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Migrants : à Calais, l'appel du Royaume-Uni reste plus fort que les dangers de la traversée

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Migrants : à Calais, l'appel du Royaume-Uni reste plus fort que les dangers de la traversée
À Calais, malgré le danger que présente la traversée de la Manche, le Royaume-Uni reste un eldorado pour beaucoup de migrants. D'autres font le chemin inverse mais restent livrés à eux-mêmes une fois de retour en France.

Rendez-vous a été donné devant la gare de Calais. Mathilde est arrivée en retard, car elle a dû conduire un homme à l’hôpital explique-t-elle. Tous les jours, l’association Utopia 56 va à la rencontre des migrants. Chargée de pochettes remplies de listes de contacts utiles, de plans et d’horaires pour les distributions de nourriture, les douches, le rechargement des portables, le coiffeur... Mathilde engage la conversation.    

Quatre très jeunes enfants jouent et courent autour de leurs parents, ils rentrent chez eux, explique Mathilde. « À partir du printemps, les familles affluent en masse à Calais pour tenter de passer avec des enfants de tout âge : des bébés, des nouveau-nés... » Les traversées sont possibles aussi en hiver, malgré les conditions météorologiques, détaille la jeune femme. Ce sont plutôt les conditions de survie qui sont impossibles à Calais l'hiver, et les parents savent très bien qu'ils ne vont pas laisser leur enfants mourir de froid dans une tente. Il n'y a pas de solution d'accueil, il n'y a rien qui est proposé par la ville de Calais pour mettre à l'abri ces familles donc elles retournent dans les pays européens qui les ont refusées précédemment. »

Le Royaume-Uni, une désillusion pour certains

L’échange a lieu en allemand comme souvent ici car beaucoup de migrants ont vécu de l'autre côté du Rhin. Mais le cas de Mahmoud est différent. S'il rentre en Allemagne, ce n’est pas parce qu’il a échoué à traverser, c’est justement parce qu’il a réussi, mais que la désillusion a été grande. Pas d’accès aux soins, pas de travail, beaucoup de dépenses…

« J’ai passé quatre mois au Royaume-Uni. Mais là-bas ça ne va pas. Je retourne en Allemagne. J’y étais depuis quatre ans. J’ai eu deux entretiens pour la demande du statut de réfugié, la première en 2018, la réponse a été positive. Et en 2021 j’ai renouvelé et la réponse était négative, raconte-t-il. J’ai pensé que ce serait mieux en Angleterre mais en fait non. Tant pis pour les papiers, je rentre en Allemagne. Deux de mes enfants sont nés là-bas, en 2016 et 2020. »

Ce jour-là, deux jeunes Syriens, l’un encore adolescent, s’apprêtent aussi à partir en Allemagne. Ils ne veulent pas être enregistrés par crainte d’avoir des soucis. Le plus âgé, réfugié en Allemagne depuis quatre ans avec des papiers en règle, est venu chercher un jeune cousin qui a fait la route de Deraa à Calais en quelques mois. Mais la traversée vers l'Angleterre est trop dangereuse, il a renoncé. À demi-mot il laisse deviner qu’il connaissait certains des passagers du naufrage de mercredi 24 novembre. '

« La mort elle est présente tout le temps »

Parmi ces passagers Maryam Nuri Mohamed Amin, 24 ans partie d’Erbil en Irak pour rejoindre son mari. Son nom, s’ajoute à une longue liste : près de 340 morts depuis 1999.

Pour Juliette Delaplace, chargée de mission au Secours Catholique, la Manche est déjà un cimetière. « Depuis cet été, la mort elle est présente tout le temps. Je ne sais plus le nombre. » Et elle égraine les prénoms : Ali, Mohamed, Abdallah... « Avant hier on a encore retrouvé un corps non identifié sur la plage de Sangatte, donc ça fait au moins sept personnes décédées depuis le début de l'été et on a aussi connaissance d'au moins six personnes portées disparues lors de naufrages ».

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Le Secours catholique dénonce le fait que les pays se renvoient la responsabilité : il n’est pas nécessaire d’attendre pour agir, explique Juliette Delaplace. « La France a la possibilité de mettre fin à ces drames. Si on avait un peu de courage politique... Par exemple arrêter la lutte contre les points de fixation, arrêter le harcèlement quotidien des personnes exilées, il faut qu'elle le fasse, c'est une obligation, martèle-t-elle. La deuxième chose c'est qu'il y a beaucoup de personnes qui témoignent que si la France les accueillait, elles ne tenteraient pas la traversée. La France a la possibilité de suspendre par exemple l'application du règlement de Dublin pour permettre aux personnes de demander l'asile ici et il y en a beaucoup qui le ferait ».

Mais comme tous les intervenants de cette crise, la jeune femme est plus inquiète qu’optimiste et la gare de Calais verra encore transiter des familles à la recherche d’un pays qui les accueille.


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