Le président Blaise Compaoré est un ancien Capitaine de marine. Il est parvenu au pouvoir à la faveur d`un coup d`Etat en 1987. Ironie du sort, c’est lui qui va essayer de décrisper la situation en Guinée, après le massacre du 28 septembre, perpétré par la junte dirigée par un autre Capitaine, Moussa Dadis Camara.
Blaise Compaoré était ce lundi à Conakry pour tenter une médiation dans la crise guinéenne. Il s`est vu confier cette tâche la semaine dernière par la Communauté économique des Etats d`Afrique de l`ouest (CEDEAO). Le président burkinabé est déjà médiateur en Côte d`Ivoire et au Togo.
L’ancien putschiste est donc le «sage africain» désigné en Guinée. Et c’est Dakar qui perd du terrain… diplomatique à Conakry. Car si ce n’était pas la tournure prise par les évènements, le chef de l’Etat sénégalais serait sans nul doute, l’homme idéal pour mener à bien la médiation. De par sa stature et son capital d’expérience.
Hélas, Me Wade est accusé à juste raison peut-être, de soutenir Moussa Dadis Camara, qu’il appelle affectivement «mon fils», qui l`appelle en retour «papa».
Illustration : lors des dernières manifestations, l’attitude de Wade a été encore dénoncée.
Malgré les mises au point répétitives de Dakar, nombre de Guinéens se sont déjà faits une religion sur la «position partisane» du président sénégalais.
Ils semblent ne pas comprendre «l’activisme» de Wade. Ils n’ont pas compris que le Sénégal, pays le plus anciennement démocratique de l`Afrique de l`Ouest, se met brusquement à adouber les auteurs de coups d`Etat dans des pays voisins.
Dakar perd du terrain diplomatique
Pour le cas de la Guinée, le Sénégal a donné l’impression de procéder contre la position officielle de l`Union africaine, de la CEDEAO, de l`Union européenne et même des Etats-Unis.
Une telle attitude n’est pas étrangère au choix de la CEDEAO. Wade avait promis à la junte guinéenne de plaider leur cause auprès des instances africaines comme l’Ua alors qu`il existe un Groupe international de contact sur la Guinée. Avec ce drame du 28 septembre, les promesses vont rester sans suite.
Pourtant, le président de la République du Sénégal, avait vu venir le danger quand il déclarait dans son discours, lors de la 64 éme Assemblée générale de l’Onu : «Ce pays mérite toute notre attention car il peut, d’un moment à l’autre, basculer dans la violence ». Ses premiers pas «peu diplomatiques», en Guinée ont négativement impacté sur l’opinion africaine.
Cellou Dalein Diallo, un des leaders de l`opposition guinéenne, a proposé la médiation du chef de l`Etat sénégalais, dans la crise qui prévaut dans son pays, conscient que Wade est celui qui peut rapprocher les frères ennemis et débarrasser ce pays des turbulences fatales.
La CEDEAO ne l’a pas compris ainsi. Elle pense que Blaise Compaoré le putchiste d’hier, est «plus sage» qu’ Abdoulaye Wade, l’ancien opposant devenu président, après 26 ans de lutte démocratique, dans un pays qui n’a jamais connu de coup d’Etat.
Etrange retournement des choses africaines.
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