Le 24 mai dernier, le patron des renseignements français Patrick Calvar établissait des prédictions pour le moins inquiétantes devant la commission d'enquête parlementaire sur les attentats de Paris. Son audition, à huis clos, a été rendue publique mardi. Selon Patrick Calvar directeur général de la sécurité intérieure française (DGSI), l'Etat islamique va faire évoluer son mode opératoire en Occident pour éviter "d'aller à l'assaut avec la mort à la clef."
En d'autres termes, le groupe terroriste troquerait les kamikazes pour les voitures piégées et autres engins explosifs, comme il procède davantage dans ses attaques au Moyen-Orient notamment. Une invasion des combattants islamistes M. Calvar craint une véritable invasion des combattants de l'EI, tel qu'il l'expliquait au cours de son audition le 24 mai à l'Assemblée nationale.
"Pour réaliser leur projet, il leur faut des artificiers et organiser toute une logistique, c'est-à-dire s'installer sur notre territoire, acquérir tous les produits", prévient le chef du renseignement français. "Dès qu'ils auront projeté sur notre territoire des artificiers, ils pourront éviter de sacrifier leurs combattants tout en créant le maximum de dégâts", précise-t-il encore. Confrontation entre l'ultra droite et le monde musulman Le patron de la DGSI craint également une montée des extrêmes qui se caractériserait par "une confrontation entre l'ultra droite et le monde musulman."
Le 10 mai dernier, M. Calvar évoquait même un risque de "guerre civile" devant la commission de la Défense nationale de l'Assemblée nationale. "L'Europe est en grand danger: les extrémismes montent partout et nous sommes, nous, services intérieurs, en train de déplacer des ressources pour nous intéresser à l'ultra droite qui n'attend que la confrontation", avait-il alors affirmé.
Les trois "angles morts" de la lutte contre le terrorisme Lors de son audition, Patrick Calvar a également présenté les trois grands problèmes face au terrorisme, les "angles morts" de la lutte antiterroriste, selon ses propres termes. 1. Les limites du contrôle judiciaire Le cas de Samy Amimour, assaillant du Bataclan qui a pu aller en Syrie en 2013 malgré une mise en examen et une interdiction de sortie du territoire, est "emblématique des défaillances du contrôle judiciaire".
Pour ne pas porter "atteinte aux droits de la défense", les services ne peuvent "plus suivre ni intercepter les gens les plus dangereux dès lors qu'ils sont mis en examen; à moins, s'ils sont impliqués dans un autre projet, qu'une autre enquête soit ouverte", a expliqué M. Calvar. 2. Chiffrement et big data Pour le patron de la DGSI, "le renseignement technique est aujourd'hui un enjeu majeur". Cet aspect est pourtant absent des propositions du rapport parlementaire.
Selon lui, les 3.000 agents du renseignement intérieur se heurtent "au quotidien au problème du chiffrement, à la multiplication des moyens de communication, aux masses de données" recueillies. Whatsapp, Viber, iMessage, Telegram... Ces messageries, très prisées des groupes djihadistes et notamment de l'organisation Etat islamique (EI), sont devenues le cauchemar des services antiterroristes, incapables de casser leur chiffrement dont seul l'utilisateur a la clé. 3.
Des faux papiers permettant de déjouer les frontières Certains des djihadistes des attentats du 13 novembre à Paris étaient rentrés de Syrie en empruntant la route des migrants et en utilisant de faux papiers d'identité. Il est toujours impossible à ce jour de retracer le trajet emprunté par Abdelhamid Abaaoud alors qu'il est établi qu'il a fait des allers retours entre la Syrie et l'Europe. "Les identités n'ont de nos jours plus grande signification du fait des contrôles aléatoires et des possibilités de falsification grandissantes", a estimé M. Calvar. "Faire des contrôles d'identité n'a plus aucun sens."
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En Juillet, 2016 (12:44 PM)Participer à la Discussion