Les feux de forêt qui se propagent rapidement en Amazonie ont des répercussions internationales. L'ONU a vivement interpellé le président brésilien et Emmanuel Macron a demandé à ce que le sujet soit discuté lors du G7.
Alors que près de 2 500 nouveaux départs de feu en l'espace de 48 heures ont été enregistrés dans l'ensemble du Brésil, la pression internationale s’intensifie sur le président brésilien Jair Bolsonaro pour sauver le "poumon de la planète".
Ce dernier a accusé Emmanuel Macron, jeudi 22 août, d'avoir "une mentalité colonialiste", après que ce dernier a donné rendez-vous aux membres du G7 pour "parler de l'urgence" des feux en Amazonie à Biarritz ce week-end.
Dans deux tweets successifs, le président brésilien a accusé son homologue français d'"instrumentaliser une question intérieure au Brésil et aux autres pays amazoniens" avec "un ton sensationnaliste qui ne contribue en rien à régler le problème".
- O Governo brasileiro segue aberto ao diálogo, com base em dados objetivos e no respeito mútuo. A sugestão do presidente francês, de que assuntos amazônicos sejam discutidos no G7 sem a participação dos países da região, evoca mentalidade colonialista descabida no século XXI.
— Jair M. Bolsonaro (@jairbolsonaro) August 22, 2019
"Le gouvernement brésilien reste ouvert au dialogue, sur la base de faits objectifs et du respect mutuel", a écrit le climato-sceptique Jair Bolsonaro. "La suggestion du président français selon laquelle les affaires amazoniennes soient discutées au (sommet du) G7 sans la participation de la région évoque une mentalité colonialiste dépassée au 21e siècle".
Emmanuel Macron avait exprimé son inquiétude dans un tweet, malencontreusement illustré d'une image prise par un photographe décédé en 2003. "Notre maison brûle. Littéralement. L'Amazonie, le poumon de notre planète qui produit 20 % de notre oxygène, est en feu. C'est une crise internationale. Membres du G7, rendez-vous dans deux jours pour parler de cette urgence".
Notre maison brûle. Littéralement. L’Amazonie, le poumon de notre planète qui produit 20% de notre oxygène, est en feu. C’est une crise internationale. Membres du G7, rendez-vous dans deux jours pour parler de cette urgence. #ActForTheAmazon pic.twitter.com/Og2SHvpR1P
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) August 22, 2019
Sportifs et stars du show-business mobilisés
Le tweet du président français a fait écho à une salve d'appels à sauver l'Amazonie lancée par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, qui s’est dit sur Twitter "profondément préoccupé" par les incendies sévissant dans la plus vaste forêt tropicale du monde, dont 60 % se trouvent en territoire brésilien.
"En pleine crise climatique mondiale, nous ne pouvons accepter davantage de dégâts sur une source majeure d'oxygène et de biodiversité", a écrit Antonio Guterres, réclamant que l'Amazonie soit "protégée".
I’m deeply concerned by the fires in the Amazon rainforest. In the midst of the global climate crisis, we cannot afford more damage to a major source of oxygen and biodiversity.
— António Guterres (@antonioguterres) August 22, 2019
The Amazon must be protected.
Face à cette "tragédie", le président équatorien Lenin Moreno a proposé à son homologue brésilien l'envoi de trois brigades de pompiers spécialisées dans les incendies de forêt.
Les appels pour l'Amazonie se sont également élevés du milieu sportif, avec Cristiano Ronaldo, qui a posté sur Twitter une photo de 2013 prise dans un État non amazonien, selon les fact-checkers de l'AFP. Et du show-business, notamment la chanteuse américaine Madonna, qui a publié sur Instagram une photo de 1989, légendée : "Président Bolsonaro s'il vous plaît modifiez votre politique. Nous devons nous RÉVEILLER".
Plus de 75 000 feux de forêt depuis le début de l’année
Des manifestations étaient prévues pour l'Amazonie vendredi, à Sao Paulo et Rio. Le mouvement de la jeune Suédoise Greta Thunberg, égérie de la lutte contre le réchauffement climatique, "Fridays for Future", a appelé à manifester devant les ambassades et consulats du Brésil à travers le monde.
Si l'avancée des feux dans la plus vaste forêt tropicale de la planète était très difficile à évaluer, l'Institut national de recherche spatiale (INPE) a fait état de près de 2 500 nouveaux départs de feu en l'espace de 48 heures dans l'ensemble du Brésil. La déforestation, qui avance rapidement, est la principale cause des départs de feu.
D'après l'INPE, 75 336 feux de forêt ont été enregistrés dans le pays de janvier jusqu'au 21 août – soit 84 % de plus que sur la même période de l'an dernier – et plus de 52 % concernent l'Amazonie.
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