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Au Mexique, le déploiement de la Garde nationale à la frontière sud inquiète

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En vertu de l'accord passé le 7 juin avec les États-Unis, le Mexique a commencé à renforcer sa frontière Sud.

Le déploiement de 6 000 hommes à la frontière sud du Mexique pour réduire le nombre de migrants la traversant doit s'achever mardi. Cependant, l'arrivée de cette toute nouvelle Garde nationale dans le sud du pays préoccupe experts et ONG.

Promesse-phare du nouveau président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador – surnommé Amlo –, la Garde nationale créée en mars 2019 a d'ores et déjà sa première mission : la protection de la frontière sud du pays pour contenir les flux massifs de migrants qui y transitent dans l'espoir de gagner ensuite les États-Unis. Le déploiement des 6 000 militaires doit être achevé mardi 18 juin, a fixé Marcelo Ebrard, le ministre mexicain des Affaires étrangères.

Cependant, plusieurs experts et associations internationales de défense des droits de l'Homme s'inquiètent du déploiement de cette nouvelle force qu'ils estiment prématuré.

"Tout le monde ferait mieux de se calmer et de penser aux conséquences à court, moyen et long terme", estime Claudia Masferrer, experte en migrations au Colegio de Mexico, dans une interview au New York Times. "Le gouvernement mexicain doit dire : 'Attendez un peu, on doit réfléchir à tout ça'."

Contraint aux résultats

Cependant, le Mexique n'a pas le temps de la réflexion. Alors que Donald Trump menace de taxer l'ensemble des produits mexicains importés aux États-Unis, Mexico s'est engagé le 7 juin à renforcer les contrôles à sa frontière avec le Guatemala et à enrayer l'afflux de migrants en provenance d'Amérique centrale.

Dans le cadre de l'accord passé avec Washington, Mexico a accepté que l'efficacité des mesures prises soit évaluée dans un délai de 45 jours. Si le flux de clandestins traversant le pays pour se rendre aux États-Unis n'est pas freiné, l'accord pourra alors être revu, avec notamment une réforme de la législation mexicaine sur le droit d'asile ou un retour du projet américain de tarifs douaniers.

Le déploiement de la toute nouvelle Garde nationale constitue le fer de lance du Mexique pour tenir cette promesse. Le contingent envoyé à la frontière est composé de policiers fédéraux, de militaires de l'infanterie et de la marine, selon Marcelo Ebrard. Il est appuyé par "825 fonctionnaires de l'Institut national des migrations" pour aider à l'identification et au contrôle des migrants. La Garde nationale aura notamment pour mission de traquer les passeurs.

Depuis la signature de l'accord avec l'administration Trump, le Mexique n'hésite pas à mettre en scène le durcissement de sa politique migratoire. Ainsi, les autorités mexicaines ont annoncé dimanche 16 juin l'arrestation 791 migrants d'Amérique centrale, dont 368 enfants de moins de 8 ans, cachés dans des containers routiers dans l'État de Veracruz. Selon une source gouvernementale citée par l'AFP, six trafiquants présumés auraient été arrêtés.

"Une folie" pour Human Rights Watch

Cependant, ce déploiement inquiète au Mexique. "Des agents de sécurité fédéraux, y compris des soldats, vont être en contact direct avec des migrants et des demandeurs d'asile vulnérables, tâche pour laquelle les membres de la Garde nationale n'ont pas encore été formés", estime un rapport du think-thank Washington Office on Latin America, qui étudie la question des droits de l'homme sur le continent américain.

La Garde nationale a été présentée par Amlo comme la solution pour enrayer la spirale de violence et de crime organisé dans laquelle est plongée le Mexique. Initialement, cette force de police devait permettre de rompre avec la militarisation du conflit contre les cartels, initiée par les deux prédécesseurs d'Andrés Manuel Lopez Obrador : Enrique Peña Nieto et Felipe Calderon. Mais, en décembre, le nouveau président mexicain a fait volte-face et a annoncé que la Garde nationale serait finalement sous la direction d'un militaire.

Amlo avait initialement annoncé les premières opérations de la Garde nationale pour le 30 juin. Les voix critiques s'inquiètent des conséquences possibles de l'accélération de l'entrée en fonction de celle-ci et notamment de son impact sur la formation des hommes qui la composent, ainsi que du détournement de sa mission initiale de lutte contre le narcotrafic.

L'ONG Human Rights Watch voit dans le déploiement de la Garde nationale à la frontière comme "une folie".

"C'est la dernière folie de la militarisation de la sécurité publique au Mexique : déployer une force essentiellement militaire non pas contre des groupes de criminels mais contre de simples familles qui fuient ces mêmes groupes", affirme Miguel Vivanco, directeur exécutif pour les Amériques HRW.

"Les gouvernements mexicains successifs ont justifié l'utilisation des forces armées pour des opérations de sécurité publique au motif qu'elles étaient nécessaires pour lutter contre les cartels de la drogue fortement armés et extrêmement violents. Cependant, cette militarisation n'a fait que contribuer à une augmentation de la violence et a conduit à de nombreuses violations des droits de l'Homme", ajoute Daniel Wilkinson, directeur adjoint pour la même région.

Donald Trump maintient la pression

Loin de ces considérations, le président américain Donald Trump s'est félicité le 14 juin des mesures prises par Mexico.

"Il y a une grande différence à la frontière entre aujourd'hui et la semaine dernière. Mexico a fait un boulot extraordinaire ! Eh, 6 000 hommes ! Et si cela ne fonctionne pas, nous reviendrons à des mesures très fortes", a-t-il déclaré sur la chaîne Fox News, avant d'ajouter que devait encore être réglé "le problème de l'asile".

Le 45e président des États-Unis aimerait en effet que le Mexique accepte de devenir un "pays de tiers-sûr", ce qui signifierait que les migrants qui arrivent sur son territoire devraient demander l'asile au Mexique et non aux États-Unis. Or, l'annexe confidentielle de l'accord conclu le 7 juin, déclare que si le flux de clandestins traversant le Mexique pour se rendre aux Etats-Unis n'est pas freiné, le Mexique pourrait accepter de traiter les demandes d'asile.

Devant le tollé provoqué au Mexique par ce qui ressemblerait à un abandon de souveraineté nationale, le ministre mexicain des Affaires étrangères, Marcelo Ebrard, a dû répondre le 14 juin à Mexico devant la commission permanente du Congrès aux inquiétudes de l'opposition. Il a nié que le Mexique ait accepté de devenir un "pays tiers sûr". "Il ne s'agit pas d'un accord bilatéral contraignant", a-t-il assuré.

 



1 Commentaires

  1. Auteur

    En Juin, 2019 (18:10 PM)
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