Jeudi 28 Mars, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Immigration

[ Interview & Video-Clip ] Youssou N'Dour : Découvrez l'hommage du roi du m'balax à Bob Marley !

Single Post
[ Interview & Video-Clip ] Youssou N'Dour : Découvrez l'hommage du roi du m'balax à Bob Marley !

Pour un album qu'il fait paraître, Youssou N'Dour contracte trois engagements humanitaires. Quand on sait que, à 50 ans, l'artiste africain le plus célèbre dans le monde et chantre du m'balax (ce courant hybride ultra rythmé qu'il a popularisé au Sénégal) approche la trentaine de réalisations...

Notamment ambassadeur de bonne volonté pour l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et pour l'UNICEF, membre du Conseil pour l'avenir du monde et de la Fondation Jacques Chirac, l'interprète fameux du duo culte 7 Seconds (avec Neneh Cherry et un clip de Stéphane Sednaoui) ne manque pas de véhiculer son message en musique.

Le Sénégalais était présent à Paris au mois de janvier, à l'occasion de la présentation du film documentaire I Bring what I love qu'a réalisé Elisabeth Chai Vasarheyi à partir de son album Egypt, lauréat d'un Grammy Award en 2004, et de sa philosophie de vie. Il a profité de sa visite dans la capitale pour promouvoir également son album Dakar Kingston (disponible depuis le 8 mars, il le défendra sur la scène de l'Olympia le 23 mars), successeur à Rokku Mi Rokka ("Prendre et donner") qui constitue un hommage à Bob Marley (spécialement le titre d'ouverture, Marley) : pour cette excursion musicale reggaeisante, au cours de laquelle Youssou revisite ses anciens morceaux dans des arrangements jamaïcains, s'est d'ailleurs attaché les services de Tyrone Downie, compagnon de route de Bob Marley, et du guitariste Earl "Chinna" Smith, mais aussi de guest stars telles que le couple star Patrice et Ayo.

Youssou N'Dour a commenté sa démarche dans les colonnes du JDD, dans son édition du jour - Interview


Pourquoi un album reggae ?
Comme beaucoup en Afrique, j'ai grandi avec le reggae, je suis fan. C'est vrai, je n'ai jamais incarné le rasta et la philosophie qui va avec mais c'est en moi. J'ai un ami, Gaston Madeira, qui me fatigue avec ça depuis des années: "You', quand est-ce que tu vas poser ta célèbre voix sur du reggae?" L'an dernier, avec les préparatifs des 50 ans de l'Indépendance et du Festival des Arts Nègres, qui va abriter tous les arts de la diaspora noire à Dakar fin 2010, je me suis dis que le moment était venu. On a eu l'idée de rendre hommage à Bob Marley tout comme on rendra hommage à Senghor, à Césaire. J'ai donc décidé de m'occuper de la partie Bob Marley en créant cet album reggae. Cela m'a permis de retrouver Gaston et de lui répondre enfin "Man, je suis prêt!" Tout est parti de là.

C'est surtout la première chanson du disque, Marley, qui rend hommage à Bob Marley, le " rastaman "…
Oui, car rastaman, cela implique aussi son combat, sa philosophie, son discours. En Afrique, quand on rend hommage aux disparus, on se remémore publiquement chacune des bonnes choses que la personne a pu faire ou incarner. Cat Stevens, qui est fan de Bob et ami de moi, a voulu appuyer le projet en écrivant quelques mots de cette chanson. Tyrone Downie a aussi écrit quelques mots. On entend aussi Mutabaruka, un célèbre poète jamaïcain qui a fait des albums, qui a une grande émission très écoutée en Jamaïque. Il est venu me voir dans le studio Tuff Gong et il m'a dit, " Moi aussi je veux parler ! " C'était le jamaïcain qui parlait et qui montrait bien ce côté fédérateur du combat de Marley, jusqu'au moment où il est tombé à Miami… C'est cet esprit fédérateur que je voulais faire rejaillir dans cet album.

Vous connaissiez Tyrone Downie ?
Je le connaissais surtout pour son travail que j'ai toujours aimé, sa relation avec Marley… C'est une légende. Quand j'ai voulu faire cet album, je savais qu'il me fallait un réalisateur de cette trempe. Avec Gaston, on a tout de suite mentionné Tyrone pour réaliser le projet. On l'a contacté et chance, il était ravi. Il est de suite venu nous rejoindre à Dakar, avant-même que nous allions nous-mêmes le rejoindre en Jamaïque. Après, cela a été assez long, huit mois en tout. Tyrone a été là tout le temps, indispensable pour me rassurer. C'est une musique que je connais très bien mais j'avais besoin d'être " couvert " par quelqu'un qui connaît cet univers de l'intérieur.

Vous aviez des partis pris ?
J'ai tout de suite dit à Tyrone que ma façon de chanter ne changerait pas. Et que même mes mélodies seraient gardées : c'est à dire que si on connaît bien mon répertoire original, la plupart des mélodies ici sont profondément africaines, même si certaines sont plus modernes que d’autres. On y retrouve certaines chansons en parfaite cohésion avec le reggae, par exemple Joker ou Africa Dream Again, que j'avais créées sur l'album Nothing in Vain (2002). Je savais que ma voix apporterait la couleur de l'Afrique. C'étaient là les conditions essentielles et on les a respectées. L'autre idée, c'était qu'il ne fallait pas tomber dans le m'balax- reggae. J'ai donc utilisé beaucoup plus les percussions, mais en les faisant jouer d'une manière qui est plutôt celle de la Casamance, au sud du Sénégal. Dans cet album, on n'entend pas les baguettes claquer sur la percussion, on entend plutôt les mains, le talking drum est un plus soft. Ce sont des rythmes ou des sons qui ne viennent pas du m'balax populaire mais qui proviennent bien du Sénégal. On les trouve soit en Casamance, soit au nord du côté de la Mauritanie. Le m'balax se joue avec une certaine dynamique des percussions qui ne colle pas, à mon sens, au reggae. Même si, ici, on entend des détails du m'balax et c'est bien aussi… Car je pense que ces musiques sont des cousines. Elles nous donnent des frissons, elles sont parties de nous. Les esclaves sont aussi partis avec la musique. C'est devenu leur musique et cela nous est revenu très arrangé, très habillé… Mais si elle nous fait autant vibrer, c'est bien parce que c'est une partie de nous.

Quels sont vos groupes préférés en reggae, en Afrique ?
Alpha Blondy, surtout à ses débuts. Mais je suis aussi fan fan fan de Lucky Dube. D'une manière générale, je vois la scène africaine reggae un peu partout, elle m'est sympathique, ce sont des jeunes sincères et qui ont grandi avec ça. J'espère que cet album que je fais ne va pas leur faire de l'ombre, mais au contraire leur ouvrir des portes, les faire " jumper " pour se faire connaître, pour revendiquer leurs choses et les prendre en main.

Comment expliquez-vous le succès inaltérable du reggae en Afrique ?
Le reggae a besoin de renouvellement, d'un mouvement. Et ça, l'Afrique de l'Ouest peut le revendiquer en toute légitimité, il suffit de voir comment les gens le joue, c'est hallucinant. Et excellent. Mes musiciens ont tout de suite trouvé un son extra en reggae, et ils m'ont même dit que faire ça, au fond, c'était comme des demi-vacances pour eux. Des demi-vacances avec beaucoup de rigueur, bien sûr, mais quand-même... Le m'balax est tellement saccadé et complexe avec ses percussions qui se dédoublent, ce son qui se doit de tourner… C'est super de voir comment on passe de la rigueur de cette musique fédératrice au m'balax, et vice-versa. Cette exceptionnelle diversité me réjouit. D'ailleurs, le concert que nous proposons à partir de ce disque est entre le m'balax et le reggae…

Pensez-vous pouvoir incarner le reggae ?
Non, je le cherche pas et si tel était le cas, je ne serais pas prêt. C'est extraordinaire parce que pendant longtemps, j'avais beau connaître le reggae et avoir envie de le jouer moi aussi, je savais que jamais je ne saurais incarner cette philosophie au vrai sens du mot. C'est d'abord la musique qui me touche et qui m'est familière. Et donc, il y a toujours eu une certaine réserve, une distance qui était, je pense, le respect d'un monde à part… Mais là, dès qu'on a lancé ce projet, je me suis senti bien et je me suis dit au fond, c'est le même monde. Dans le m'balax, bien décortiqué, on entend des choses qui sont très proches du reggae, par exemple la rythmique inversé. D'ailleurs mon guitariste m'a de suite dit qu'il était très à l'aise à faire ça… A dire vrai, mes musiciens avaient déjà souvent joué reggae à leurs heures perdues.

Et vous ?
J'ai toujours même eu des problèmes pour interpréter des chansons reggae. Mais là, avec mes chansons, j'étais vraiment à l'aise ... De bonnes mélodies, ça se décline en reggae ou en latino, pas de problème. Mais je ne pense pas que je pourrais composer du reggae. Je suis capable de composer des trucs qui sont joués en reggae et que je chante différemment avec ma vibration africaine, c'est déjà ça. Je disais à Tyrone, " rien que ma voix représente l'Afrique sur cet album ", pas besoin de me trahir. On entend bien que je ne chante pas tout le temps comme un chanteur de reggae jamaïcain le ferait.

A l'écoute de chansons comme Survie ou Diarr-Diarr, présentes sur l’album, il semble que vous avez privilégié le chanteur citoyen.
Ce sont des thèmes militants. Je les associe naturellement au reggae, qui chante le militantisme avant les relations entre les personnes. Sur Pitchie Me, une chanson qui, à l'origine, parle d'un oiseau qui attend sa mère pour aller manger, on a totalement modifié le texte. C'est devenu : " le moment est venu qu'on prenne nos choses en main ", quelque chose comme ça. C'est un peu plus militant, offensif. La chanson Bololene, qui vient de l'album Rokku Mi Rokka, dit qu'incarner la solidarité vaut mieux que d'être isolé dans un monde égoïste car tu viens avec rien, tu partiras avec rien… Bololene veut dire " rassemblez-vous " et bolo, en Wolof, c'est la force… En Afrique, tous les grands problèmes ont été réglés au pied du baobab, l'Afrique est pauvre mais elle sourit parce qu'elle pratique la solidarité, on peut toujours manger à midi quelque part sans être prévu.

Pourquoi ce disque a-t-il été fait sur le mode de la reprise et de la relecture de titres existants ?
Vous savez, j'écris beaucoup de choses. J'ai signé plus de 500 titres en 25 ans. C'est presque lourd et en écoutant tout cela, je me rends compte que certaines chansons moins connues que d'autres méritent peut-être d'être découvertes plutôt que d'être noyées dans un répertoire qui ne cesse de gonfler. Des fois je me dis que j'en ai trop écrit!

Ne vous attendez-vous pas à quelques réactions méfiantes de la part de puristes ?
Les puristes auront peut-être des idées arrêtées, cela les regarde. Moi je suis libre en musique, on ne me donne pas une direction, je n'attends pas de réactions négatives. Ces chansons ont déjà fait leurs preuves avec le m'balax, je ne pense pas qu'on va les rejeter rhabillées façon reggae. Et puis c'est juste une déclinaison qui s'adresse à un public, le mien, qui est plutôt ouvert au reggae…

Ne vous êtes-vous pas dit que vous risquiez de passer pour un touriste en terre rasta ?
Non! Le reggae vient de chez nous. Quand les esclaves sont parties, ne sont-ils pas partis avec la musique et une partie de nous, comme je vous le disais? Je le pense en tout cas. Non, je n'ai aucun complexe et je suis à l'aise, plus encore qu'avec d'autres styles qui ont mieux marché.

Vous avez quelques invités de marque aussi, Ayo, Patrice…
Je connais Patrice depuis plus dix ans. J'aime beaucoup la personne et son discours, on ne sait pas s'il chante ou s'il fait du rap, je trouve qu'il fait partie des gens qui représentent bien la nouvelle scène reggae. Ayo, l'an dernier, est venue à Dakar. On a été d'autant plus proches que je suis fan de son deuxième album qui affirme justement un côté reggae. Alors j'ai pensé à elle sur Africa Dream Again. L'imprévu, c'était le groupe Morgan Heritage. Lorsqu'ils sont passés à Dakar pour jouer, engagés par un promoteur local, ils m'ont appelé pour demander de jouer dans mon club, le Thiossane, et de faire un duo avec eux. Mais à ce moment là, j'étais chez eux, à Kingston en Jamaïque ! N'ayant pu faire le duo sur scène, je les ai rattrapés en studio avec la chanson de Sting, Don't Walk Away …

Dakar-Kingston (Emarcy / Universal), sortie le 8 mars, en concert à Paris l'Olympia le 23 mars, le 19 juin à Bercy.

http://www.purepeople.com/article/youssou-n-dour-decouvrez-l-hommage-du-roi-du-m-balax-a-bob-marley_a51848/1

http://www.lejdd.fr/Culture/Musique/Actualite/Youssou-Ndour-version-reggae-178733/






0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email