C'est à la veille des indépendances, en 1956 plus exactement, que Omar Pène a vu le jour. Depuis, le bonhomme a fait du chemin dans la musique. Il traîne en effet aujourd'hui une riche carrière longue de 35 ans, avec à la clé plusieurs dizaines d'albums, dont le dernier «Ndam» est sorti en fin 2009. Dans cet entretien, le lead-vocal du Super Diamono revient sur son parcours, son supposé différend avec Youssou Ndour, après le projet «Euleuk Sibir », mais aussi sa santé qu'on dit fragile, entre autres.
Omar Pêne, le Super Diamono a 35 ans. Pourriez-vous revenir sur les origines de ce groupe ?
Le Super Diamono est né en 1975, voire avant. Car il y a eu des moments de compagnonnage qui ont précédé cette date. À l'époque, j'étais très jeune et il y avait des gens comme Bassirou Diagne, Bailla Diagne, Mbaye Diagne, Adama Faye, Khalifa Sall, El Hadji Thiam. Ce sont des personnages historiques que les gens ne connaissent pas, mais c'est eux qui ont créé le Super Diamono ,je n'avais même pas encore 20 ans et je n'étais qu'un apprenti chanteur. C'est là que tout a débuté avant la génération des Pape Bass, Bob Sène, Aziz Seck, Lapa Diagne, qui est toujours là. C'est véritablement cette génération qui a pris conscience que nous avions un groupe et que nous avions un but bien précis : faire de la musique. Là, le travail a vraiment commencé, nous avons pris goût à la chose. Ce qui nous a amenés à faire le tour du Sénégal, à aller jusqu'en Gambie pour des tournées. Puis, nous avons été rejoints par Ismaël Lô qui a fait 5 ans avec nous. Et de fil en aiguille, nous avons commencé à enregistrer des départs et des arrivées. Car après, la génération de Lamine Faye, Roger, Alain, Cheikh Sall, Konaté nous a rejoints. Puis il y a eu actuellement celle des Dembel et consorts. Voilà en gros comment le Super Diamono a pris racine.
Pourquoi tout ce beau monde a arrêté ? Y a-t-il eu des problèmes entre vous
Pas du tout. Nous n'avions aucun différend. Eux, ils ont pratiquement laissé tomber parce que la musique n'était pas pour eux. Ce n'était pas trop leur chose. C'étaient des gens qui travaillaient dans des sociétés ou qui avaient une profession bien à eux, qui les occupait. Ils travaillaient la journée et venaient le soir en répétition. Donc ce n'était pas des musiciens professionnels. Mais encore une fois, il n'y a pas eu de problèmes.
De toutes les étapes qu'a vécues le Super Diamono, quelle est celle qui vous a le plus marqué ?
Il n'y a pas de Super Diamono qui m'a le plus marqué. Pour moi, c'est toujours le Super Diamono, même si c'est vrai qu'au début, c'était une bande de copains avec Bob Sène vers 1970-80. Il y a eu des départs et des arrivées, mais le Super Diamono sera toujours le Super Diamono. C'est vrai que j'ai des relations particulières avec certains parce que ce sont des amis. Mais le Super Diamono actuel me plaît beaucoup. Car les jeunes qui le composent ont apporté leur jeunesse et une autre mentalité. La vie, c'est des étapes, c'est même plusieurs étapes, mais toujours on se rejoint. Et pour nous, le plus important c'est toujours le Super Diamono.
Qu'en est-il des moments difficiles de ce groupe qui a marqué la musique au Sénégal ?
C'est vrai que 35 ans de carrière, ce n'est pas 35 jours. Aussi, l'on vit forcément des moments de peine, à côté des instants de joie. Mais c'est quand même important dans la vie de rencontrer des difficultés. Et si je dis que je n'en ai pas connu, alors j'aurais juste dit ce que je veux. Car les problèmes sont toujours là. Il faut juste savoir faire face, même s'il est certain qu'on ne peut pas les régler tous. Moi, j'ai choisi de faire ce métier qui a beaucoup de difficultés et des joies. Mais ce métier me procure beaucoup de plaisir et je l'aime.
À quand la retraite de Omar Pène, après tant d'années dans la musique ?
Vous savez, je suis un très grand fan d'Henry Salvador qui avait plus de 90 ans quand il mourrait, il y a deux ans. Il a connu une grande longévité aussi bien dans sa vie que dans sa carrière (Ndlr : Il a commencé à chanter dans les années 30 jusqu'à sa mort en 2008). Et puisque Henry Salvador est mon idole, vous savez ce qu'il me reste à faire dans la musique.
Pourquoi vous ne faites plus de tournées nationales ?
(Rires...) Mais je suis là, chez moi à Sacré-Coeur 3. Vous m'avez bien trouvé ici non ? On est au Sénégal, mais on est beaucoup plus dans les régions qu'à Dakar où l'on ne fait presque pas de prestations. C'est dans l'international où ça bouge beaucoup plus.
Quels sont vos rapports avec les autres musiciens ?
Entre nous, je ne pense pas qu'il y ait un quelconque souci. On se comprend très bien et l'on se parle quand il le faut. Mais on ne va pas le crier sur tous les toits.
Et la rivalité qui existait entre le Super Diamono et le Super Etoile à l'époque ?
(Sérieux...) Écoutez, nous on est au-dessus de tout cela. Ça, c'est une question de fans. Mais les dualités ont existé de tout temps et existeront toujours partout, que ce soit en football, en musique et même dans votre métier du journalisme. La concurrence. elle est là et sera toujours présente. Ce sont des choses qui existent. Omar Pène a ses fans et Youssou Ndour aussi. C'est normal que les gens se disputent pour eux. Mais aujourd'hui, on a atteint une certaine maturité qui nous permet de transcender tout cela.
Et vos rapports personnels avec Youssou Ndour. Parce que, semble-t-il, vous aviez eu des problèmes après l'album « Euleuk Sibir ». Qu'en est-il ?
Des problèmes avec Youssou Ndour ? Non ! Il n'y en a pas eu. Les gens cherchent des problèmes là où il n'y en a pas. Ils cherchent toujours la petite bête, comme on dit surtout au Sénégal. Ce que je peux vous dire, c'est que cela a été une expérience partagée et chacun en a tiré les leçons qu'il faut. C'est une chose qu'il fallait faire et on l'a faite, voilà.
Quels regards jetez-vous sur le Sénégal de Wade ?
C'est une situation extrêmement difficile que l'on vit. Mon dernier album «Ndam» nous ramène à cela. Il faut toujours faire preuve d'initiative parce qu'on est là pour quelque chose. Ceux qui nous dirigent ou ceux qui ambitionnent de nous diriger doivent savoir qu'ils sont là d'abord pour le peuple. On ne dit pas de régler tous les problèmes, mais au moins d'alléger les souffrances du peuple. Nous vivons au Sénégal, dans un pays pauvre et il faut des solutions pour nous en sortir. Sinon, cela continuera. En tant que panafricaniste, j'ai parlé de micro-État et ce n'est pas seulement le Sénégal qui en souffre. Les autres pays africains aussi sont dans la situation. C'est un problème africain et sans intégration, on ne pourra jamais sortir de cette pauvreté. Malgré nos 50 ans d'indépendance, on est toujours au stade de la lutte contre la pauvreté. Quand est-ce que nous lutterons pour autre chose ? Je ne le sais pas. Seul, un pays africain ne pourra jamais rien faire. C'est dans l'unité qu'on s'en sortira, car seule l'union fait la force. Essayons donc de revoir le problème parce qu'il est africain. Il faut impérativement les États-Unis d'Afrique.
Les gens parlent de votre santé en constatant que vous dépérissez à vue d'œil. Qu'en est-il réellement de votre état de santé ?
Écoutez, les gens, on ne peut pas les empêcher de dire des choses, même si elles ne sont pas vraies. Mais c'est vrai aussi qu'ils avaient l'habitude de me voir en embonpoint avec un ventre bedonnant. Me voir ainsi maintenant les étonne. Mais il ne faut pas non plus oublier que je prends de l'âge et que, physiquement, j'ai beaucoup changé. Mais je vis mon âge. J'ai 54 ans et un homme de cet âge ne peut pas être toujours comme il était auparavant.
Donc il n'y a aucune maladie derrière ?
(Catégorique) Mais absolument pas. Je me sens très bien vraiment. Alhamdoulillah !
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