Mila, qui vient de fêter ses 18 ans, s’était fait connaître avec la publication d’une vidéo critiquant le Coran et l’islam en janvier 2020. La jeune femme, depuis symbole du droit au blasphème en France, publie le 23 juin prochain “Je suis le prix de votre liberté”, aux éditions Grasset. Dimanche soir, elle s’est exprimée à cette occasion dans l’émission “Sept à Huit” sur TF1.
Face à Audrey Crespo-Mara, Mila, qui vit sous protection policière permanente depuis 18 mois, a évoqué sans détours la façon très sombre dont elle voit son avenir. “Je me vois grande brûlée, peut-être avec une jambe arrachée ou peut-être morte. Peut-être que je serai morte dans cinq ans. Je ne vais forcément pas rester en vie et je sais que ce n’est pas normal. C’est dans ces moments-là que je me mets à pleurer parce que je ne suis pas capable de voir mon avenir comme les autres”, a-t-elle confié.
Après la diffusion d’un direct sur Instagram le 18 janvier 2020, dans lequel elle s’en prend à l’islam (“le Coran il n’y a que de la haine là-dedans; l’islam, c'est de la merde”), la jeune femme a reçu une énorme quantité de messages d’insultes et de menaces de mort. “Toutes les secondes, il y en avait dix qui défilaient sous mes yeux. Au départ, j’étais sonnée parce que c’est la première fois que j’étais confrontée à cela à ce point. Et au bout d’un moment, ça a empiré avec des messages du style: ‘on va te violer à quatre’, ‘sale pute’, ‘on va t’égorger’, ‘on va te brûler à l’acide’”.
Mi-novembre, elle avait encore été victime d’un “raid” numérique après avoir publié sur le réseau social TikTok une nouvelle vidéo dans laquelle elle s’en prenait vertement à ses détracteurs: “Et dernière chose, surveillez votre pote Allah, s’il vous plaît. Parce que mes doigts dans son trou du cul, j’les ai toujours pas sortis”, avait-elle lancé. Depuis le début du procès de ses cyberharceleurs le 13 juin (ce dernier a été reporté au 21 juin), les menaces de mort ont repris de plus belle.
“J’ai toujours l’esprit de me battre”
“Même quand je suis dehors, je suis en prison. Je suis en prison dans les couches de vêtements, dans des maquillages différents, on me dit de mettre une perruque, de mettre un chapeau…”, regrette Mila. “Si je dois aller chercher le pain à la boulangerie d’en face, c’est recommandé que je sorte accompagnée. J’ai l’impression d’être condamnée pour un crime que je n’ai pas commis et que je ne commettrai jamais. De savoir que je n’ai pas le droit d’avoir la liberté des autres personnes de mon âge et de ma génération, c’est très difficile à encaisser.”
Après la publication de sa première vidéo, Mila avait dû quitter son école. Rescolarisée dans un lycée militaire, elle a également été forcée de quitter cet établissement. “On a du mal à comprendre comment un lycée militaire n’a pas su assumer ma protection”, dit-elle, précisant avoir renoncé à passer le bac. “Au niveau des études, je suis complétement perdue”.
Malgré ses obstacles, Mila entend toujours dire haut et fort ce qu’elle pense. “J’ai toujours l’esprit de me battre. (…) Je n’ai pas peur et je continue de m’exprimer comme bon me semble. Qu’on me mette un couteau sous la gorge, je ne m’arrêterai jamais de parler”, assure-t-elle.
“J’étais pourtant persuadée que mon pays n’était pas comme ça”
“J’ai toujours beaucoup été insultée au nom d’Allah parce que je me suis toujours habillée assez court, parce que j’ai une sexualité décalée”, a-t-elle expliqué. “Quand j’étais au lycée à Villefontaine et que je me promenais avec ma copine main dans la main, on se faisait insulter, c’était toujours comme ça. Donc j’ai fait sur un coup de tête cette vidéo dont je ne regretterai jamais les paroles, et même la vulgarité au final. Mais en aucun cas, je n’ai insulté les croyants”, a-t-elle répété. “Je sais faire la différence entre les musulmans, que j’apprécie et qui pratiquent leur religion en paix et dans le respect d’autrui, et l’islam politique.”
Qualifiant la “nation” française de “fragile et lâche”, Mila dit encore “voir la lâcheté partout” autour d’elle. “J’étais pourtant persuadée que mon pays n’était pas comme ça, (...) Personne ne fait rien parce que les gens ont peur”.
11 Commentaires
Diop
En Juin, 2021 (11:45 AM)Reply_author
En Juin, 2021 (13:23 PM)Mila en est une preuve vivante. Wéddi guiss bokkou ci.
Lol
En Juin, 2021 (19:32 PM)Lol
En Juin, 2021 (19:32 PM)Babs
En Juin, 2021 (12:29 PM)Il n'y a pas d'égalité de traitement des croyances, ni des humains, même si cela est écrit dans sa constitution.
Paco
En Juin, 2021 (18:50 PM)Lapha
En Juin, 2021 (13:47 PM)Xeme
En Juin, 2021 (14:02 PM)Participer à la Discussion