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Mali | La Communauté sénégalaise : une place honorable au sein du tissu social

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Mali | La Communauté sénégalaise : une place honorable au sein du tissu social

La communauté sénégalaise du Mali jouit d’un prestige remarquable et d’une très grande affection. Grâce à sa cuisine riche et attrayante ainsi que son expertise inégalée dans les domaines de la couture et de la bijouterie, elle a su se forger une place honorable au sein du tissu social malien auquel elle est parfaitement intégrée.

Sans doute, le Mali et le Sénégal sont deux poumons dans un même corps. Les peuples sénégalais et malien partagent des liens séculaires. Les groupes ethniques sont à cheval entre les deux pays. Parmi lesquels, on peut citer les peulhs et les soninkés. Au plan administratif, les deux peuples étaient réunis au sein de la Fédération du Mali. Laquelle a éclaté le 19 août 1962. Malgré tout, le Mali et le Sénégal continuent à partager la même devise : « un peuple, un but, une foi » et le même drapeau « vert, jaune, rouge ». Sauf que le drapeau du Sénégal est marqué d’une étoile après l’indépendance. Certes, il existe, aujourd’hui, les gouvernements malien et sénégalais, mais les peuples, unis par des liens de sang, continuent à vivre dans la symbiose. Celle-ci a été favorisée par les gouvernements des deux pays. Car pour séjourner au Mali, le citoyen sénégalais n’a pas besoin d’une carte de séjour. Seule sa carte d’identité nationale ou son passeport suffisent largement. Ceci est valable également pour un citoyen malien résidant au Sénégal.

Plus de 45 000 citoyens sénégalais résident au Mali

Parmi les communautés étrangères résidant au Mali, les Sénégalais sont probablement les plus nombreux. Estimée à 45 000, selon l’Ambassade, ils évoluent généralement dans les secteurs de la couture, la restauration et la bijouterie.

Une enquête nous a permis de savoir que la communauté sénégalaise du Mali jouit d’un prestige remarquable et d’une très grande affection. Grâce à sa cuisine riche et attrayante, ainsi que son expertise inégalée dans les domaines de la couture et de la bijouterie, elle a su se forger une place honorable au sein du tissu social malien auquel elle est parfaitement intégrée.

Il ressort de l’enquête que les 50% des sénégalais résidant au Mali évoluent dans le secteur de la couture. A Bamako, les ateliers de couture sénégalais sont de véritables entreprises. Généralement, le personnel est composé d’un chef qui emploie des tailleurs et une personne chargée de la gestion. Nous avons découvert à travers nos entretiens que le métier fait vivre convenablement son homme. Cette thèse est soutenue par Ibrahima Dione, natif de Touba, tailleur résidant à Bamako depuis 1986. Il a déclaré : « J’ai beaucoup de clients. Ils sont très gentils. La plupart sont les femmes qui travaillent dans la haute administration. Mon travail me permet de vivre. Dans l’année, je peux faire une économie de 1 000 000 de F CFA après avoir payé mes employés qui sont au nombre de 7. Grâce à ce travail, j’ai construit une villa à Dakar où vit présentement ma femme et mes enfants. Je leur envoie chaque mois de l’argent ».

Par ailleurs, l’orateur affirme qu’il n’a jamais eu de problème avec les autorités maliennes depuis qu’il s’est installé à Bamako, il y a 22 ans. « Ici, je me sens comme au Sénégal. Ni les autorités, ni les populations ne me dérangent. Je parle correctement le Bamanankan ou la langue nationale du Mali » a-t-il martelé.

Même son de cloche chez Mamadou N’Diaye, natif de Thiadiaye résidant à Bamako depuis dix ans. Contrairement à son prédécesseur, M. N’Diaye a déploré le coût des impôts et taxes imposés par les autorités du District. « Les impôts et les taxes sont très élevés » a-t-il déclaré. Cependant, l’orateur n’a pas manqué de souligner qu’il gagne de l’argent. Pour preuve, il a affirmé qu’il est en train de construire à Dakar une villa composée de 6 chambres et salon.

Mactar Watar, natif de Dakar Pikine, vit à Bamako depuis 19 ans. L’homme reproche à ses clientes maliennes leur impatience. Ainsi, affirme-t-il : « Quand elles amènent leurs tissus, elles veulent les avoir dans un temps record. Elles ne prennent pas en compte les contraintes du métier. Le jour du rendez-vous quand elles viennent et trouvent que le travail n’est pas fini, elles se mettent en colère ».

Par rapport au profit, l’orateur de souligner qu’il s’est acheté un terrain à Dakar. A l’en croire, il a également investi plus d’un million et demi de F CFA dans les équipements de travail.

Nous avons échangé avec certaines femmes à propos de la manière de travailler des couturiers sénégalais au Mali. Parmi elles, Binta Ballo, secrétaire de Bureau au ministère de la Justice et garde des sceaux. Elle a affirmé : « dans le domaine de la couture, les Sénégalais sont les meilleurs à Bamako. Ils sont imaginatifs. Quand ils te cousent un tissu, généralement tu ne le regrettes pas. En plus, les coupes sénégalaises qu’ils te proposent sont impeccables. Cela fait plus de 5 ans que je suis cliente des Sénégalais. Je suis toujours satisfaite ».

Même son de cloche chez Mariam Diabaté, griotte. Selon elle, les couturiers sénégalais sont pour beaucoup dans l’évolution de la mode vestimentaire malienne.

La bijouterie est également un domaine de prédilection des Sénégalais vivant au Mali. A ce niveau, la concurrence est très rude avec les bijoutiers maliens. Lesquels sont très talentueux et imaginatifs. Mamadou Seck, natif de Dakar que nous avons rencontré à Bamako-coura, dans son atelier précise qu’il y a une grande différence entre la bijouterie sénégalaise et malienne. Il constate que les femmes sénégalaises sont beaucoup portées sur les bijoux venant d’Europe tandis que les femmes maliennes aiment les bijoux fabriqués ici. A la question de savoir si son métier lui permet de vivre, la réponse de M. Seck est affirmative. Ainsi, a-t- il ajouté : « Je fabrique et vends des chaînes torsades, des bracelets diamantés et des boucles d’oreilles. La vente est rapide et rentable ».

Concernant son intégration au sein de la communauté malienne, M. Seck est on ne peut plus, clair : « je ne me plains pas au Mali. J’ai beaucoup d’amis maliens avec lesquels je fais tout. On fréquente ensemble les boîtes de nuits, les piscines etc. Je parle sans accent le Bamanankan ». Malick Sow, un autre bijoutier de la place d’ajouter : « à travers ce métier, je gagne ma vie. J’ai aujourd’hui des clients de haut standing. Par mois je peux économiser 100 000 F CFA. Comme réalisation au Mali, j’ai équipé mon atelier. Au Sénégal, j’ai déjà fini la construction de ma maison ».

A rappeler que dans le domaine de la bijouterie, les Sénégalais n’ont pas bonne presse. Les Maliens les accusent surtout d’être des arnaqueurs. Hawa Diallo, ménagère de soutient : « Je voulais faire un bracelet en argent pour mon enfant. Le bijoutier sénégalais à qui j’ai confié le travail m’a trompé en mélangeant un autre métal blanc à l’argent ». Djénébou Sanogo, commerçante d’ajouter : « une fois, un bijoutier sénégalais m’a vendu une chaîne en argent à la place de l’or. Il avait pris le soin de colorer la chaîne avant de me la vendre ». Dans le domaine de la restauration, les Sénégalais se sont imposés au Mali. Nombreux sont les Maliens qui raffole des mets sénégalais. Aujourd’hui, les « Restaurants sénégalais » poussent comme des champignons dans la ville de Bamako au détriment des restaurants maliens. Lesquels sont en train de mettre la clé sous la porte au jour le jour.

Le « Restaurant Nabou » sis à Bacodjicoroni ACI en commune V est aujourd’hui une référence. Nombreux sont les restaurants maliens qui se trouvent dans la zone qui ont fermé boutique. La gérante Nabou, une Sénégalaise bon teint prépare bien le « Tchepdjeun », les plats de poulets, la sauce Yassa et les vermicelles. Malgré le prix, les clients font la queue.

Selon Binta Sow, cuisinière : « la cuisine sénégalaise est très appréciée au Mali. Nos clients raffolent surtout de « Tchepdjeun » et le riz à la sauce yassa. Ils nous disent très souvent que nous savons mieux préparer que les Maliennes ».

Mamadou Bagayoko, est l’un de ceux qui tiennent fréquemment cette thèse. Nous l’avons rencontré au « restaurants Nabou ». « Cela fait une année que je fréquente les restaurants sénégalais. J’achète, généralement, les mets comme le tchepdjeun et la sauce Yassa. Ce sont des plats que ma femme ne peut pas préparer. Je pense que les Sénégalaises savent mieux préparer que les Maliennes », a-t-il soutenu. Issa Traoré, un autre client de renchérir : « Je préfère aller manger dans les restaurants sénégalais que de manger dans les restaurants maliens qui sont moins chers avec des plats moins délicieux ».

Pour ce qui est de la rentabilité du restaurant, les gérants sont unanimes s’il est bien géré, il peut rapporter beaucoup d’argent. Au restaurant Téranga, situé à Hamdallaye ACI 2000, la gérante Fatou Diop n’a pas manqué de nous révéler que les restaurants sénégalais de Bamako sont des références. « J’ai du mal à servir souvent mes clients tellement, ils sont nombreux » a-t-elle déclaré.

Selon l’Ambassade du Sénégal à Bamako, le nombre des Sénégalais résidant au Mali est estimé à plus de 45 000, et que le Mali est un carrefour par lequel les Sénégalais transitent pour aller vers les pays du Nord.

 



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