Les Européens ont bien du mal à se passer des ventes d'armes à l'Arabie saoudite

Emmanuel Macron se rend ce mardi après-midi au salon Euronaval, au Bourget, près de Paris. Un salon principalement dédié à l'armement, qui fête ses 50 ans cette année. Le secteur naval de la défense se porte bien, avec un chiffre d'affaires cumulé de 45 milliards d'euros dans le monde entier. Mais ce salon se déroule dans un contexte particulier alors que les ventes d'armes vers l'Arabie saoudite commencent à être dénoncées par plusieurs pays occidentaux, et que Riyad est précisément un bon client de l'industrie européenne de défense. Selon le SIPRI, en 14 ans, quelque 57 milliards d'euros d'armement ont été exportés vers l'Arabie saoudite.

Le salon Euronaval vient le rappeler, il n'est pas facile pour les Européens de se passer des ventes d'armes vers l'Arabie saoudite. En septembre, déjà, l'Espagne a dû renoncer à annuler une vente de 400 bombes guidées laser commandées par le royaume saoudien.

Madrid a eu peur de voir une crise diplomatique avec Riyad déboucher sur l'annulation d'une commande de 5 corvettes fabriquées par le constructeur national Navantia à Cadix dans le sud du pays. En jeu : 1,8 milliard d'euros d'investissement dans une région durement touchée par le chômage.

En France, c'est à Cherbourg que l'inquiétude pointe. Les Constructions mécaniques de Normandie (CMN) attendent l'entrée d'un contrat de 550 millions d'euros pour la livraison à l'Arabie saoudite de 39 petites vedettes rapides auxquelles doivent en principe s'ajouter 3 patrouilleurs de 56 mètres destinés à l'origine au Liban sous financement saoudien (contrat DONAS), mais qui pourraient finalement se retrouver dans la marine saoudienne.

Le dossier est sensible pour le président Emmanuel Macron qui visite le salon Euronaval ce mardi. Depuis les années 1970, la position française veut que les  contrats déjà signés soient honorés. Mais le ministre allemand de l'Economie, Peter Altmaier, appelle tous les pays européens à se mettre d'accord pour ne plus autoriser les ventes d'armes vers l'Arabie saoudite.