Vendredi 19 Avril, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
International

MOHAMED VALL, OULD BELLAL AMBASSADEUR DE LA REPUBLIQUE ISLAMIQUE DE MAURITANIE AU SENEGAL « Le temps des clichés injustes collés à la Mauritanie est révolu ».

Single Post
MOHAMED VALL, OULD BELLAL AMBASSADEUR DE LA REPUBLIQUE ISLAMIQUE DE MAURITANIE AU SENEGAL « Le temps des clichés injustes collés à la Mauritanie est révolu ».
Le pouvoir de Mohamed ould Cheikh Abdellahi a un an. Un an qui le voit quand même se séparer de son premier, Premier ministre pour en nommer un nouveau en la personne de Ould Mohamed El Waghf qui a ratissé large pour un gouvernement de majorité présidentielle. Son Excellence, Mohamed Vall Ould Bellal, ambassadeur de la République islamique de Mauritanie au Sénégal invité à l’issu de l’entretien accordé à Sud Quotidien à se prononcer sur le premier anniversaire du régime issu des urnes post-transition militaire en Mauritanie, déclare que « le temps des clichés injustes collés » à son pays est révolu. 

Le mandat post-transition du président Sidi Mohamed ould Cheikh Abdellahi boucle sa première année. Que faut-il en retenir ?

Dire post-transition me semble aller un peu trop vite en besogne. C’est assurément brûlé des étapes. Nous sommes encore en transition. Car pour brillante et transparente qu’a été l’élection présidentielle, elle n’est que le début du processus de transition en vérité. Certes, il est tout aussi vrai que le pouvoir de Son Excellence, Sidi Mohamed ould Cheikh Abdellahi élu démocratiquement a bouclé son premier anniversaire. Ce qu’il faut en retenir est que cette année a permis à la Mauritanie d’enraciner définitivement la démocratie dans ses mœurs politiques. Une année qui a également été mise à profit par les Hautes autorités du pays pour consolider les institutions nouvelles. Elles ont aussi reconnu de nouveaux partis politiques dans le cadre du renforcement et de l’élargissement du champ des libertés. Le pouvoir s’est attelé pendant cette première année à roder véritablement la démocratie comme mode de fonctionnement et de gestion de la chose et des rapports publics. Il s’y ajoute que la mise en œuvre des réformes économiques et financières dans l’élan des succès enregistrés par le groupe consultatif sur la Mauritanie de décembre 2007 à Paris, connaît des résultats encourageants et même très satisfaisants. En définitive, on peut déclarer sans grand risque d’être démenti que la Mauritanie a changé dans le bon sens. Les choses bougent et bougent positivement. Il faut que cela se sache. Le temps des clichés injustes qui lui étaient collés est révolu.

Excellence, cependant la question de l’unité nationale reste encore ouverte. Qu’en est-il à ce niveau de la réconciliation nationale ?

La Nation est en perpétuelle construction. La Mauritanie n’échappe pas à cette logique universelle. Cependant, elle peut aujourd’hui se réjouir de voir ses fils et ses filles s’accorder sur le renforcement de l’unité nationale, sur sa consolidation. La réconciliation des Mauritaniens avec eux-mêmes. Le chef de l’Etat, son Excellence Sidy Ould Cheikh et tout le gouvernement travaillent d’arrache pied pour le renforcement de la cohésion sociale dans la justice, l’équité et la solidarité. Je n’en veux pour preuve que le retour et l’insertion, toute chose devenue une réalité en Mauritanie, des réfugiés sous l’égide du Haut commissariat aux réfugiés (Hcr), l’adoption de la nouvelle loi criminalisant l’esclavage et tout le travail de communication et de sensibilisation à l’endroit des populations et des administrations autour de son application.

A la lumière d’un passé récent, notamment avec les troubles communautaires et les replis identitaires ainsi suscités peut-on réellement parlé d’unité nationale ? Qu’elle identité en vérité pour la Mauritanie ?

La Mauritanie, il faut être je pense très clair là-dessus, n’est pas obligée de choisir entre l’unité nationale et la diversité culturelle. Son choix est celui de l’unité dans la diversité. Un choix qui exige que les différences soient respectées mais qui fait que la revendication de la spécificité culturelle de chaque communauté soit circonscrite par le sentiment d’appartenir à un ensemble plus vaste et de partager un certain nombre de références, d’idéaux, de valeurs et d’intérêts avec les autres communautés toutes aussi importantes. Si la diversité conduit à ne point ignorer la force des différences, elle ne doit pas pour autant passer à côté de ce qui relie les populations entre elles et qui permet de faire prévaloir la cohérence de l’ensemble national par rapport aux forces de désunion. Donc, pour répondre à la double exigence d’unité et de diversité, il faut bien se garder de dissocier la mise en valeur des identités particulières et leur intégration au sein de l’ensemble national. De ce point de vue, l’existence des composantes culturelles de la Mauritanie appartient à tous les Mauritaniens sans exclusive. L’identité mauritanienne n’est basée ni sur la race, ni sur le groupe ethnique, ni sur la tribu, ni la région ou la communauté, mais sur des valeurs civilisationnelles communes islamiques, arabes et africaines issues d’un brassage social et historique. Nous sommes une nation qui intègre ses diverses composantes humaines et dont la culture s’enrichit de ses divers versants. Avec Monsieur le président Sidi Mohamed ould cheikh Abdellahi, ce auquel nous assistons, ce n’est pas le réveil des particularismes ainsi que vous semblez le percevoir, mais plutôt la consolidation de l’unité nationale autour d’un projet collectif de vivre ensemble et un rêve d’avenir que la majorité des mauritaniens partage. Lorsque les alliances se scellaient entre les wolofs du Walo et les Trarzas avec le mariage de l’Emir Mohamed Lehbib avec la reine Djembeut ou les alliances entre les Kane du Toro et les Ould Siyed, ou les Wane du Law avec les Oulad Neghmach ou les Haleïba avec les Oulad Ahmed ou les Soninkés de Ould M’Benni avec les Tajounett du Guidimakha…

N’empêche, on notait encore des réticences auprès des réfugiés sur le sol sénégalais qui se plaignaient aussi bien des conditions de retour que de l’incertitude du lendemain. Que répondez-vous à cela ?

Tous les débuts sont difficiles. Sur ce dossier nous sommes venus de loin, il faut le dire. Au début du processus, il y a eu effectivement des réticences et des réserves. Mais au fil du temps et grâce à la bonne volonté qui anime les acteurs, le dialogue et les concertations ont pris le dessus. Toutes les associations se sont engagées en faveur du rapatriement. Depuis janvier 2008, à ma connaissance, il n’y a plus de problème majeur. En vérité, le rythme des traversées (deux opérations par semaine) est tel que certaines dispositions souhaitées ne sont pas souvent prises au départ du Sénégal comme à l’arrivée en Mauritanie. En tout état de cause, le retour se déroule de manière satisfaisante.

A vous entendre, tout est au beau fixe, dans le meilleur des mondes dans votre pays ?

Non, non, il faut que l’on se comprenne bien. Tout n’est pas rose et ne saurait l’être en vérité dans aucun pays du monde. Nous disons très clairement que nous avons en Mauritanie des raisons d’espérer. Cela est vérifiable pour tout observateur de la marche de notre pays. Ceci dit, substituer un vrai régime démocratique à un autre qui l’était moins n’augmente pas du jour au lendemain les ressources de la collectivité ou la productivité de l’économie. Il ne suffit pas que le président de la République soit bien élu pour que l’on puisse immédiatement récolter les fruits du changement. Il s’y ajoute qu’au regard des espoirs, des revendications et des doléances multiples et multiformes suscitées par la démocratie elle-même, tout le problème pour les dirigeants est comment éviter les déceptions, les chocs, les retournements de veste et les revirements… ? Il s’agit là des grandes interrogations et difficultés de cette première année du mandat.

A ces difficultés s’ajoutent également celles liées à la sécurité face à la montée de ce que d’aucuns qualifient de terrorisme en Mauritanie, n’est-ce pas ?

Oui, assurément. Cependant le défi du maintien de l’ordre face aux actions terroristes est en passe d’être définitivement relevé dans notre pays. Le professionnalisme des forces armées et de sécurité mauritaniennes a conduit au démantèlement de la cellule armée en avril dernier avec l’arrestation de la totalité de ses membres.

Et celui de la faim ?

Confrontée comme tous les pays à la crise alimentaire mondiale, la hausse des prix et la cherté du coût de la vie, la Mauritanie a tôt fait de réagir. Le gouvernement a lancé le Programme spécial d’intervention (Psi) pour un coût global de 37 milliards d’ouguiyas (monnaie mauritanienne) soit environ 80 milliards de Fcfa. Le Psi a pour objectif : d’assurer une aide alimentaire aux plus démunis, de garantir un meilleur approvisionnement en denrées de première nécessité et une meilleure régulation du marché. Le projet vise également à créer davantage d’opportunités d’emplois et d’activités génératrices de revenus, de consolider le pouvoir d’achat etc.

En quoi faisant ?

En accroissant la production agricole par exemple en finançant à l’hectare les paysans. Une augmentation de 10%sur les salaires à compter du 1er juillet prochain. L’Etat a également dans le cadre du Psi exonéré de toutes taxes douanières les importations de riz. Il maintient le prix du sac de blé à 5000 ouguiyas soit environ 10.000 Fcfa sur l’ensemble du territoire national et le sac d’aliments de bétail à 4000 ouguiyas (8000 Fcfa). Le Psi se chargera aussi de mettre en place des banques de céréales dans toutes les localités du pays. On le voit donc la tâche n° 1 du nouveau gouvernement, sera incontestablement de mettre en œuvre le Psi.

Parlons justement de ce nouveau gouvernement. La formation du Premier ministre Ould Mohamed El Waghf ratisse assurément large. On y trouve du tout. Ne porte-t-il pas ainsi les germes de sa dislocation déjà ? Le retour aux affaires d’anciens du régime déchu de Taya inquiète par ailleurs certains cercles soucieux de la question des Droits de l’Homme dans votre pays. Que répondez-vous à ça ?

Le nouveau gouvernement est un gouvernement d’ouverture. Un gouvernement de majorité élargie pour parler d’une terminologie bien connue chez-vous ici au Sénégal. Il voit la participation de sept partis politiques dont deux sont de l’opposition. Première conséquence : une clarification du jeu politique en Mauritanie qui gagne ainsi un peu plus en transparence et en vitalité. Le statut du chef de l’opposition devient clair et sans équivoque. En outre avec le gouvernement du Premier ministre Ould Mohamed El Waghf, la Mauritanie s’offre encore une chance supplémentaire de se rassembler, de s’additionner, d’additionner ses forces, ses compétences et ses atouts tirés de ses différences au lieu de les soustraire. Il devra par conséquent être jugé au résultat, sans préjugé, ni à priori inhibant. Ce qui compte, c’est ce qu’il fera sur le terrain.

Parlons maintenant des relations avec le Sénégal. Où en sont-elles ?

Fondées sur un socle fort, tissées par l’histoire, la géographie, la culture, la religion, les réseaux de solidarité tissés au-delà du fleuve par les conduites familiales et parentales dans toutes les communautés de nos deux pays, les relations entre la Mauritanie et le Sénégal ne peuvent être qu’excellentes. Entre le Sénégal et la Mauritanie, il ne s’agit en réalité que d’une continuation. N’observons nous pas pour nous en réjouir, le mouvement pendulaire des pèlerinages du Sénégal vers Nimjatt, Sarsara, Maata Moulana, Noubghia en Mauritanie et, de la Mauritanie vers Kaolack, Tivaouane, Touba, Médina Gounas au Sénégal. Plus que le voisinage, c’est la famille, la fraternité indestructible entre deux nations. Plus que de la coopération, c’est la complémentarité, c’est l’interdépendance. Ce sont autant de facteurs qui fondent l’exception Mauritanie-Sénégal. Il y a dans ce cadre une concertation permanente entre son Excellence Me Abdoulaye Wade et son Excellence Sidi Mohamed ould Cheikh Abdellahi sur toutes les questions d’intérêt commun, africaines et internationales. C’est ça la force des relations sénégalo-mauritaniennes.

Qu’en est-il de la question notamment des pêcheurs de Guet Ndar ?

Ecoutez la volonté affirmée et démontrée de nos deux pays d’apporter solutions à ce problème a fait que la Mauritanie a accordé plus de 300 licences de pêches à des ressortissants sénégalais. De même qu’au niveau de la transhumance des troupeaux mauritaniens, la partie sénégalaise a offert toutes les facilités. Au niveau de l’Education nationale, sait-on que 1200 étudiants mauritaniens ont été admis dans les universités sénégalaises et près de 80 professeurs, enseignants et inspecteurs mauritaniens sont mis à la disposition des instituts et établissements arabo-islamiques du Sénégal à Touba, Médina Baye, Dakar, Saint Louis etc… Des milliers de Sénégalais ont trouvé ou trouvent un emploi en Mauritanie dans différents corps de métiers.

EXERGUES

1/ Le pouvoir s’est attelé pendant cette première année à roder la démocratie comme mode de fonctionnement et de gestion de la chose et des rapports publics

2/ La Mauritanie n’est pas obligée de choisir entre l’unité nationale et la diversité culturelle. Son choix est celui de l’unité dans la diversité.

3/ Entre le Sénégal et la Mauritanie, il ne s’agit en réalité que d’une continuation.



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email