Le Pr Ken Wistein du Hudson Institut de Washington sur le 11 septembre - « On sait très bien qu’il va y avoir un autre attentat, mais la question, c’est : quand ? »

Le professeur Ken Wistein du Hudson Institut à Washington, invité de la Voix de l’Amérique à l’occasion du 5e anniversaire des attentats du 11 septembre 2001 pense que les terroristes vont à nouvu frapper. Les Etats-Unis ont depuis cette date noire de leur histoire renforcé leur sécurité, engagé une guerre tous azimuts contre le terrorisme, sans pour autant être à l’abri d’une nouvelle attaque. Leurs interventions en Afghanistan, puis en Irak ont mis fin aux régimes des Taliban et de Saddam Hussein, mais les ont entraînés dans des bourbiers sanglants d’où ils peinent à s’extirper.

Inquiétude face à un nouvel attentat « L’Amérique certainement se sent plus sécurisée que le 12 septembre 2001. Certainement que le 10 septembre, l’idée d’un attentat massif contre le World trade center était vraiment inimaginable. Six ans après, heureusement qu’on n’a pas de nouveau subi ce genre d’attentat, mais tout le monde s’inquiète beaucoup du moment du prochain attentat. On sait très bien qu’il va y avoir un autre attentat, mais la question, c’est : quand ? Quels vont être les dégâts ? »

Utilité du super ministère qui a été mis en place, le Homeland security, équivalent d’un super ministère de l’Intérieur. « Oui, évidemment le département du Homeland security a fait un travail énorme en réunissant les agents de 18 structures différentes, quelque cent mille personnes, pour lutter contre le terrorisme. Et le nouveau Directoire de renseignement qui a regroupé 18 agences d’intelligence dans la même maison est aussi important dans la lutte contre le terrorisme ».

Situation des services secrets très critiqués avant le 11 septembre. « Je crois que ça s’est beaucoup amélioré après le 11 septembre, mais on a quand même un travail énorme à faire pour la coordination entre les Etats fédéraux, les villes, les premiers intervenants, c’est-à-dire les pompiers, les policiers, les services de renseignement à l’échelon fédéral. Certainement qu’il y a des choses à faire pour mieux maîtriser la situation. Le 11 septembre, la deuxième tour du World trade center aurait pu être évacuée, beaucoup moins de pompiers auraient été tués dans l’attentat, si certaines choses avaient été mieux faites. Donc c’est toujours le problème de la coordination des efforts ».

Oussama Ben Laden court toujours, il est libre. On a même l’impression qu’il nargue les Etats-Unis. « Oui, mais certainement pas en public. C’est par Internet interposé. Ses liens sont moins forts qu’avant, il est moins visible publiquement, il ne peut pas circuler, il a beaucoup moins d’argent dans ses propres réseaux terroristes. Certainement que Al-Qaïda en Irak était beaucoup plus grand, il l’est moins aujourd’hui. Mais, maintenant que les chefs sunnites commencent à en avoir marre, la situation est très compliquée quand même ».

L’Amérique s’enlise dans le bourbier irakien. Il n’y a jamais eu de preuves d’une liaison directe entre Saddam Hussein et Al-Qaïda. « Oui, on a jamais pu faire le lien direct entre Saddam Hussein et le 11 septembre, malgré tout ce qui a été dit là-dessus ».

La lutte contre le terrorisme sera au cœur de la prochaine campagne pour l’élection présidentielle aux Etats-Unis. « C’est sûr. La lutte contre le terrorisme, l’avenir de la guerre en Irak sont les deux grandes questions qui vont dominer les débats certainement »