Les frappes américaines sur l'Iran, ordonnées par le président Donald Trump, ont été applaudies par les élus républicains au Congrès, mais ont également exposé au grand jour les fractures existantes au sein du mouvement "MAGA".
Lors de la campagne de 2024, Donald Trump s'était présenté comme le candidat de "l'Amérique d'abord", à l'opposé de la politique des présidents antérieurs et des guerres engagées par Washington en Irak ou en Afghanistan.
Ces conflits ont engendré de profonds désaccords au sein de la société américaine, tout comme l'engagement des Etats-Unis aux côtés de l'Ukraine dans le conflit avec la Russie, ou d'Israël dans la guerre contre le Hamas.
Les indéfectibles soutiens "MAGA" -- pour "Make America Great Again", "Rendre sa grandeur à l'Amérique" en français -- de Donald Trump, qui le suivent de meetings en meetings, lui accordent pour le moment le bénéfice du doute quant à ses ambitions belliqueuses, considérées par certains comme contraires à la Constitution.
"Je ne pense pas que nous allons nous retrouver en guerre. Je pense que Trump est le chef et qu'il va juste les anéantir, et qu'il n'y aura pas de guerre", a assuré à l'AFP Jane Sisk, 63 ans, retraitée et mère de six enfants, originaire de Virginie (est).
Mais la faction la plus bruyante du mouvement MAGA, constituée de personnalités médiatiques et d'influenceurs, cherche désespérément à faire basculer les partisans de Donald Trump en faveur d'une position anti-interventionniste.
"Schisme majeur"
Dans un long message publié lundi sur X, l'élue de la droite dure américaine Marjorie Taylor Greene a déploré avoir parcouru le pays pour faire campagne en faveur du républicain, pour ensuite le voir rompre son engagement anti-interventionniste.
"Cela fait seulement six mois, et nous sommes de nouveau engagés dans des conflits internationaux, un changement de régime et la troisième guerre mondiale", a-t-elle tonné.
Elle dénonce un "appât" destiné à "satisfaire les néo-conservateurs, les va-t-en-guerre, l'industrie militaro-industrielle et les personnalités médiatiques et conservatrices que MAGA déteste et qui n'ont jamais été trumpistes!".
Dans ce message, Marjorie Taylor Greene a ajouté que Donald Trump n'était pas "un roi", reprenant ainsi la rhétorique démocrate.
Thomas Massie, élu conservateur du Congrès dont les prises de position antiguerre ont suscité la colère de Donald Trump, a déclaré sur la chaîne CBS que les membres de MAGA étaient "fatigués par toutes ces guerres".
Et tandis que le président prenait la parole lors d'une allocution à la nation samedi soir, l'idéologue d'extrême droite Steve Bannon assurait dans son podcast "War room" que Donald Trump allait avoir "beaucoup de travail" pour expliquer sa décision.
L'influenceur conservateur Charlie Kirk, également anti-interventionniste, a quant à lui avertit ses millions d'abonnés sur YouTube que de potentielles frappes sur l'Iran seraient la cause d'un "schisme majeur au sein de la communauté MAGA virtuelle".
Il a cependant semblé changer de position après les frappes de dimanche et a loué la "prudence" et la "force de décision" du président.
- "Croyez en Trump" -
La confiance des partisans de Donald Trump pourrait s'éroder, avertissent ses soutiens, en cas d'une riposte forte de l'Iran qui entraînerait les États-Unis dans une escalade de violence.
Mais pour l'instant, la base du président semble se ranger derrière les avertissements du dirigeant républicain concernant la menace nucléaire iranienne, même si le mantra de la Maison Blanche, "Croyez en Trump", a quelque peu perdu de son pouvoir, selon certains analystes.
Il faudra plusieurs jours pour voir dans les sondages les conséquences des frappes américaines sur la cote de popularité de Donald Trump.
Mais dans la dernière enquête de l'institut J.L. Partners réalisée juste avant l'opération militaire de samedi, 67 % des "Républicains MAGA" étaient d'accord pour dire que "la guerre d'Israël est aussi celle de l'Amérique", tandis que seulement 20% souhaitaient que les Etats-Unis restent à l'écart du conflit.
"Je ne pense pas que Trump va envoyer des soldats là-bas", conclut Jane Sisk, l'électrice de Donald Trump interrogée par l'AFP. "Je ne pense pas qu'il va nous impliquer dans la guerre".
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