La vente d’eau fraîche dopée par la canicule

La canicule qui sévit à Dakar en cette période de saison des pluies a incontestablement dopé la consommation d’eau fraîche. Par voie de conséquence, les vendeurs du liquide précieux que l’on voit dans plusieurs artères de la capitale en train de proposer des sachets d’eau se frottent les mains. Et pour cause, leurs chiffres d’affaires s’améliorent notablement.

Au rond-point Sandaga et à la gare Petersen, il est difficile de distinguer au premier coup d’œil vendeurs d’eau et acheteurs. En cette après-midi ensoleillée, tous foncent sur les sachets en plastique : quand les premiers les proposent bruyamment, les seconds les leur arrachent presque des mains.

 En témoignage de cette foire d’empoigne, le sol est partout jonché de sachets en plastique vidés de leur contenu. Ainsi, les lieux de vente ne sont pas beaux à voir avec de tels encombrements mais les vendeurs n’en ont cure, occupés qu’ils sont à écouler leur marchandise.

 Rencontré à Sandaga, Moustapha Barry a le visage rayonnant quand on l’interroge sur la vente de ses sachets d’eau. ‘’Je fais une très bonne affaire, surtout en cette période de chaleur’’, coupe le jeune homme. A l’en croire, la hausse de la température dans l’après-midi conjuguée aux embouteillages contribue énormément à donner un coup de fouet à la vente d’eau fraîche.

De taille moyenne et vêtu d’un pantalon jean et d’un-t-shirt rouge, il dit se montrer toujours ouvert à l’égard des nombreux clients qui, parfois, lui conseillent de suivre les règles d’hygiène. ‘’Parfois, certains de mes clients me demandent de bien veiller sur cette eau qu’ils utilisent’’, confie-t-il.

Tout comme bon nombre de jeunes qui s’adonnent à la vente d’eau, Moustapha est un ressortissant de la République de Guinée. Faute d’avoir pu trouver un travail, il s’est résolu à d’arpenter les rues de Dakar pour vendre le liquide précieux.

 ’’Je suis Guinéen, je suis vulgarisateur. J’ai fait juste trois mois au Sénégal. Mais, je n’ai pas trouvé où travailler. C’est pourquoi je vends de l’eau. Les prix varient entre 25F et 50F’’, explique Moustapha Barry. Tout près de la pharmacie proche du rond point Sandaga, on distingue un groupe de jeunes proposant aux passants des sachets d’eau. Il a fallu s’armer de patience pour tirer quelques mots à certains d’entre eux.

 Quand il consent à parler, Mamadou Alpha Diallo confesse que, contrairement aux apparences, vendre de l’eau n’est pas une sinécure. Surtout quand on le fait pour quelqu’un d’autre. Le jeune homme qui va vers ses 25 ans est employé par un ‘’patron’’ qui le paye mensuellement 15.000FCFA.

’’Ces vendeurs nous arrangent beaucoup. Tu sais, ici nous sommes dans le marché, il n’y pas de maisons où aller boire. Et on achète tous ici pour étancher notre soif. Je ne crains rien, l’eau est hygiénique’’, assure Ibrahima Dioh, un homme établi au marché Sandaga et ayant l’habitude de se désaltérer auprès des jeunes vendeurs de sachets d’eau.

 Pour conforter de tels propos, Woury Bâ, vendeur d’eau, indique que des policiers réglementant la circulation figurent parmi ses clients. Il y a surtout les chauffeurs de taxi, souligne Woury, expliquant qu’au moindre embouteillage lui et ses collègues sont sûrs d’écouler beaucoup de sachets auprès des taximen en attente.
 Mais malgré les bonnes affaires des vendeurs d’eau fraîche, une tache noire subsiste : les sachets qui jonchent et salissent le sol. Sans compter qu’ils ne sont pas biodégradables. Une équation de plus pour les écologistes.