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Irak : L'attaque d'un sanctuaire chiite suscite de vives réactions

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Irak : L'attaque d'un sanctuaire chiite suscite de vives réactions

Des attaques contre des symboles de l'Islam ont été perpétrées en Irak. Ravivant ainsi l'opposition entre chiites et sunnites et obligeant le gouvernement à décréter un deuil de trois jours.

Un attentat à la bombe a détruit le dôme d'un important sanctuaire chiite à l'aube dans la ville irakienne de Samarra, ce qui a provoqué des manifestations de rue et obligé le gouvernement à lancer un appel pour prévenir des représailles à caractère religieux. Une mosquée sunnite au moins a été attaquée à Bagdad. Des miliciens chiites ont pris position dans les rues et le chef spirituel des chiites irakiens, l'ayatollah Ali Sistani, a recommandé la modération aux manifestants.

Le président Djalal Talabani a accusé les assaillants de chercher à faire dérailler les efforts appuyés par Washington pour mettre sur pied un gouvernement d'union nationale susceptible d'empêcher une guerre civile. Des hommes armés ont fait irruption dans la Mosquée d'Or de Samarra, l'un des quatre principaux lieux saints chiites d'Irak, et y ont posé des explosifs qui ont provoqué l'effondrement de son dôme doré de vingt mètres de diamètre, l'un des plus grands du monde islamique. L'attentat ne semble pas avoir fait de victime.

Sur une photographie aérienne diffusée par l'armée américaine, on voit le dôme réduit à une coquille de ciment marron vide à charpente métallique tordue. Des bâtiments voisins sont également démolis. Un porte-parole du ministère de l'Intérieur a dit que les poseurs de bombe, vêtus d'uniformes de police, avaient ligoté les gardiens de la mosquée et avaient déclenché leurs charges.

Le Premier ministre Ibrahim Djaafari, islamiste chiite que Washington presse d'intégrer les représentants de la minorité sunnite dans un gouvernement de coalition, a annoncé à la télévision un deuil national de trois jours. Il a précisé que le gouvernement intérimaire avait envoyé des représentants à Samarra, ville à majorité sunnite située à 100 kilomètres au nord de Bagdad. Selon des habitants, les forces de sécurité en ont fermé l'accès aux non-résidents. La police a dit avoir, à un moment, tiré au-dessus d'une foule de manifestants qui scandait des slogans religieux et antiaméricains. La principale organisation religieuse sunnite a condamné l'attentat, qui n'a pas été revendiqué. C'est aussi ce qu'a fait le président Talabani, sunnite d'origine kurde qui a dénoncé un "crime honteux" commis pendant le mois saint du chiisme.

A Bagdad, des hommes ont ouvert le feu sur une mosquée sunnite dans le quartier de Ghazalia et en ont incendié la porte, a indiqué la police qui enquête sur des attaques signalées contre d'autres mosquées sunnites de la capitale. La Mosquée d'or renferme les tombes de deux imams, Ali al-Hadi et son fils Hassan al-Askari.

Le conseiller à la Sécurité nationale, Mouaffak al Roubaïe, a imputé l'attentat à des activistes sunnites influencés par Al Qaïda tout en lançant un appel au calme : "Comme dans le passé, ils n'entraîneront pas le peuple irakien dans la guerre civile." Selon la télévision nationale, Roubaïe a ensuite annoncé que dix suspects avaient été arrêtés à Samarra. Des milliers de personnes ont défilé dans les villes chiites du pays et dans la capitale pour condamner l'attentat.

Des miliciens habillés en noir de l'Armée du Mehdi, partisans de l'imam radical chiite Moktada al Sadr, étaient déployés en grand nombre dans des bastions chiites comme Sadr City (Bagdad) et la ville de Samaoua. Moktada al Sadr a promis vengeance contre les activistes sunnites. "Nous n'allons pas nous contenter de condamner et de protester, nous allons agir contre ces activistes. Si le gouvernement irakien ne fait pas son travail en défendant le peuple, nous sommes prêts à le faire", nous, a dit l'un de ses porte-parole.

Les Etats-Unis pressent Djaafari de former un cabinet dont la composition permettrait d'éviter une guerre civile propre à compromettre le retrait futur des 130 mille soldats américains stationnés en Irak.

Samarra est un bastion de l'insurrection sunnite contre le gouvernement à majorité chiite. La ville abrite peu de chiites. A Nadjaf, ville sainte chiite située dans le sud du pays, le très influent ayatollah Sistani a publié un communiqué décrétant sept jours de deuil et prônant des "manifestations appropriées", sans violences ni représailles contre les mosquées sunnites.

Près de ses bureaux de Nadjaf, quelque 2 mille manifestants chiites scandaient : "Chiites, soulevez-vous ! Chiites, vengez-vous ! Chiites, soulevez-vous !"

"Pour les chiites (...), c'est une agression énorme, comparable à une attaque contre La Mecque pour l'ensemble des musulmans", a dit Hazim al Naimi, professeur de science politique à l'université Moustanssiria de Bagdad. "Nous allons assister à une montée du sectarisme après cet attentat (...) Cela peut rapprocher le pays de la guerre civile."

"Nous exigeons que le gouvernement irakien prenne les mesures les plus extrêmes contre ces terroristes. Pardonner à ces gens ne serait pas acceptable", a déclaré Salah al-Haidari, responsable de la fondation chargée de l'entretien des mosquées et des sanctuaires chiites. "Ceux qui ont fait ça ne sont pas des êtres humains. Ils sont moins que des animaux", a renchéri Wouroud Kassim, un informaticien de 29 ans, dans le centre de Bagdad.

Des manifestations plus modestes ont eu lieu en d'autres villes et des commerçants chiites ont fermé boutique pour la durée du deuil. Un millier de manifestants sont notamment descendus dans les rues de Kout, au sud-est de Bagdad.



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