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Liberté d'expression : Ségolène Royal critiquée après avoir inventé «l'interdiction de choquer»

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Liberté d'expression : Ségolène Royal critiquée après avoir inventé «l'interdiction de choquer»
En posant à la liberté de caricature une «limite» inexistante dans le droit, l'ex-ministre socialiste a indigné lundi une partie de la classe politique.
 
Ségolène Royal, alors ministre de l'Écologie, lors de l'hommage au policier Xavier Jugelé, le 25 avril à la préfecture de Police de Paris.
Ségolène Royal, alors ministre de l'Écologie, lors de l'hommage au policier Xavier Jugelé, le 25 avril à la préfecture de Police de Paris. bertrand GUAY / AFP
L'«interdiction de choquer», nouvel obstacle à la liberté d'expression ? Ségolène Royal a été critiquée par de nombreux responsables politiques, lundi, pour avoir défendu cette «limite» pourtant absente du droit français. «La liberté, oui», a d'abord insisté sur CNews l'ex-ministre socialiste de l'Écologie. «Mais la liberté n'est pas le droit de faire n'importe quoi. (...) Il y a des droits et des devoirs», parmi lesquels «la fraternité», a-t-elle poursuivi, avant d'en donner sa définition. «C'est quoi, la fraternité ? C'est l'interdiction de choquer, d'humilier, c'est la prise en considération de la souffrance des autres».
 

Selon l'ex-candidate à la présidentielle de 2007, «certaines» caricatures de Mahomet publiées par l'hebdomadaire Charlie Hebdo, en particulier les «caricatures pornographiques», sont «insultantes». «Je ne suis pas pour l'interdiction des caricatures», mais «je comprends que certains se sentent insultés, y compris des musulmans qui ne sont absolument pas intégristes, ni radicaux», a-t-elle souligné. «Ils (en) ont le droit, c'est leur liberté».

Droit très protégé en France

Ce plaidoyer en faveur d'un usage prudent de la liberté d'expression tranche avec la très protectrice législation française, qui punit les abus comme l'injure, la diffamation ou l'incitation à la haine et à la discrimination, mais pas l'«interdiction de choquer». Il a provoqué de vives réactions dans la classe politique. «Nous ne souffrons plus vos petits arrangements avec la liberté d'expression», a répliqué sur Twitter Olivia Grégoire, secrétaire d'État chargé de l'Économie sociale.

«Ségolène (Royal) crée le délit de blasphème et oublie accessoirement que l'équilibre, aujourd'hui, c'est celui entre des crayons et des kalachnikovs ou des décapitations», a renchéri le président du Parti radical de gauche, Guillaume Lacroix. Au sein de la direction des Républicains (LR), Lydia Guirous voit dans ces propos une «illustration de la lâcheté, sous couvert de "mesure" et de "fraternité"».

«Liberté de blasphémer»

Le débat sur la liberté d'expression a été relancé après l'assassinat de l'enseignant Samuel Paty, tué par un islamiste le 16 octobre devant son collège de Conflans-Saint-Honorine (Yvelines), après avoir montré, lors d'un cours sur la liberté d'expression, des caricatures du prophète Mahomet publiées dans Charlie Hebdo.

Le président Emmanuel Macron avait alors défendu «la liberté de blasphémer» en France, provoquant une poussée de fièvre anti-française dans le monde arabo-musulman, et même la retenue du premier ministre canadien Justin Trudeau. La France «ne va pas changer» son droit «parce qu'il choque ailleurs», a réaffirmé le chef de l'État dans un entretien à la revue Le Grand continent, paru lundi. Dans la classe politique française, quelques rares voix ont émis des réserves à ce droit, à l'image du chef de file des sénateurs Les Républicains (LR), Bruno Retailleau, qui a appelé à une «forme de respect» dans les caricatures.


Un cas tranché par la justice en 2007

En 2007, lors du «procès des caricatures» de Mahomet, le tribunal de grande instance de Paris avait reconnu le «caractère choquant voire blessant», «pour la sensibilité des musulmans», du dessin publié l'année précédente par Charlie Hebdo, représentant le prophète Mahomet coiffé d'un turban cachant une bombe. Mais les juges avaient estimé que «les limites admissibles de la liberté d’expression» n'avaient pas été «dépassées», ne notant aucune «volonté délibérée d'offenser directement et gratuitement l'ensemble des musulmans».

«Le dessin litigieux (participe) au débat public d'intérêt général», avaient-ils conclu. Attaqué par des associations musulmanes, l'hebdomadaire satirique n'avait pas été condamné. Il a republié début septembre ces caricatures, avant l'ouverture du procès de l'attentat qui a fait 12 victimes dans sa rédaction en janvier 2015.


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