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Masha, 12 ans, fait un dessin anti-guerre: elle risque aujourd’hui de passer le reste de sa jeunesse dans un orphelinat

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Masha, 12 ans, fait un dessin anti-guerre: elle risque aujourd’hui de passer le reste de sa jeunesse dans un orphelinat
Enfermée durant une semaine pour avoir dessiné ce qu’elle n’aurait pas dû: c’est le châtiment qu’a subi Masha Moskalyova, une adolescente russe muselée par l’État. En Russie, la police de la pensée peut frapper n'importe où, n’importe quand, n’épargnant personne, pas même les enfants. Portrait d’une jeune rebelle qui risque de passer le reste de sa jeunesse dans un orphelinat pour avoir osé s’exprimer.

Sur les réseaux sociaux, Masha semble être une jeune fille heureuse et souriante. Pourtant, la vie n’a pas été tendre avec l’adolescente. Dès ses trois ans, Masha est abandonnée par une mère qui préférait vivre ailleurs. Elle habite depuis avec son père, Alexeï Moskalyov, âgé de 54 ans, dans la ville de Lefremov. Il y possède une petite ferme, et tente tant bien que mal de gagner son pain avec son élevage de canards, faisans, dindes et autres volailles.

Lefremov se situe à mi-chemin entre Moscou et la frontière ukrainienne. Sur le site web de l’école de Masha, un sujet reste omniprésent: la guerre. Les photos de héros militaires y sont fièrement affichées bien avant la présentation des différents professeurs. Des images rendant hommage aux troupes russes y sont également publiées. La glorification du conflit est partout et sans appel. Il n’y avait donc qu’une seule marche à suivre lorsque l’enseignante de Masha a demandé à sa classe de dessiner un petit quelque chose pour soutenir les soldats russes.

“Je suis contre la guerre”

Mais l’adolescente n’a pas voulu céder à la pression. Rebelle dans l’âme, la jeune fille a osé exprimer haut et fort ce qu’elle pensait tout bas. En quelques coups de crayon, Masha a ainsi dessiné ce qui causera sa perte: une femme ukrainienne et son enfant ciblées par des missiles russes. Un drapeau jaune et bleu sur lequel est écrit ‘gloire à l’Ukraine’ se tient fièrement à leurs côtés. Un deuxième, russe, apparaît en contrebas. Sur celui-ci, une phrase, plus forte que jamais dans un pays où la répression ne cesse de croître: “Je suis contre la guerre”. Rapidement dénoncée, l’adolescente et son père se font embarquer par la police. “C’est ce genre de choses que vous apprenez à votre fille?”, a fustigé la police lors de l’interrogatoire. “Qu’y a-t-il de si spécial là-dedans?”, leur a répliqué Alexeï. “Elle est contre toute effusion de sang. Est-ce que c’est mal?”

Messages anti-guerres

Après les propos tenus à l'école, la police aurait également découvert des posts anti-guerres publiés par Alexeï sur un réseau social nommé ‘Odnoklassniki’, soit ‘camarades de classe’. Le père de Masha y aurait accusé les soldats russes combattant en Ukraine d’être des violeurs. Nos confrères de Het Laatste Nieuws n’ont pas réussi à retrouver la trace de cette déclaration. Néanmoins, plusieurs caricatures humoristiques figuraient bel et bien sur son compte. L'une d’entre elles montrait le président russe, Vladimir Poutine, étendre ses tentacules vers tous les pays ayant appartenu à l’Union soviétique. Face à ces découvertes, le père de Masha a reçu une amende de 400 euros pour avoir discrédité l’armée russe.

Deux pilules et une piqûre

Ces faits remontent à avril dernier. Depuis, Alexeï n’a plus réussi à convaincre sa fille de retourner à l’école. “Elle fait des crises de panique et me supplie de ne plus devoir y aller”, a-t-il confié à un représentant d’OVD-Info, une organisation de défense des droits humains qui a suivi leur cas et qui leur fournit une aide judiciaire. “Je lui dis alors que tout ça, c’est du passé. Que j’ai payé mon amende et qu'ils devraient nous laisser tranquilles.” Malheureusement, Alexeï était loin de s’imaginer ce qui allait arriver. Le fermier, encore rempli d’espoir, ignorait que le FSB avait ouvert un dossier contre lui. En décembre, la mauvaise nouvelle a frappé à sa porte.

    Ils ont mis le volume si fort que les murs vibraient. Cela m’a tellement rendu malade qu'ils ont eu peur pour ma vie.

“Lorsque j’ai regardé à travers la fenêtre, j’ai aperçu trois voitures de police, deux véhicules sans distinction particulière, une voiture du ministère des Situations d’urgence, et un camion de pompier”, a-t-il expliqué. Son domicile a volé en éclat, retourné dans tous les sens à la recherche de dossiers incriminants. Chaque document a été saisi, jusqu’à la dernière page. Son ordinateur, son téléphone, et également toutes ses économies (environ 1.500 euros) ont été confisqués.

Après avoir saccagé son domicile, la police a embarqué Alexeï pour un interrogatoire. Approximativement deux heures et demie plus tard, le père de Masha s’est retrouvé enfermé dans une pièce dans laquelle retentissait l’hymne nationale russe. “Ils ont mis le volume si fort que les murs vibraient. Cela m’a tellement rendu malade qu’ils ont eu peur pour ma vie. Les médecins qui ont par la suite contrôlé ma pression artérielle m'ont donné deux pilules et une piqûre.”

Droits parentaux

Entre-temps, Alexeï a été inculpé pour “discréditation” de l’armée russe. S'il est reconnu coupable, le père de Masha risque jusqu'à trois ans d’emprisonnement. Il a été assigné à résidence jusqu’au 27 avril. Pour ne pas arranger la situation, sa fille a été placée durant une semaine dans un orphelinat. Elle y était entièrement coupée du monde, privée de tout contact. Masha a depuis été libérée. Si son père est condamné, la jeune fille devra néanmoins y rester durant l’entièreté de son incarcération. Une procédure a également été engagée pour déchoir Alexeï de ses droits parentaux. Le monde de Masha se verrait alors bouleversé à jamais. La jeune rebelle resterait enfermée durant le reste de sa jeunesse.

Selon le groupe de défense des droits humains OVD-Info, Masha est loin d’être la seule dans ce cas. “L’affaire Moskalyov s’inscrit dans une tendance beaucoup plus large et terrifiante. Le gouvernement russe sait que les mineurs sont généralement ceux qui s’opposent le plus à la guerre. Ils ont davantage accès à Internet, ils regardent moins la télévision russe et, dans l’ensemble, ils sont beaucoup plus progressistes.”

“Par exemple, un garçon de 11 ans a écrit un message anti-guerre à un soldat russe en Ukraine dans le cadre d’un exercice scolaire. Les enfants étaient censés écrire des messages de soutien aux soldats, mais il a écrit ‘S’il vous plaît, rentrez chez vous. Ne tuez pas les gens qui sont pacifiques’. Les enfants avaient été informés que personne ne lirait les lettres en dehors des soldats, mais peu après, la police est arrivée à l’école et a interrogé le garçon”, a ajouté OVD-Info.

“Dans un autre cas, une fillette de dix ans a posté un sondage dans le groupe WhatsApp de sa classe, demandant à ses camarades de quel côté de la guerre ils se situaient : ‘Poutine tuant les Ukrainiens’ ou ‘la paix’. Le directeur de l’école a dénoncé la fillette aux autorités, qui l’ont ensuite emmenée dans un poste de police. Sa mère a été reconnue coupable d’avoir mal exercé ses fonctions parentales.”



1 Commentaires

  1. Auteur

    En Mars, 2023 (20:54 PM)
    Putin est l'hero de notre drianké Mackiro national. 
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