Les Polonais ont commencé à voter, dimanche, aux élections législatives. Les populistes au pouvoir, menés par Jaroslaw Kaczynski, sont favoris pour remporter le scrutin sans certitude qu'ils gardent la majorité absolue.
Les élections législatives en Pologne, dimanche 13 octobre, pourraient bien bouleverser la stabilité politique du pays. Ses habitants doivent élire, de 7 h à 21 h, leurs 460 députés et 100 sénateurs pour un mandat de quatre ans, et des résultats approximatifs doivent être annoncés immédiatement après grâce aux sondages de sortie des urnes.
Les principaux leaders, Jaroslaw Kaczynski, chef des conservateurs du parti nationaliste Droit et Justice (PiS) – au pouvoir –, et Malgorzata Kidawa-Blonska, candidate du parti centriste Coalition Civique (KO) – au poste de Premier ministre –, doivent voter en milieu de journée à Varsovie.
L'opposition a reçu un soutien de dernière minute de la femme de lettres Olga Tokarczuk, qui venait de recevoir jeudi le Prix Nobel de littérature. Parlant aux médias, elle a appelé les Polonais à choisir "entre la démocratie et l'autoritarisme" lors de ces élections, qu'elle juge "les plus importantes" depuis la chute du communisme en 1989.
Le parti conservateur au pouvoir face à l’opposition centriste
En place depuis2015, le PiS a cherché à mobiliser les couches défavorisées des campagnes en s'érigeant en défenseur des valeurs familiales face à "l'idéologie LGBT" et surtout en promettant une nouvelle allocation familiale, la baisse des impôts et la hausse du salaire minimum.
Considéré comme l'homme politique le plus influent de Pologne, Jaroslaw Kaczynski a clivé la société en attaquant les minorités sexuelles et en rejetant les valeurs libérales occidentales, avec la bénédiction tacite de l'influente Église catholique.
En politique étrangère, il fait partie – aux côtés du Hongrois Viktor Orban – des dirigeants populistes européens prônant une Europe des nations et refusant l'évolution fédéraliste encouragée par Berlin et Paris.
Le parti populiste PiS, grand favori des élections législatives en Pologne
En face, l'opposition centriste de la Coalition civique s'appuie sur les habitants des grandes villes irrités par les réformes controversées du PiS, dont celles du système judiciaire, et par la transformation des médias publics en instruments de propagande gouvernementale.
Une coalition de gauche, qui condamne la campagne anti-LGBT du PiS et son alliance avec l'épiscopat mais approuve son programme social, devrait retrouver les bancs du parlement après une absence de quatre ans.
Une majorité incertaine pour le PiS
Deux enquêtes d'opinion publiées vendredi ont suggéré que le PiS n'était pas tout à fait assuré de garder la majorité absolue. Elles ont crédité ce parti de 40 % et de 41,7 % contre 41,4 % et 45 % pour le total des voix des trois principaux partis d'opposition.
"La participation décidera si le PiS pourra gouverner tout seul, s'il devra bâtir une coalition, voire même s'il peut perdre sa majorité", explique Anna Materska-Sosnowska, une politologue de l'Université de Varsovie.
Le PiS a bâti sa popularité sur la réaction de rejet populiste contre les élites libérales, analogue au phénomène que connaît l'Occident, en promettant de bâtir un État providence pour tous.
Son programme social et la rapide mise à l'écart de ceux qui, dans ses propres rangs, sont soupçonnés de comportements douteux, ont protégé son image contre une série d'"affaires".
"Protégeons la Pologne contre la haine"
Côté opposition, c'est une femme respirant le calme, Malgorzata Kidawa-Blonska, ancienne vice-présidente du parlement, qui est candidate au poste de Premier ministre. Elle cherche à se démarquer de la rhétorique combative du PiS.
"Le président Kaczynski sème la division entre les gens... Protégeons la Pologne contre de telles divisions, contre la haine", a-t-elle dit à ses partisans cette semaine.
La Coalition civique a promis d'annuler les réformes judiciaires du PiS dont la Commission européenne dit qu'elles menacent l'indépendance de la justice et l'État de droit.
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