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Le prix Nobel de littérature japonais Kenzabur? ?e est mort à 88 ans

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Le prix Nobel de littérature japonais Kenzabur? ?e est mort à 88 ans
 
Figure intellectuelle à part au Japon, constant dans sa haute exigence morale, il était un ardent défenseur de la cause antinucléaire et de la Constitution pacifiste de son pays.


Le prix Nobel de littérature Kenzabur? ?e, icône progressiste et anticonformiste japonaise, est décédé à l'âge de 88 ans, a annoncé lundi la maison d'édition Kodansha. «Il est mort de vieillesse aux premières heures du 3 mars», a dit l'éditeur dans un communiqué expliquant que ses funérailles ont déjà été tenues par sa famille. Figure intellectuelle à part au Japon, constant dans sa haute exigence morale, il était un ardent défenseur de la cause antinucléaire et de la Constitution pacifiste de son pays.
 
Kenzabur? ?e grandit sur l'île méridionale de Shikoku, qui sera le décor principal de son œuvre romanesque, puis fait des études de littérature française. Il se gorge enfant des légendes subversives de son village que lui racontent sa mère et sa grand-mère. Mais sa jeunesse est noircie par la Seconde Guerre mondiale et la propagande mortifère du régime militariste nippon inculquée à l'école. Traumatisé par la capitulation du Japon après les bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki en 1945, il est cependant très rapidement conquis par les principes démocratiques apportés par l'occupant américain. Il connaît un succès précoce, avec des nouvelles aux sujets dérangeants et des personnages grotesques ou désaxés, miroir inconscient du malaise de la jeunesse japonaise de l'après-guerre.


Premiers grands succès

En 1958, il remporte le prestigieux prix Akutagawa récompensant de jeunes auteurs pour Gibier d'Élevage. Ce récit tragique mettant en scène un pilote afro-américain captif d'une communauté villageoise japonaise durant la Seconde Guerre mondiale sera adapté au cinéma peu après par Nagisa Oshima. La même année sort son premier grand roman, Arrachez les bourgeons, tirez sur les enfants, fable sociale sur des gamins d'une maison de correction livrés à eux-mêmes au Japon durant la guerre.

D'emblée, l'écrivain provincial décide de rester «à la périphérie», se promettant de ne jamais collaborer «avec ceux qui se trouvent au centre et ont le pouvoir». La naissance en 1963 d'un fils handicapé, Hikari («Lumière» en japonais), va bouleverser sa vie personnelle et donner une nouvelle impulsion à son œuvre. «Écrire et vivre avec mon fils se superposent et ces deux activités ne peuvent que s'approfondir réciproquement. Je me suis dit que ce serait sans doute là que mon imagination pourrait prendre forme», expliquera-t-il plus tard.

 
En 1964, avec Une affaire personnelle, il connaît son premier grand succès. Le roman, qui met en scène un jeune père confronté au choc de la naissance d'un bébé lourdement handicapé, jusqu'à envisager de le tuer. Ses Notes d'Hiroshima (1965) sont un recueil de témoignages poignants de victimes du 6 août 1945. Puis dans ses Notes d'Okinawa (1970), il s'intéresse au sort tragique de ce petit archipel périphérique du Japon, qui ne sera rétrocédé par les États-Unis qu'en 1972.

Honni par les nationalistes japonais, Kenzabur? ?e sera poursuivi en diffamation des décennies plus tard pour avoir rappelé dans cet essai que des civils avaient été poussés au suicide par des militaires japonais durant la bataille d'Okinawa en 1945. Il gagnera son procès au terme d'une longue procédure. Tout en écrivant de nombreux romans et nouvelles, il est critique littéraire, spécialiste de William Blake, Malcolm Lowry et Dante.


Fidèle à son idéal

Sa nostalgie pour la forêt et les mythes de son enfance seront une autre grande source d'inspiration pour ses romans (Le Jeu du siècle, M/T et l'histoire des merveilles de la forêt...). En 1994, le Nobel de littérature consacre celui «qui, avec une grande force poétique, crée un monde imaginaire où la vie et le mythe se condensent pour former un tableau déroutant de la fragile situation humaine actuelle». Son refus peu après de l'Ordre de la Culture, une distinction japonaise remise par l'Empereur, fera scandale dans son pays. «Je ne saurais reconnaître aucune autorité, aucune valeur plus haute que la démocratie», avait justifié l'écrivain, fidèle à son idéal.


Son œuvre est orientée vers l'engagement politique de gauche et l'analyse psychologique. Le génie de Kenzabur? ?e consiste à concilier, dans un style original, un certain naturalisme, des fragments autobiographiques, une réflexion sociologique et historique et une imagination inégalée par les auteurs japonais modernes. En 1989, il reçoit le prix Europalia et, en 1994, le prix Nobel de littérature, signes d'une reconnaissance internationale.


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