour l’éducation en Afrique. Je pense qu’il faut des artistes différents pour gagner le combat de la diversité culturelle au Sénégal face à la monoculture due à la surconsommation du mbalax local. Cet album obéit à cette règle : il y a 50 % de textes français.

 Et la chanson « Roots »…

 " Okay, my history " !!! C’est mon histoire en quelque sorte que raconte dans cette chanson ; mes études universitaires, mon expérience de l’émigration, mon état d’esprit par rapport à la musique et aussi ma philosophie de vie. C’est une chanson qui a marché avec le public dés le premier jour. Je l’ai jouée pendant 7 ans sur scène avant de l’enregistrer. Elle est à l’image de ce que vivent beaucoup de jeunes. Je veux être "roots" pour ne pas être le bourreau de mon propre peuple, garder mon esprit roots pour le respect de soi et des autres, « bayefall », parce que ce sont des valeurs sures, bien de chez nous. En dehors de toute considération religieuse et de tout fanatisme le « bayefall » est devenu un symbole qui véhicule des valeurs de renoncement, d’oubli de l’individualité au profit du groupe et de la spiritualité. Le travail dans la simplicité et le dévouement, c’est de ces valeurs que doivent s’imprégner nos dirigeants afin d’éviter certaines dérives. Ce repère identitaire peut être salutaire pour un jeune face au choc culturel de l’occident. Vous imaginez à 18 ans, seul dans une ville française, face au racisme, à la xénophobie et à la culture des banlieues… C’est aussi cela que l’on entend dans « les temps sont durs », donc c’est un état d’esprit : « la roots attitude » !

 Votre mot de la fin

 Alors c’est un album que j’ai eu beaucoup de plaisir à faire qui me correspond et j’espère que tous les fans de la Urban Afro Folk apprécieront. On prévoit une sortie en exclusivité à Dakar au 2ème trimestre 2009 avec du live bien sur tout le monde sait que je suis live avant tout ! Et on est en négociation avec des labels occidentaux pour la sortie internationale. Mais contrairement à beaucoup de mes collègues, ma priorité est en Afrique. C’est mon peuple que je dois conquérir d’abord alors le mot de la fin sera : Incha Allah !



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